Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Cité (rue de la)


Cité (rue de la).

Commence aux rues du Haut-Moulin, no 13, et de la Pelleterie, no 1 ; finit au Petit-Pont. Le dernier impair est 51 ; le dernier pair, 76. Sa longueur est de 232 m. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

Les rues de la Lanterne, de la Juiverie et du Marché-Palu ayant été confondues sous une seule et même dénomination, nous allons rappeler l’origine de chacune d’elles.

Rue de la Lanterne. — On la désignait anciennement sous les noms de place Saint-Denis-de-la-Chartre, place devant la croix Saint-Denis, et place devant l’église Saint-Denis-de-la-Chartre. On la nommait aussi rue de la Jusrie (Juiverie). On la désigna également sous la dénomination de rue du Pont-Notre-Dame, parce qu’elle conduit directement au pont ainsi appelé. Dès l’année 1326, elle avait pris d’une enseigne le nom de la Lanterne. — Au coin septentrional de la rue du Haut-Moulin, étaient situés l’église et prieuré de Saint-Denis-de-la-Chartre. Cette église, voisine d’une prison, et dédiée à saint Denis, existait probablement sous la première race de nos rois. Louis-le-Gros et la reine Adélaïde, voulant former un monastère de religieuses de l’ordre de saint Benoit, firent l’acquisition du territoire de Montmartre, des moines de Saint-Martin-des-Champs qui reçurent en dédommagement l’église de Saint-Denis-de-la-Chartre. Elle porta dès lors le titre de prieuré et fut sous la dépendance de Saint-Martin. En 1704, le prieuré de Saint-Denis fut uni à la communauté de Saint-François-de-Sales, établie vers cette époque pour servir de retraite aux prêtres infirmes ; l’église conserva cependant sa destination primitive. L’épitaphe d’un des prieurs de Saint-Denis-de-la-Chartre, prouvait que cette église avait été rebâtie au XIVe siècle. Suivant un usage assez fréquent dans les constructions de cette époque, l’église était double et dans un des côtés de la nef était une paroisse sous le titre de Saint-Gilles et Saint-Leu, dont la cure fut transférée en 1618 dans l’église de Saint-Symphorien de la Cité. En 1665, Anne d’Autriche fit rebâtir l’autel. Au-dessus de la porte on remarquait un bas-relief représentant des personnages chargés de ventres très proéminents ; ces bas-reliefs dataient du règne de Louis XI, temps où les ventres postiches étaient en pleine faveur. Comme toutes les anciennes églises, Saint-Denis-de-la-Chartre avait une crypte ou chapelle souterraine, et l’on croit qu’en 1564 existait dans cette église une confrérie de drapiers chaussiers dite de Notre-Dame-des-Voûtes, en raison des voûtes souterraines de la crypte. L’enceinte des maisons qui environnaient cette église et qu’on appelait le Bas-Saint-Denis, était un lieu privilégié dépendant du prieuré. Les ouvriers pouvaient y travailler avec sureté sans avoir besoin d’obtenir la maitrise. L’église de Saint-Denis-de-la-Chartre qui contenait, avec ses dépendances, une superficie de 1 982 m., fut supprimée en 1790. Devenue propriété nationale, elle fut vendue en deux lots le 29 frimaire an VII et démolie peu de temps après. Une partie de son emplacement est représentée aujourd’hui par une propriété portant, sur le quai Napoléon, le no 33.

Rue de la Juiverie. — Elle était ainsi nommée parce qu’elle était habitée au XIIe siècle par des Juifs. En horreur au peuple, exposés sans cesse à des avanies, les malheureux Juifs servaient de jouet à l’avarice des princes qui les chassaient de leur territoire pour leur prendre leurs biens et les rappelaient pour les pressurer plus tard. Les plus riches demeuraient dans les rues de la Pelleterie, de la Tixéranderie et surtout dans la rue de la Juiverie. Leurs artisans, leurs fripiers occupaient les halles ou les rues malsaines qui y aboutissaient. Ils avaient leurs écoles dans les rues Saint-Bon et de la Tacherie ; leur synagogue était située dans la rue du Pet-au-Diable. Il ne leur était pas permis de paraître en public sans une marque jaune sur l’estomac. Philippe-le-Hardi les obligea même à porter une corne sur la tête. Défense leur était faite de se baigner dans la Seine, et quand on leur faisait l’honneur de les pendre, c’était toujours entre deux chiens qu’on mettait le patient. Sous le règne de Philippe-le-Bel leur communauté s’appelait societas caponum d’où provient sans doute l’épithète injurieuse de capon. Il y avait dans la rue de la Juiverie un marché au blé qu’on appelait la Halle de Beauce. Philippe-Auguste la donna à son échanson, qui la céda à Philippe de Convers, chanoine de Notre-Dame. — Un arrêt du parlement, à la date du 23 juillet 1507, ordonna l’élargissement de la rue de la Juiverie, suivant le second alignement du maître des œuvres de la ville. L’arrêt porte « qu’à cet effet les maisons de la dite rue seront retranchées de part et d’autre jusqu’à la largeur de trois toises deux pieds. » Dans cette rue était située l’église de la Madeleine. (Voir l’article de la rue de Constantine.)

Rue du Marché-Palu. — Elle dut ce nom qu’elle porta dès le XIIIe siècle, au marché qu’on y voyait de temps immémorial ; son surnom de Palu lui venait de l’humidité de son emplacement qui resta longtemps sans être pavé.

Une décision ministérielle du 26 prairial an XI signée Chaptal, fixa la largeur des rues de la Lanterne, de la Juiverie et du Marché-Palu, à 12 m.

Le 13 mai 1834, sur la demande des propriétaires riverains, le ministre de l’intérieur décida que ces trois voies publiques prendraient la seule et même dénomination de rue de la Cité. — Un arrêté préfectoral en date du 12 août suivant a prescrit la régularisation du numérotage.

En vertu d’une ordonnance royale du 21 mai 1843, la largeur de la rue de la Cité est portée à 15 m. pour la partie comprise entre la rue de la Pelleterie et celle du Marché-Neuf. Suivant cette ordonnance, l’exécution immédiate de l’alignement sur le côté des numéros pairs est déclarée d’utilité publique et le préfet de la Seine est autorisé à acquérir, soit à l’amiable, soit par voie d’expropriation, conformément à la loi du 3 mai 1841, les immeubles ou portions d’immeubles qui rentrent dans cet alignement. — D’après le tracé approuvé par cette ordonnance, les bâtiments nos 19, 23, 25, 27, 41, le mur de clôture de l’administration des hospices, 10, 12, 24, 26, 28, 30, 32, 36, 38, 40, 42, 46, 56, 58 et 60, ne sont pas soumis à retranchement. — Conduite d’eau : 1o entre le quai Napoléon et la rue de la Vieille-Draperie ; 2o depuis la rue de la Calandre jusqu’à la borne-fontaine. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).