Imprimerie de la société des bibliophiles cosmopolites (Jules Gay) (p. 157-179).
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Eau-de-vie. Le sperme. Équivoque facile à comprendre.

Il égoutta toute son eau-de-vie,
Puis se voulut restaurer de coulis.

Cl. Marot.

Il lui faut de l’eau de vie
Pour la guérir, ce dit-on.

(La Comédie des Chansons.)

Je crois qu’elle avait envie
D’avoir de mon eau-de-vie.

Gautier-Garguille.

Eau des carmes. Le sperme.

En dépit de mes larmes,
Négligeant mes appas,
Tu vends de l’eau des Carmes…
Mais… ne m’en offres pas !

Louis Protat.

Ébats. Employé dans un sens obscène pour désigner l’acte vénérien.

Pour ses ébats il eut trois cents maîtresses,
Je n’en ai qu’une, hélas ! je ne l’ai plus.

Voltaire.

Les filles sommeillaient encore,
Nul indice de leurs ébats.

Parny.

C’est sur mon lit que s’ébat la friponne.

Grécourt.

Ébaudir (S’). Employé dans un sens obscène pour faire l’acte vénérien.

Je me veux ébaudir avec cette petite barbouillée.(La Comédie des Proverbes.)

Le preux Chandos à peine avait la joie
De s’ébaudir sur sa nouvelle proie.

Voltaire.

C’est bon… je laisse une grosse heure entière
Mes deux paillards à l’aise s’ébaudir.

Grécourt.

Écoutille (L’). La nature de la femme — dans l’argot des marins d’eau de mer et d’eau douce.

Allons, la garce, haut la quille !
Mon vit est crânement drissé ;
Ouvre moi-ta large écoutille,
Embarque-moi : je suis pressé.

Alphonse Karr.

Écraser des tomates. Avoir ses menstrues, dont la couleur est cousine germaine de celle de la pomme d’amour.

— Eh bien, va coucher avec Mélie… — Peux pas : elle écrase des tomates, depuis deux jours, que ça en est dégoûtant.Seigneurgens.

Écuelle. Employé dans un sens obscène pour désigner la nature de la femme.

Les femmes sont comme gueux, elles ne font que tendre leur écuelle.Brantôme.

Écume du plaisir (L’). Le sperme.

Le feu du plaisir s’allume ;
Du bonheur l’ardente écume
Dans ton manoir qui la hume
À gros bouillons rejaillit.

(Chanson anonyme moderne.)

Effets de cul (Faire des). Remuer habilement les fesses en marchant devant les hommes, pour les allumer et s’en faire suivre.

Effets de pantalon (Faire des). Arranger avantageusement son paquet dans l’entre-jambe, à droite ou à gauche, de façon qu’il fasse saillie sur la perpendiculaire naturelle du corps et crève les yeux des femmes.

Effeuiller. Masturber en parlant de la femme.

Un joli doigt, qu’assouplit le désir,
En l’effeuillant y cherche le plaisir.

Parny.

Effeuiller la couronne virginale. Prendre le pucelage de sa femme, la nuit des noces.

Et Pignouflard, demain, effeuille sa couronne virginale.

Albert Glatigny.

Éjaculer. Décharger son sperme, soit en baisant, soit en se masturbant.

Il y en a qu’on ne saurait faire taire et qui, quand ils éjaculent, en même temps ne peuvent s’empêcher de crier.Mililot.

Élixir… de long’vit. Le sperme, aimable essence qui ferait ressusciter… une morte.

Possédant une recette,
Je fis prendre à la fillette
Six fois de mon élixir.
— Ah ! Dieu ! que je suis contente,
S’écriait la patiente :
Encore, ou je vais mourir !

(Gaudriole, 1834.)

Elle est couverte d’ardoise. Sous-entendu : Les crapauds ne montent pas dessus. Se dit d’une femme trop belle ou trop bégueule pour qu’il n’y ait pas folie à vouloir la grimper comme une simple drôlesse.

Émanciper (S’). Aller avec une femme beaucoup plus loin que la bienséance ne le permet, mais beaucoup moins loin pourtant que ne le voudrait la femme — qui a, sur le bonheur, des idées diamétralement opposées à celles de la morale.

Lors, s’émancipant tout d’un coup, il me troussa la chemise tout autour et me découvrit le ventre et les fesses, se plaisant à les patiner.Mililot

Embrocher une femme. La baiser, se servir du membre viril comme d’une broche pour l’exposer au feu qui moult arde.

Une dame allant dans son coche
Aux champs avecque son amant,
Hors du faubourg il vous l’embroche.

(Cabinet satyrique.)

Mais quand ce vient à l’embrocher,
Son outil ne peut se dresser.

(Recueil de poésies françaises.)

Et de si près il s’approcha,
Qu’amoureusement l’embrocha.

Théophile.

Émile. Nom donné aux pédérastes que précédemment l’on appelait Tantes (V. ce mot). Les Émiles étaient en société, à Paris, en 1864. Leurs statuts ont été imprimés. La police, avertie de ces réunions y fit une descente et fit fermer un établissement de marchand de vins de la Barrière de l’École où ils se réunissaient. De hauts fonctionnaires furent compromis. Une chanson fut faite à cette occasion. Les patients s’habillaient en femme pour recevoir leur Émile. — Un dessinateur avait consenti à reproduire les poses lubriques de toutes ces scènes de sodomie.

Extrait d’une lettre du baron de Heeckeren, sénateur, saisie : « … Je ne pourrai venir à la réunion qu’à minuit, réservez-moi Dupanloup… »

— Duc de Mouchy. Jeune attaché d’ambassade, très connu pour ses goûts non-conformistes…, comme patient…. S’habille ordinairement en femme. — Général d’Herbillon (Émile), général de division et sénateur.

Étaient encore acteurs dans la pièce : — Duc de Valmy, secrétaire d’ambassade. — Davilliers (J.-P.-E.), chef du deuxième bureau, première division, ministère de la guerre. Lieutenant d’état-major. Proxénète et mignon. On faisait des cancans sur lui dans son bureau ; indigné de bruits qui ternissaient son honneur, il fut s’en plaindre à son protecteur, le général Castelnau, chef de sa division au ministère. Le général, qui ne voulait pas que son protégé eût la réputation d’une putain, lui promit de faire cesser les bruits qui couraient. Il pria le préfet de police de faire une enquête ; pour toute réponse, le préfet lui montra une photographie représentant son protégé dans l’exercice de ses fonctions.

Plusieurs dénonciations étaient arrivées à la préfecture de police ; la plus drôle est celle d’un propriétaire qui, voyant arriver une masse de soldats dans la maison folichonne, et apprenant qu’on y avait apporté des uniformes de préfets, de sénateur, d’évêques, crut à un complot et en écrivit à la préfecture.(La Sultane Rozréa, p. 21.)

Emmancher. Baiser, — la nature de la femme étant la manche où s’introduit le plus volontiers le petit bras, ou si l’on veut, le manche de l’homme.

Un bon garçon du village, très-bien emmanché.(Moyen de parvenir.)

N’est-il pas temps que je vous emmanche ?B. Desperriers.

Empêcher. Employé dans un sens obscène pour faire l’acte vénérien.

Et pendant que je suis avec l’un empêchée,
L’autre attend sans mot dire, et s’endort bien souvent.

La Fontaine.

Empoigner par le manche. Se dit de l’action par laquelle une femme énamourée s’empare avec autorité du membre de l’homme qui est avec elle, et se l’introduit avec empressement dans le vagin.

Je l’empoignai par le manche et le menai au pied du lit, où je me couchai à la renverse, l’attirant dessus moi : je m’enconnai moi-même son vit dans mon con jusques aux gardes.Mililot.

Emprunter un pain sur la fournée. Baiser une fille avant de l’avoir épousée.

Bien souvent, ils empruntent un pain sur la fournée.(Les Caquets de l’accouchée.)

En avoir dans le ventre. Être enceinte.

Enchanteresse. Fille galante qui fait oublier à l’homme ses devoirs en le promenant de jouissance en jouissance, en lui vidant la cervelle en même temps que les couilles et la bourse.

Il voulut nous faire voir les enchanteresses du lieu.Chapelle.

Enconner. Introduire le membre viril dans la nature de la femme.

Il va écouter tout doucement à la porte s’il n’y a personne, et, cela fait, il me fait signe du doigt que je ne bouge, et puis il s’en vient a moi et m’enconne brusquement par dessous les fesses.Mililot.

    En voyant si belle fête,
    Remue de cul et de tête,
Pour tâcher de désarçonner
Celui qui la veut enconner.

Théophile.

Faites grand bruit, vivez au large ;
Quand j’enconne et que je décharge,
Ai-je moins de plaisir que vous ?

Piron.

J’avais encore bien de l’ouvrage avec huit sœurs, dont six, ou du moins cinq, étaient souverainement enconnables.(Anti-Justine.)

Encorner. Vieux mot signifiant tromper un mari.

La Louison dedans Paris
A plus encorné de maris
Que Sedan n’a fait d’arquebuses.

(Cabinet satyrique.)

Enculé. Pédéraste passif, homme qui sert de maîtresse à un autre homme.

Un enculé lira les noms de tes victimes.

Dumoulin.

As-tu donc fréquenté Sodome
Ou Rome, bougre d’enculé !
Que tu parles de prendre un homme
Et, comme nous, d’être enfilé ?

(Parnasse satyrique.)

Enculer. Introduire son membre dans le cul d’une femme, lorsqu’on est sodomite, — ou d’un homme, lorsqu’on est pédéraste.

… Tu venais un soir de m’enculer,

dit Pinolie à Pincecul, dans Serrefesse, parodie de Lucrèce.

Que les chiens sont heureux !
Dans leur humeur badine,
Ils se sucent la pine,
Ils s’enculent entre eux :
Que les chiens sont heureux !

(Parnasse satyrique.)

Godefroy, seigneur de Bouillon,
L’encula dans une patache
Qu’il rencontra d’occasion.

B. de Maurice.

Enculer une femme. La baiser par derrière au lieu de la foutre par devant, se servir du moule à merde au lieu d’employer le moule à enfants.

Le Russe gamahuche et l’Italien encule.

L. Protat.

Enculeur. Sodomite ou pédéraste, selon que sa pine s’adresse à un cul féminin ou à un cul masculin, ce qui, en somme, est toujours la même chose — et la même merde.

C’était comme un immense et splendide bazar
Dans lequel enculeurs, enculés, maquerelles,
Maquereaux et putains, tous grouillaient pêle-mêle.

L. Protat.

En découdre avec une femme. La baiser à couillons rabattus ; se fendre avec elle d’une demi-douzaine de coups, bonne mesure.

Il était seul pour lors ; la chanoinesse avec laquelle il en avait décousu la veille, n’était qu’une promeneuse aspirante, mais non encore aphrodite.(Les Aphrodites.)

Endosseur. Homme qui, ne craignant pas d’épouser une femme enceinte, se fait volontiers le gérant responsable, l’endosseur des œuvres d’autrui.

À l’égard de mademoiselle Raucoux, dont, Madame, vous avez bien voulu me proposer le mariage, au défaut de mademoiselle Dubois, c’est encore un effet bien neuf, qui doit nécessairement entrer dans le commerce et dont je ne me soucie pas d’être le premier tireur, ni même l’endosseur. Quand il aura circulé, nous verrons à qui il restera.(Lettre de l’acteur D’Auberval à la comtesse Dubarry, 30 avril 1773.)

Enfiler une femme — comme une perle, avec un bout de pine au lieu d’un bout de fil.

Voudrais-tu m’enfiler, mon petit homme ?Henry Monnier.

Si vous ne voulez pas vous laisser enfiler,
Par mon chien aussitôt je vous fais enculer,

L. Protat.

Leste et gai, j’enfile, j’enfile, j’enfile.

Béranger.

                    C’est votre bonne fille
Qu’un infâme paillard honteusement enfile.

Trotterel.

Je ne m’étonne plus s’il l’a si bien enfilée puisqu’elle est la perle des filles.(La Comédie des Proverbes.)

Votre beauté sans seconde
Vous fait de tous appeler
La perle unique du monde,
Il faut donc vous enfiler.

Collé

Enfonceur de portes ouvertes. Homme qui se vante d’avoir pris le pucelage d’une foule de femmes — violées trois ou quatre cents fois par d’autres que par lui.

Enfourner. Introduire son membre dans le vagin d’une femme, — véritable four à la chaleur duquel il ne tarde pas à se fondre.

Il résolut d’aller dans la maison pour enfourner la femme.D’Ouville

Et prends garde après
Comme on les enfourne.

Collé.

Engaîner. Baiser, la nature de la femme servant de gaine au couteau de l’homme.

Si elle n’ouvre pas bien les cuisses, il est impossible qu’il la puisse bien engaîner.Mililot.

Puis Martin juche et lourdement engaîne.

Cl. Marot.

De sorte que quand il voulut engaîner.(Moyen de parvenir.)

La belle crie, il pousse, à la fin il engaîne.

Piron.

Engin. Le membre viril — qui est en effet l’instrument le plus ingénieux, le plus inventif (ingenium) qui soit au monde.

Premièrement, il faut que tu saches que cet engin avec quoi les garçons pissent s’appelle un vit.Mililot.

Ô con ! la nuit à peine a fini sa carrière
Où dix fois mon engin te donna le bonheur ;
Pourtant, tu veux encor que d’une tête altière
                  Il brave ta fureur.

(Parnasse satyrique.)

Engrosser. Devenir enceinte par suite d’un coup tiré avec un homme de sperme prolifique. — Faire un enfant à une femme.

Il arriva à cette folle femme de se faire engrosser à un autre qu’à son mari.Brantôme.

Mais un plus grand malheur m’a-t-il jamais pu advenir ? engrosser une fille du premier coup.P. de Larivey.

Quelques-uns ayant engrossé des filles sont contraints de les épouser.Ch. Sorel.

Entendre le jeu, Entendre cela. Savoir faire l’amour.

J’entends cela peut-être mieux qu’elle.La Popelinière.

Il arrive bien souvent que le premier soir qu’une jeune pucelle couche avec un garçon qui entend le jeu dont elle est entièrement ignorante…Mililot.

En tenir. Bander pour une femme et avoir envie de la baiser ; être amoureuse d’un homme et chercher toutes les occasions de se faire baiser par lui.

Elle en tient pour toi, décidément, cette drôlesse.Cublize.

Entier. Un homme pourvu de testicules.

J’ai tout ce qu’exige saint Pierre,
Oui, de Cythère vieux routier,
            Je suis entier.

Béranger.

Entonnoir. La nature de la femme, par laquelle on introduit le liquide précieux qui la féconde.

Ta pine n’est plus qu’une humble bibite
Indigne d’entrer dans mon entonnoir.

Anonyme.

Entredeux (L’) Le con, situé entre deux cuisses.

Colinette en son entredeux
Sentit un gros chose nerveux
Qui lui farfouillait le derrière.

(Cabinet satyrique.)

Et dans son entredeux cache une bourbe molle,
Qui, trempée en sueur, servirait bien de colle.

Théophile.

Entrée des artistes. Le cul, par allusion à la porte par laquelle entrent les acteurs et qui est ordinairement derrière la façade du théâtre et à l’opposite de celle par laquelle entre le public.

Entrée en danse, en joute, en lice, en jouissance (L’). Entrer, par la porte des plaisirs, en possession de sa femme ou de sa maîtresse, avec circonstances, dépendances et tous les agréments y attachés.

L’abbesse aussi voulut entrer en danse.

La Fontaine.

Jusqu’à entrer en jouste dix ou douze fois par une nuit.Brantôme.

Il tardait à notre Jobelin d’entrer en lice.D’Ouville.

Il suffirait que tous deux tour à tour,
Sans dire mot, ils entrassent en lice.

La Fontaine.

Mais timidité retenait
Le céladon encor novice ;
Beaux discours sans entrer en lice.

Grécourt.

Entrefesson (L’) ou l’Entrefessier. La petite vallée que forment les deux fesses.

Puis met la merde en peloton
Au milieu de l’entrefesson.

Patrat.

L’entrefessier d’un gros chanoine,
Les couilles du grand saint Antoine
Et de Cléopâtre le con.

(Vieille chanson.)

Entrefrétiller (S’). Se rouler l’un et l’autre, l’homme et la femme, dans l’ardeur amoureuse, entre-croisant les cuisses, entrechoquant les ventres, échangeant des langues et provoquant des spasmes réciproques.

Voilà où se terminent tant de soupirs, tant de plaintes et tant de désirs, qui est de s’entre-frétiller.Mililot.

Entremetteur. Pseudonyme décent de maquereau.

Entremetteuse. Pseudonyme décent de maquerelle.

Entreprise. L’acte vénérien.

Quelle commodité, trop aimable marquise
        Pour une amoureuse entreprise.

Sénecé

Entrer jusqu’aux gardes. Faire pénétrer son vit dans le con jusqu’aux couillons, qui restent les confidents, les gardes et les témoins de ce coup fourré… bien fourré.

… Revenons à ton luxurieux embrocheur. Abusa-t-il de ta complaisance ? Se piqua-t-il d’entrer là jusqu’à la garde, sans égard pour ton enfance délicate ?

Entreteneur. Le Jupiter de toute Danaé de la rue Bréda.

Tu pourrais, avec la Leroux, avoir à la fois quatre entreteneurs plus amoureux de toi.La Popelinière.

Entretenir une femme. Se charger de son existence, à la condition qu’elle se chargera de votre jouissance, et que vous aurez le droit de coucher avec elle — quand cela lui plaira.

Ils entretienn’ des gonzesses
Qui loge’ à la Patt’ de chat.

Guichardet

Entrouducuter (ou S’). Enculer, ou s’enculer mutuellement, entre pédérastes.

Que vont devenir nos talents,
      Notre motte dodue
Puisque l’ nombre de nos chalands
      Chaque jour diminue ?
        À se chatouiller,
        S’entrouducuter
      Chacun ici s’exerce…
        De ce maudit Coin
        Vite, foutons l’ camp 
      Au diable le commerce.

(Sultane Rozréa, p. 22.)

En venir aux mains. Peloter une femme et se faire patiner par elle.

L’un dévorait une salade aux harengs, et l’autre s’entretenait avec la servante au cuir jaune, Fusia Caninia… Il lui dit quelques gracieusetés, et tous deux en venaient aux mains.Henri Heine.

Envoyer son enfant à la blanchisseuse. Au moment où l’homme va jouir, lui retirer prestement son engin du trou où il se délecte, et le forcer à répandre son sperme dans les draps.

Éplucher des lentilles. Branler une femme avec les cinq doigts de la main droite.

Tribade avec le cotillon,
Je sais éplucher des lentilles ;
Je sais faire le postillon
Aux garçons comme aux jeunes filles.

(Parnasse satyrique.)

Éponge. Femme. Épouse ou maîtresse qui vous éponge, en manœuvrant au cul, le trop plein de vos couilles.

Éponge (Mettre une). Moyen qui donne aux amants la liberté de se livrer à tous les transports et au feu du plaisir, sans crainte de faire des enfants.

J’engageai donc ta bonne, depuis le jour où tu nous a découverts, à se munir, avant nos embrassements, d’une éponge fine, avec un cordon de soie délicat qui la traverse en entier et qui sert à la retirer. On imbibe cette éponge dans de l’eau mélangée de quelques gouttes d’eau-de-vie ; on l’introduit exactement à l’entrée de la matrice, afin de la boucher, et quand bien même les esprits subtils de la semence passeraient par les pores de l’éponge, la liqueur étrangère qui s’y trouve, mêlée avec eux, en détruit la puissance et la nature. On sait que l’air même suffit pour la rendre sans vertu. Dès lors, il est impossible que l’on fasse des enfants.Mirabeau.

Époques (Avoir son ou ses). Avoir ses menstrues.

Époux, Épouse. Amant, maîtresse.

Les femmes elles-mêmes appellent leurs amants : mon époux.Léo Lespès.

Et comme aisément on s’y blouse,
Si, quelquefois, vous entendiez
Ces mots : mon époux, mon épouse,
Traduisez net : Non mariés.

Fr. de Courcy.

Épousez-moi, épousez-moi tout de suite ; je le veux, je l’ordonne.Souvet.

Bathilde fut très étonnée d’être épousée tout-à-fait.Pigault-Lebrun

Épuiser ses munitions. Baiser avec excès, dépenser tout son sperme au profit d’une seule femme, et n’en plus avoir pour les autres.

Pourquoi commettre cette imprudence de contenter ma femme, quand Urinette m’attendait ?… Cela s’appelle épuiser ses munitions.Lemercier de Neuville.

Épuiser un homme. Lui vider ses réservoirs à sperme par des branlages répétés, ou par des suçages réitérés, ou par des coups trop fréquemment tirés avec lui.

Elle épuise, elle tue, et n’en est que plus belle.

Alfred de Musset.

                     Mais on sait
                     Qu’en secret
Elle épuisait un nerveux récollet.

Collé.

Érection. État satisfaisant du membre viril, — du verbe latin arrigere, dresser, relever.

Sa main douce, blanche et petite,
Avec un art extrême excite
               L’érection

H. Raisson.

Escrime. Combat amoureux ; fouterie.

Depuis que’q’ temps j’ai l’estime
       D’un sapeur pompier,
Qui m’ donn’ des leçons d’escrime
       En particulier.

Ch. Colmance.

Percez-moi de tierce et de quarte ;
Songez que c’est pour notre bien,
             Fendez-vous bien,
Et tâchez que votre coup parte
Dans le même instant que le mien.

Ch. Lepage.

Espèce. Coureuse, libertine ; terme de mépris des grandes dames à l’égard des petites dames.

Si vous connaissez des espèces pareilles, madame, je suis votre servante.La Popelinière.

Une dame de cour,
S’en étant emparée,
Fit languir plus d’un jour
La bourgeoise sevrée,
Disant : C’est bien, ma fille,
Pour ces espèces-la
Qu’est faite la béquille
Du père Barnaba.

Collé

Essayer un lit. Tirer un coup dessus.

Sur le lit que j’ai payé
Je ne sais ce qui se passe :
À peine l’ai-je essayé,
Que le bougre me le casse.

Gustave Nadaud

Essayer une femme. Coucher plusieurs fois avec elle pour s’assurer qu’elle baise bien, qu’elle aime vraiment l’homme.

Viens donc m’essayer prompt’ment,
Et si tu m’ trouv’s dign’ d’êtr’ ta femme,
Nous f’rons mettr’ dessus notre flamme
Pour quéqu’ sous d’ Saint-Sacrement.

(Parnasse satyrique.)

Essuyer les spermes. Baiser une femme qui a été baisée déjà, plusieurs fois dans la journée ou dans la soirée, et n’a pas eu le temps de nouer sa ceinture entre l’amant d’un franc et celui de cent sous.

Il est des spermes qu’on n’essuie pas.Bataille.

Estomac (Avoir de l’). C’est-à-dire de la poitrine, avec de gros tétons. — On dit, en plaisantant, d’une femme qui a de gros tétons, qu’elle est poitrinaire.

            Le parrain, vieux païen,
            Lorgnant la double loupe,
            De Suzon qui boit bien,
            Remplit souvent la coupe ;
Et le vaurien, touche en servant la soupe,
D’un doigt fripon, l’estomac de Suzon.

Ch. Colmance.

Étalon. Beau fouteur, homme de qui les femmes, — même les plus bêtes — aiment les saillies.

Dans nos haras en Turquie,
      Femme un peu jolie

            Veut au gré de son envie,
                  Se voir bien servie,
L’être par onze ou douze étalons
Grands, gros, gras, beaux, blancs, noirs ou blonds.

Collé.

J’ai un étalon d’ordinaire, et encore d’autres amoureux.P. de Larivey.

Éteignoir. La nature de la femme, où vient en effet s’éteindre, en fondant, la chandelle de l’homme.

La chandelle était trop petite,
Ou l’éteignoir était trop grand.

Émile Debraux.

Nous allâmes rire chez moi de cette tragi-comédie et éteindre dans nos voluptueux ébats, les feux dont ce spectacle lascif venait de nous embraser.(Félicia.)

Il avait éteint sa chandelle par deux fois.Noel du Fail.

Étendard d’amour (L’). Le membre viril, qui conduit les femmes à la victoire et au bonheur.

Parfois, chez le polisson,
D’amour l’étendard se hausse.

Jules Poincloud.

Étendre sur le dos (S’). Se mettre en posture pour recevoir l’assaut de l’homme.

Elle s’étend de nouveau sur le dos et il se met en devoir de la baiser.Lemercier de Neuville.

Être (Y). Sous-entendu : entré dans le con d’une femme.

J’entre aisément à cette fois-ci. — Vous y êtes assurément — Oui, parbleu ! tout y est.La Popelinière.

Être allumé. Avoir envie de baiser.

Aussi remarque-t-on de même le monarque allumé la suivre à pas précipités.La Popelinière.

Être à poil. Être nue devant l’homme, ou nu devant la femme.

Je n’ bande jamais bien d’vant une gonzesse qu’est tout à poil.Lemercier de Neuville.

Être avec une femme. Être son amant ; vivre en concubinage avec elle.

Être avec un Anglais, c’était pour les femmes une fortune.Auguste Villemot.

Être bien aimable. Phrase polie qui signifie : être bien cochonne, et qu’emploient volontiers les filles de la rue pour engager les passants à entrer dans le bordel où elles exercent et à y dépenser leur blanc.

Dites donc, bel homme, voulez-vous monter chez moi ? J’suis ben aimable ; v’nez, vous en serez pas fâché.Henry Monnier.

Être bien emmanché. Avoir un membre de conséquence, capable de contenter les femmes les plus difficiles.

Être bien né. Avoir un nez gros ou long, ce qui est de bon augure, — selon les dames, — qui s’en rapportent au dicton : Gros nez, gros vit.

Être de la haute. Appartenir au dessus du panier de la galanterie, être dame aux camélias et non simple gourgandine, se faire payer cinq cents francs et non cent sous.

Il y a lorette et lorette : Mademoiselle de Saint-Pharamond était de la haute.Paul Féval.

Être de la manchette. Préférer le cul au con. — L’ordre de la manchette a précédé celui de la rosette… affaire de mode.

Et mille gens m’ont dit qu’il n’aimait pas le con ;
Au contraire, on m’a dit qu’il est de la manchette,
Et que faisant semblait de le mettre en levrette,

Le drôle en vous parlant toujours du grand chemin,
Comme s’il se trompait, enfilait le voisin.

Bussy-Rabutin

Être de la nature des poireaux, la tête blanche et la queue verte. Se dit d’un vieillard qui bande encore pour le beau sexe et n’a de neige que sur la tête.

Être échaudé. Gagner la vérole ou la chaude-pisse.

Être en état, Être ferme. Être en érection ; avoir ce qu’il faut, dans son pantalon, pour contenter une femme exigeante.

Je veux voir si vous êtes en état… Oui, vous êtes en état ! cochon !… Il est plus fort que tout à l’heure… et dur ! on dirait du fer !H. Monnier

Soyez ferme, ne pliez plus,
Conservez toujours le dessus,
      Évitez la paresse,
                  — Eh bien ?
      Et surtout la mollesse ;
          Vous m’entendez bien.

Domier.

Être en queue. Être en disposition de jouer de la queue avec avantage.

Il y a des jours où l’on est plus en queue que d’autres, où l’on baiserait volontiers toutes les femmes, si elles n’avaient, à elles toutes, qu’un con.A. François.

Être enrhumé de la queue. Avoir une chaude-pisse, un écoulement gonorrhéique.

Être en rut. Avoir des démangeaisons de baiser, qu’on soit femme ou homme ; avoir une ardeur furibonde :

… Cinq ans mit tout le peuple en rut !

dit Auguste Barbier dans sa rude langue, à propos de la révolution de 1789.

Être heureux. Jouir en baisant ou en se masturbant, au moment où le sperme part sous l’action du frottement.

Tu vas te soulager, mon chéri, je te le promets : le roi Louis-Philippe n’aura jamais été aussi heureux que tu vas l’être.Lemercier de Neuville

La douleur qu’il éprouve est quelquefois bien grande ;
Mais il ne se plaint pas : il est heureux… il bande !

Louis Protat.

Être inscrite. Avoir sa carte de prostituée, délivrée par la préfecture de police.

J’avais un enfant, un garçon, il est mort… J’crois ben, j’nourrissais : l’idée de m’savoir inscrite, ça m’avait tourné mon lait.Henry Monnier.

Être le plus heureux des hommes. Ad summam voluptatem pervenire.

Être neuf ou neuve, ou novice. Ne rien connaître de la rocambole de l’amour. N’avoir pas encore servi sur la femme ou sous l’homme ; avoir son pucelage — ou l’avoir perdu depuis peu !

Il est fort neuf, à la vérité, peu au fait du service des bains ; j’ose cependant me flatter qu’il contenterait madame.(Les Aphrodites.)

Être ou n’être pas en train de faire quelque chose. Avoir ou n’avoir pas envie de baiser ; se sentir ou ne pas se sentir en queue.

Dis donc, chéri, pisq’t’es t’en train de rien faire, moi non plus, si nous tâchions d’ pioncer un peu !Henry Monnier.

Étrenne (Avoir ou n’en pas avoir l’). Avoir le pucelage d’une fille ou d’un garçon — par devant, par derrière — ou des deux côtés.

J’ai ri de bon cœur, — d’un garçon d’honneur
        À la figure éveillée.

Au premier signal — on ouvre le bal,
          Sans trouver la mariée.
Notre égrillard — d’un air gaillard — l’amène ;
L’époux prétend — danser et prend — sa reine.
Va, dit le malin — au mari bénin,
          Tu n’en auras — pas l’étrenne.

Elisa Fleury.

Étrenner. Faire un miché ; raccrocher un homme dans la rue.

Voilà mon tour de bitume arrivé… Il faut qu’on m’étrenne !Lemercier de Neuville

Être prêt. Bander suffisamment pour faire le voyage à Cythère.

À quoi bon, puisque tu n’es pas prêt ? — Oh ! tes caresses vont me ranimer !Lemercier de Neuville

Être vainqueur. Faire l’acte vénérien.

Lise d’un œil mourant et tendre
De Colin invite l’ardeur
Et sans songer à se défendre,
Souffre qu’il soit trois fois vainqueur.

Vadé.

Étui. La nature de la femme, — dans laquelle l’homme fourre sa grosse aiguille.

Elle ne voulut oncques que le marié le mît en son étui.B. Desperriers.

— Se dit aussi du membre viril, à cause de sa forme :

Vous qui, pour charmer vos ennuis,
      Empoignez… des aiguilles,
Venez, je fournis des étuis
      Qui vont à tout’s les filles…

(Chanson anonyme moderne)

Eunuque. Homme à qui l’on a enlevé les attributs de la virilité, pour qu’il puisse garder impunément au sérail. Mais tous les eunuques ne sont pas gardiens de harems.

Excès. Abus des plaisirs.

Les excès… — Je n’en connais point, Madame ; on n’a jamais assez de plaisir. — Je ne suis pas de cet avis. On peut en avoir trop et perdre par là le charme du désir, plus précieux que le plaisir lui-même.A. de Nerciat. (Le Diable au corps.)

Exercer une fille. La baiser, pour lui apprendre le métier de fouteuse.

Exercice. Employé dans un sens obscène pour désigner l’acte vénérien.

La dame avait fait provision pour l’exercice du cas.(Moyen de parvenir.)

Trois femmes un jour disputaient
Quels, en l’amoureux exercice,
Les meilleurs instruments étaient
Pour savourer plus de délice.

(Cabinet satyrique.)

Nous avons passé tout le jour
Dans cet exercice d’amour.

Grécourt.

Nous employâmes plusieurs heures dans ce doux exercice.Louvet

Elle se trouva un peu gênée dans sa marche, mais elle l’attribua aux exercices un peu répétés de la nuit.Pigault-Lebrun

Exhiber ses pièces. Présenter son membre à la putain que l’on veut baiser et qui, elle, veut auparavant s’assurer que l’engin qui va besogner est sain et propre au service.

Exhibe tes pièces, mon petit chat.J. Le Vallois.

Expédier. Faire jouir rapidement, en quelques coups de cul.

Les beaux pères n’expédiaient
Que les fringantes et les belles.

La Fontaine.

Exploits. Non ceux de Mars, dont nous ne nous occupons pas, mais ceux de l’amour. — C’est le nombre de fois que l’on a obtenu dans la même nuit ou journée les faveurs d’une femme.

Mais six exploits mirent bas le gendarme.

Piron.

L’on courut voir avec une lumière, s’il ne lui était point arrivé quelque malheur, et on le trouva tombé sur le carme qui exploitait la nourrice au pied d’un escalier.(Le Compère Mathieu.)

Tant bien exploite autour de la donzelle
Qu’il en naquit une fille si belle.

La Fontaine.

Un cordelier exploitait gente nonne,
Qui paraissait du cas se soucier.

Grécourt.

Et s’exploitant de grand courage,
Ah ! que je fais là de cocus !

Piron.