Dictionnaire érotique moderne/Clapier

Imprimerie de la société des bibliophiles cosmopolites (Jules Gay) (p. 105-110).
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Clapier. Grand con où peuvent se loger lapin et la pine.

Je les ai furetés tous deux, ces clapiers-là, j’en connais peu d’aussi logeables.A. de Nerciat.

Mais au clapier de qui les bords
Sont couverts de nouvelle mousse.

(Cabinet satyrique.)

Clé. Le membre viril — qui, sous le prétexte fripon d’ouvrir la serrure féminine, la bouche en jetant des saletés dedans.

Cliqueter une femme. La baiser, faire aller dans son vagin le membre viril comme un cliquet de moulin, avec moins de bruit cependant.

Jamais fille de laboureur ne fut mieux cliquetée.Sorel.

Clitoris. Le gland de la femme, qui, dans le prurit vénérien, bande comme le membre de l’homme ; d’où, chez les Grecs, l’expression de χλιτοριάξειν, pour clitoridem attractare, genre de masturbation spéciale aux femmes.

      … Mon clitoris, par tous étant fêté,
Aurait pu faire au tien beaucoup de concurrence.

Louis Protat.

Clitoriser (Se). Se branler entre femmes ; se chatouiller le clitoris, seule ou à deux, réciproquement.

La nature le veut ; c’est le seul moyen d’être sage au couvent, puisqu’on ne peut l’être sans se clitoriser et se manuéliser.Mercier de Compiègne.

Quelle vision ! grand Dieu !… Ma mère sur le dos, les cuisses repliées vers sa poitrine et les jambes en l’air, d’une main tenant un livre et de l’autre… se chatouillant le clitoris avec la plus belle vivacité.(Mon Noviciat.)

Clou. Le membre viril, avec lequel on fixe la femme sur le dos.

Cocarde. Blanche ou rouge… affaire d’opinion. C’est le foutre qu’on lance, ou le sang que l’on fait répandre, au con d’une pucelle.

Heureuse qui mettra la cocarde
Au bonnet de Mimi-Pinson.

Alfred de Musset.

Cochon (Être). Savoir bien besogner de l’outil, que la nature a eu l’obligeance de placer au bas du ventre de l’homme ; baiser fort et longtemps.

Ce n’est pas cela, mon, cher, qui m’amuse :
Sois moins poëte et beaucoup plus cochon.

(Parnasse satyrique.)

Cochon (Être). Se dit aussi des choses obscènes, des discours qui provoquent l’érection, — des cochonneries en un mot.

Antoine, c’est un joli nom,
              Un peu cochon.

Alexandre Pothey.

Cochonne (Être). Connaître une foule de petits secrets pour arriver à faire bander les pines les plus réfractaires et jouir les hommes les plus indifférents.

Cochonneries. Exercices amoureux : gamahuchage, branlage, suçage, postillon, feuille de rose, patte d’araignée, — en un mot, tout ce qu’ignorent les femmes honnêtes et que savent si bien les femmes galantes. — Le libertinage a emprunté beaucoup de termes à la charcuterie (V. langue fourrée, boudin, andouille, saucisse, vessie, etc.), et cela se comprend de reste, χοίρος signifiant à la fois cochon et con.

Cochonneries (Dire des). Avoir un langage de « haulte gresse, » appeler les choses par leur nom, dire pine au lieu de machin ; foutre au lieu d’aimer, enfin raconter des prouesses concubitales.

Cocodès. Imbécile élégant, ou singeant l’élégance, qui fréquente plus volontiers avec les filles entretenues qu’avec les femmes honnêtes.

Ce n’est pas un homme, c’est un cocodès.Aurélien Scholl.

Cocodète ou Dandye. Femme du monde qui imite la cocotte — dans sa mise — et quelquefois la surpasse par l’excentricité.

Cocotte. Fille de mœurs excessivement légères, qui se fait grimper par l’homme aussi souvent que la poule par le coq.

Cocotte. Terme enfantin pour désigner une poule ; — petit carré de papier plié de manière à présenter une ressemblance éloignée avec une poule. — Terme d’amitié donné à une petite fille : ma cocotte ; — et quelquefois à une grande dame dans un sens un peu libre.Littré

Cocotier. Homme qui a la chaude-pisse, que les maquereaux et les ouvriers appellent la cocotte.

L’ai-je eue assez de fois, la cocotte ! l’ai-je eue !… à ce point qu’on m’appelait le roi des cocotiers.Lemercier de Neuville.

Cocotterie. Monde galant, — côté des cocottes. Ce mot fait pendant au mot : Bicherie.

« V. Sardou engageait amicalement une dame à surveiller les toilettes de la jeune fille de la Famille Benoîton, plus excentrique qu’il ne convient à une honnête bourgeoise.

— Bast ! elle est si jeune et si innocente, ce n’est pas même de la coquetterie.

— Non, répliqua Sardou, mais c’est presque de la cocotterie.»(Figaro, nº 1123.)

Cocu. Mari trompé par sa femme, comme Ménélas, comme Sganarelle et Dandin, comme vous et moi, comme des millions d’autres.

Tous les hommes le sont…
                              — Excepté Couillardin…
................
Qu’appelle-t-on cocu ? L’homme de qui la femme
Livre non-seulement le corps, mais aussi l’âme,
Partage le plaisir d’un amant chaleureux,
Le couvre avec bonheur de baisers amoureux,
Fait l’étreinte pour lui, même quand elle est large,
Et, manœuvrant du cul, jouit quand il décharge.

L. Protat. (Serrefesse.)

Un grant tas de bonnes commères
Savent bien trouver les manières
De faire leurs maris cocus.

F. Villon.

Apprenez qu’à Paris, ce n’est pas comme à Rome,
Le cocu qui s’afflige y passe pour un sot,
Et le cocu qui rit pour un fort honnête homme.

La Fontaine.

Le damoiseau, parlant par révérence,
Me fait cocu, madame, avec toute licence.

Molière.

Je vais prier pour les cocus, Les catins et les philosophes.Béranger.

Cocuage. État du cocu, de l’homme dont la femme baise avec un autre.

Cocuage est naturellement des apanages du mariage.Rabelais.

Quel est l’époux exempt de cocuage ?
Il n’en est point, ou très-peu, je le gage.

La Fontaine.

Dans tous les temps et dans tous les pays du monde, le cocuage rapporte quelque chose.Pigault-Lebrun.

Cocu en herbe (Être). Avoir la mine d’un honnête homme prédestiné à être un jour cocufié, s’il ne l’est pas déjà d’avance.

Cœur. La nature de la femme, — un muscle creux comme l’autre. — Le mot est de Boufflers et au xviiie siècle, où la sentimentalité était inconnue, et où il était tout simple, alors, que les femmes eussent le cœur — où les poules ont l’œuf.

Dans ce cœur tendre, aussitôt ce satyre
Enfonce un long… sujet de pleurs.

Béranger.

Dès que cet enfant n’est pas de vous, ma belle nymphe, et qu’avec un cœur neuf, vous m’apportez en mariage des beautés immaculées, pourquoi rougirais-je ?A. de Nerciat.

Un jour cet amant divin,
Qui mettait l’amour au vin,
Sur le revers d’une tonne
Perça le cœur d’Érigone.

Collé.