Dictionnaire érotique moderne/Émile

Imprimerie de la société des bibliophiles cosmopolites (Jules Gay) (p. 160-161).

Émile. Nom donné aux pédérastes que précédemment l’on appelait Tantes (V. ce mot). Les Émiles étaient en société, à Paris, en 1864. Leurs statuts ont été imprimés. La police, avertie de ces réunions y fit une descente et fit fermer un établissement de marchand de vins de la Barrière de l’École où ils se réunissaient. De hauts fonctionnaires furent compromis. Une chanson fut faite à cette occasion. Les patients s’habillaient en femme pour recevoir leur Émile. — Un dessinateur avait consenti à reproduire les poses lubriques de toutes ces scènes de sodomie.

Extrait d’une lettre du baron de Heeckeren, sénateur, saisie : « … Je ne pourrai venir à la réunion qu’à minuit, réservez-moi Dupanloup… »

— Duc de Mouchy. Jeune attaché d’ambassade, très connu pour ses goûts non-conformistes…, comme patient…. S’habille ordinairement en femme. — Général d’Herbillon (Émile), général de division et sénateur.

Étaient encore acteurs dans la pièce : — Duc de Valmy, secrétaire d’ambassade. — Davilliers (J.-P.-E.), chef du deuxième bureau, première division, ministère de la guerre. Lieutenant d’état-major. Proxénète et mignon. On faisait des cancans sur lui dans son bureau ; indigné de bruits qui ternissaient son honneur, il fut s’en plaindre à son protecteur, le général Castelnau, chef de sa division au ministère. Le général, qui ne voulait pas que son protégé eût la réputation d’une putain, lui promit de faire cesser les bruits qui couraient. Il pria le préfet de police de faire une enquête ; pour toute réponse, le préfet lui montra une photographie représentant son protégé dans l’exercice de ses fonctions.

Plusieurs dénonciations étaient arrivées à la préfecture de police ; la plus drôle est celle d’un propriétaire qui, voyant arriver une masse de soldats dans la maison folichonne, et apprenant qu’on y avait apporté des uniformes de préfets, de sénateur, d’évêques, crut à un complot et en écrivit à la préfecture.(La Sultane Rozréa, p. 21.)