Wikisource:Dictionnaires/Nicot/Thresor, édition 1606/Tome 1
LES COMMENTAIRES
DE LA LANGVE
FRANCOISE.
A
Est le premier son de la voix de l’enfant nouueau né, la plus aisée des voyelles à prononcer, & la premiere lettre non seulement de l’alphabet François, mais aussi de ceux des autres langues.
A außi est vne preposition signifiant ores stabilité en quelque lieu, comme, Il est a Paris, Est Lutetiæ : & ores mouuemēt à vn lieu, comme, Ie m’en vay à ma metairie, In villam proficiscor : ores selon, comme, Cela sera à l’ordonnance des arbitres. Iuxta aut secundùm bonorum virorum arbitrium fiet.
A se prend aussi pour apud Latin, comme, Il est à nous grande vinée ceste année-cy, Hoc anno ingens apud nos vini copia est, c’est à dire en mostre terroir, en nostre pays, en nostre contrée. A nous tel faict est bien vilain, Apud nos huiusmodi facinus perindignum est.
A außi se prend simplement pour en, comme, A la presence des Euesques, In præsentia Episcoporum, id est adstantibus Episcopis, qu’on dit plus vsitéement, en la presence.
A außi signifie pour, comme, Il est tenu à perdu, A vil, A sot, A fable, A fils de Roy, Vne vis à pressouer, c’est à dire pour perdu, vil, sot, fable, fils de Roy, pour vn pressouer, au 3. liure d’Amad. chap. 6. Toutesfois il estoit lors peu cognu à fils de Roy, il est appelé à garand, pour garand.
A estant auec les noms propres est vn article du cas genitif en denotation possessiue, pour De, comme, La maison à Pierre, la femme à Robert, la fille au Duc, ædes Petri, vxor Roberti, filia Ducis. Ce palais est à Pompée, Hoc palatium est Pompeij, & estant auec les noms appellatifs, prent article apparent auec elle, & denote tousiours possession, comme, Ce champ est à la ville de Paris, Hic ager ciuitatis Parisiensium est.
A, en outre se prent pour Auec, comme, Il porte de synople à trou lyons d’argent, Scutum gerit viride cum tribus argenteis leonibus, id est, tribus leonibus argenteis insignitum, & il est eschappé à peu de perte, c’est auec peu de perte, Cum modico damno euasit. Vne chaire à accoudoirs, Vne eschelle à crampons, c’est auec accoudoirs, auec crampons, & le Roy d’Angleterre est descendu à grande armée, Cum magno exercitu.
A prenant auec soy l’article du nom qu’elle precede, signifie semblance, façon, mode & maniere, comme, Il est vestu à l’Italienne, c’est à dire, à la semblance, mode & façon des Italiens, Cultu vestituque Italico vtitur. Liu. l. 23. Si l’on n’aime mieux dire qu’en telles phrases, il y a elipse & subaudition de ce mot, façon ou maniere, & que A signifie lors, Selon : comme, Il porte l’espée à l’Espagnole, c’est à la façon des Espagnols, c’est à dire, selon la mode des Espagnols.
A außi est vne diction indeclinable qui est indifferemment employée auec autres declinables & indeclinables seruant à la signification d’icelles, & ce tantost en qualité de la preposition ad, comme, A chef, Ad finem, Ad exitum : ou de la preposition ob, propter, comme, A ceste cause, Propter id, A propos, Ad rem : & tantost autrement, comme, A tant, A tard, A peu, A peu que, A nef, A ma plaisance, A mon escient, A son escient, A poinct, A vau de route, A deceu, A banniere desployée, A cœur, A sçauoir, A temps, A tort, A loisir, A cheual, A nourrice &
semblables, cerchez Tant, Tard, & les autres.
Ada, Aduas fluuius qui in Rheticis iugis oritur, labensque per Veltlin, ingreditur in lacum Cumanum, qui olim Larius dicebatur.
Aage, m. substantif. penac. Il vient de ce mot Latin ætas, & est escrit par double aa, soit pour representer cette diphthongue du mot Latin æ, ce qui peut estre la cause que aucuns par inversion d’icelle diphthongue l’escrivent & prononcent Eage, soit pour denoter ce grand A François (ainsi que l’ω Grec) que nous prononçons avec trainée de la voix en aucuns mots, comme, En Chaalons, Laon, & en semblables. Et quelquefois est vn terme general qu’on applique à designer tout aage soit d’homme, femme, ou beste brute, & quelquefois signifie vn traict & peloton d’années. Æuum, seculum, selon ce lon dit, les Aages du monde estre six, & le premier d’iceux avoir duré depuis la creation d’iceluy jusques au deluge.
Commencement d’aage, Iniens ætas.
Accroissement d’aage, Progressus ætatis.
Bas aage, Ætas minor XXV. annis, qu’on dit aussi minorité d’ans.
Petit aage, Ætatula.
L’aage d’un an, Annicula ætas, Annua ætas.
L’aage de deux ans, Bimula ætas, Bimatus, huius bimatus.
L’aage de trois ans, Trimatus, huius trimatus.
L’aage de quatre ans, Quadrimatus.
De cinq ans, Quimatus.
L’aage de quatorze ans és masles, & de douze és femelles, Pubertas, pubertatis, Puber ætas, nubilis vtrisque ætas.
L’aage de dixhuict ans, Plena pubertas.
¶ Aussi aagez l’un que l’autre, Pares ætate.
Tous d’un aage, Æquales, Æquæui, Vna est ætas, Vnius sunt ætatis.
Il est de cest aage là, Ea ætate est, Illa ætate præditus est.
Rapporter l’aage l’un à l’autre, Comparare aliquorum ætatem.
Il a dit que je n’estoy pas si aagé que son fils, Me infra ætatem filij sui posuit.
¶ Dés son jeune aage, Iam inde ab adolescentia, A pueritia. Inde ab ineunte ætate, A prima ætate, Ab adolescentulo, ab adolescentia.
Dés que je commençois à venir en aage, Ab ineunte adolescentia, A prima adolescentia.
Aage maniable & aisée à gouverner, Ætas mollis ac flexibilis.
Il n’est pas encore en aage de perfection, Nondum maturæ est ætatis.
Iaçoit qu’il n’ait point encore l’aage de pouvoir, etc. Etsi per ætatem nequeat, aut non liceat, tamen etc.
Estre en aage de pouvoir faire quelque chose, Per ætatem posse aliquid, Iustæ ac legitimæ ætatis esse ad rem gerendam.
Qui est en aage de pouvoir administrer le royaume, qu’on dit, Majorité de Roy, qui est au regard des Rois de France à l’aage de quinze ans, comme Jean du Tillet escrit en son livre de la majorité du Roy Tres-Chrestien, Qui per ætatem regnum gerere potest.
Qui sont en aage d’engendrer, Puberes filii.
Aage idoine à porter les armes, Ætas militaris.
¶ Aage robuste, Adulta, Valens, Firmata, Corroborata, Prædura ætas.
Fleur d’aage, Integra ætas, Vigens ætas, Media ætas, Flos ætatis.
Venir en l’aage de virilité, Excedere ex ephebis.
Aage rassise & posée, Composita ac moderata ætas.
¶ Le plus grand aage qu’on peut vivre, Summa ætas.
Aage tournée à oisiveté, Ætas deflexa ad otium.
Aage en laquelle on grille et tombe-on facilement en faute, Lubrica ætas.
L’aage s’en va et se passe legerement, Volat ætas, Proripit se ac fugit ætas.
¶ J’ay aimé cependant que l’aage s’y addonnoit, ou que l’aage le portoit, Dum ætas tulit, amaui.
Aage idoine à faire quelque chose, Apta atque idonea ætas, ad rem aliquam administrandam
Tout aage n’est pas convenable à se joüer, Non omnis ætas ludo conuenit.
Aage mariable, Ætas nubilis. Ætas iusta nuptiis contrahendis.
Aage à laquelle aisément on peut faire desplaisir, Ætas iniuriæ opportuna.
L’aage de la fille n’endure point que je soy negligent, Non manet ætas virginis meam negligentiam.
¶ Chacun selon son aage dit son opinion, Vt quisque ætate antecellit, ita sententiam ordini dicit.
¶ Employer son temps et son aage à l’estude, Ætatem appellere ad studia literarum, Ætatem consumere in studiis, Insenescere studiis : Ætatem impendere studiis, Conterere ætatem in studiis, Traducere ætatem in studiis literarum.
Passer son aage, Exigere ætatem, Exercere ætatem. Æuum traducere. Horat. lib. 1. Epist.
Passer son aage sans se mesler des affaires publiques, Ætatem procul a republ. agere. AEtatem procul a curis publicis exigere.
L’aage que j’ay par cy devant vescu, Superior ætas, anteacta ætas.
¶ En cest aage, Hoc ætatis.
Jusques à cest aage cy, Ad hoc æui.
Nous sommes de cest aage là, Id ætatis iam sumus.
Il n’est plus en aage d’estre sous un maistre, Excessit illi ætas ex magisterio.
¶ L’aage l’a surprins, Il est ja vieil, Ætas illum imprudentem oppressit.
Un aage vient apres l’autre, Ætas succedit ætati.
Femme de bonne aage, Bona ætate fœmina.
Grand aage, Grandæuitas, Grandis ætas.
Homme de grand aage, Senior.
Il a de l’aage, ou, il est aagé, Processit ætate, Annosus est.
¶ Aage auquel on ne peut plus travailler, Ætas emerita, effœta ætas.
Le dernier aage où l’homme peut parvenir, Summa ætas, Decrepita ætas, Ætas effœta, extrema ætas.
En son dernier aage, Supremis suis annis, Vltima ætate.
Aage declinant sur la fin, Ætas deuexa, vergens, victa, veternosa,
Aage qui de iour en iour s’appesantit, Ætas ingrauescens.
Aage qui vient en enfance, Repuerascens ætas.
Aage passé, Acta ætas, Exacta,
Apres l’aage passé, Exacta ætate.
Qui est hors d’aage, Exactæ ætatis vir, Emerita ætate.
Tu estois hors d’aage de prendre femme, Tua præterierat iam ad ducendum ætas, Nubilem ætatem excesseras.
Quel aage t’est-il advis que i’aye ? Quid tibi ego ætatis videor ? Plaut.
Qui est sur le bas de son aage, Decliuis ætate, Prouectus ætate, vel Prouecta ætate homo.
Qui est de long aage, Longæuus, Diuturnæ ætatis.
Aagé, m. acut. adjectif. Signifie de grand aage, Grandæuus, senior. comme, Il est bien aagé, Iam multum diuque vixit. Multos iam annos natus est, Et est un terme general à prefinir tout aage d’homme ou de beste, comme, Il est aagé de dix, vingt, trente, quarante ans. Natus est annos decem, viginti, triginta, quadraginta : Il signifie aussi celuy qui a atteint, ou est reputé avoir atteint l’aage prefini par le droict ou par la coustume pour valablement gerer, exercer et administrer ses affaires, Ætate legitima præditus. Selon ce on dit que tout homme noble tenant fief, est reputé aagé à l’aage de vingt ans, et la femme à quinze accomplis, quant à la foy et hommage et administration de fief, Legitimæ ætatis homo, feminaque ad eas res suapte autoritate gerendas.
Fort aagé, Qui est de grand aage, Grauis ætate, vel annis, Grandis, vel Magno natu, Obsitus æuo, Plenus annis, Grandæuus, Prouecta ætate homo, Annosus admodum, valdeque annosus, voyez, Fort.
Non pas fort aagé, Non admodum grandis natu.
Estre plus aagé qu’un autre, Præcurrere aliquem ætate, AEtate anteire, Antecedere ætate, Addita ætate esse.
Ie suis le plus aagé, Sum natu maximus inter plures, vel natu maior inter duos.
Aagée, f. adjectif. penac. Est usurpé és mesmes significations que Aagé, masculin adjectif.
Abacvc, m. acut. La mer d’Abacuc, ou d’Abacuth. voyez Bachu. Latinis mare Caspium et Hyrcanum. Aucuns l’appellent Mare de Sela.
Abaisser, cerchez Abbaisser.
Abanat, m. acut. Est le nom d’une riviere qui court pres la ville de Damas.
Abbaisser, acut. Ores est actif, et signifie mettre quelque chose à bas, ou au bas, Demittere, deducere ad imum, deprimere, deiicere, Et est composé de a et bas, qui vient du Grec basis, comme qui diroit ad basim deprimere. Tu m’as abbaissé ma renommée, Bonum nomen meum deiecisti. Ores est neutre, comme, La riviere abbaisse, Flumen subsidet, summittitur ; Ores reciproque son action, comme Je m’abbaisseray moy-mesmes, Memet deprimam, demittam. Mais telles reciprocations ou reflexions d’action, sont pures actions, et ne font une nouvelle espece de verbe à divis de l’actif. Rabbaisser signifie le mesmes : car on peut dire, Je vous abbaisseray bien vostre cacquet, tout ainsi qu’on fait, Je vous rabbaisseray bien le cacquet. voyez Rabbaisser.
Abbaisser un lieu, Deprimere locum.
Abbaisser une chose en la desprisant, Verbis rem aliquam deprimere.
Abbaisser la majesté ou dignité du Prince, Deprimere Principis majestatem, Dignitatem deminuere, Deterere.
S’abbaisser à penser choses viles, Cogitationem in res humiles abjicere.
S’abbaisser jusques à la bassesse d’un criminel, Submittere se in humilitatem reorum.
Qui s’abbaisse devant Dieu, ou mesme devant les hommes pour les prier, Supplex, Proiectus.
Abbaisser le prix des vivres, Leuare annonam.
Qui va en abbaissant et en empirant, Deflorescens, Flaccescens.
Abbaissé, m. Deiectus, Demissus, Depressus.
Abbaissée, f. penac. Depressa, Deiecta.
Abbaisseur, m. Infractor, Depressor.
Abbaissement, m. acut. Submissio Deiectio, Demissio.
Abbaissement de courage, Animi demissio.
Abbaissement de son estat, Capitis diminutio.
Abbandon, m. acut. delaissement de son pouvoir, comme, Mettre sa forest en abbandon, c’est ne la tenir en defense, et la livrer à quiconque y voudra mener paistre son bestail, ou bucheronner, Cæduam syluam pro derelicto habere.
Elle a mis son corps en abbandon, Corpus suum cuique vtendum prostituit. Se pudicitia abdicauit, Il est composé de a, et bandon, voyez Bandon.
Abbandonner, act. acut. Est un verbe faict de Abbandon, et signifie mettre à bandon, c’est à dire, au plaisir et liberté d’un chascun pour en faire ce qu’il voudra, Cuiusuis arbitrio ac libidini permittere. Rem pro derelicta emittere. Ainsi dit-on, Il a abbandonné ses pastis, ses prez, Pascua seu prata depascenda cuique permisit. Et se prend pour delaisser : d’autant que celuy qui met ou quitte une chose à qui premier en voudra, il la laisse et s’en desempare et devest. Et par reciprocation dudit verbe actif, qui se fait par le pronom soy, ou se, signifie se rendre captif et esclave à quelque chose vitieuse, comme, s’abbandonner à plaisirs, Se voluptatibus dare, addicere, honesta se ingenuitate exuere, vt voluptatum seruus fiat. S’abbandonner à paillardise, Veneri sese dedere, eiusque sæuæ dominæ mancipium fieri. Selon laquelle signification, respondit un Poëte Grec, hôspér élsuthérôthéis apo tês agrias déspoinas, à celuy qui luy avoit demandé, pôs ékhéis apo tês Aphroditês, Ou non vitieuse, comme, S’abbandonner à pleurs, à dueil, Totum sese lacrymis dolorique permittere, Nullatenus non gemitibus ac lamentationi inseruire. S’abbandonner à ieux, Lusibus incumbere.
S’abbandonner au danger d’estre outragé, Offerre se contumeliæ.
Abbandonner sa liberté, et se rendre serf, Projicere libertatem suam alicuius potentiæ.
Abbandonner ses œufs, Incubationem deserere.
Abbandonner femme et enfans, Deserere vxorem ac liberos, Pignora sua pro derelictis habere. B.
Qui m’ont abbandonné quand il estoit question de ma vie et honneur, Desertores salutis meæ.
Les medecins l’ont abbandonné, si malade il est, Omnes medici diffidunt, adeo grauiter æger est.
¶ Celuy qui abbandonne la vie d’aucun au premier qui le pourra tuer, Proscriptor. Mais cela ne se peut dire, Si n’est de celuy qui est Souverain Seigneur de celuy dont la vie est abbandonnée à qui tollir la luy pourra : car abbandon presuppose tousjours Seigneurie et puissance, voire aussi droict de correction capitale par haute justice en la personne de celuy qui abbandonne sur la personne abbandonnée, Aussi telles proscriptions ne se font, si n’est par Princes souverains, ou Republiques tenans de Dieu et de l’espée, et sont impunissables, horsmis de Dieu Souverain des Souverains. Mais si quelqu’un suscite des assassins et meurtriers d’autruy, cela ne se peut dire abbandonnement de la vie de celuy-la, ne proscription. Car tel abbandonneur n’a nul droict de seigneurie ne correction capitale par Justice sur l’abbandonné, ains sera appelé subornation et attitrement d’assassins et meurtriers, et sera capitalement puni par son souverain, et plus que capitalement par Dieu.
Abandonné, m. acut. Est de signification passive, celuy qui est mis par aucun en abandon, Desertus, Destitutus, Abdicatus.
Abandonné des medecins, A medicis deploratus.
Abandonnée, f. pen. Est aussi de signification passive. celle qui est mise en abandon, Destituta, Deserta, Exposita.
Celuy duquel la vie est abandonnée au premier qui le tuera, Proscriptus.
Une province abandonnée au pillage, Prouincia prædæ exposita.
Chose trop abandonnée, Res nimium deplorata.
Encores que toutes choses me fussent abandonnées et libres, Etsi omnia meæ potestati paterent, tamen, &c.
Abandonnement, m. acut. Delaissement, Desertio, Defectio, Destitutio, C’est abandon, Ainsi dit on Abandonnement de biens, pour la cession de biens que fait un debiteur à ses creanciers, qu’on pourroit aussi dire deguerpissement de biens, Bonorum abdicatio, Cessio bonorum.
Abandonnement de raison, Defectio a recta ratione.
Abandonnéement, adverb. Par, ou en abandon, Effrenatè, effusè, licenter, indulgenter, solutè.
Abastardir, acut. Est ores actif, et signifie mettre une chose hors de son naturel, et luy faire prendre estranges qualitez, comme, Il a abastardi les mœurs des bourgeois, Mores ciuium adulterauit, et par consequent signifie corrompre : il a tout abastardi, Omnia corrupit, Ores est reciproquant son action, comme, Le tyran s’abastardit tous les jours. Tyrannus se in dies in deterius efformat, degenerat, Ores est neutre, comme, Ceste plante abastardit d’un jour à l’autre, Haec planta quotidie in deterius vergit. Mais il semble plus tenir du passif, quoy que la terminaison soit autre, et seroit bien rendu par corrumpitur, adulteratur, et est composé de a, et bastardir, inusité.
Abbattre, act. penac. Est mettre par terre, ruer jus quelque chose, la faire cheoir ou trebucher de haut en bas, Decutere, Destruere, Deturbare, Prosternere, Euertere : il vient de Abbas, acut. adverbe local, composé de a et bas. Infra, si que Abbatre est mettre abbas, ou à bas.
Aisé à abbattre, Facilè decussu, deiectu, prostratu, La faim et la soif abbattent le corps, Fames et sitis corpus deprimunt.
Cela abbat l’yvresse d’une personne, et le desenyvre, Discutit ebrietatem hominis.
Vaincre quelqu’un et l’abbattre à ce qu’il soit des nostres, Euincere aliquem ac partium nostrarum efficere, Oratione aliquem a sententia deturbare.
Abbatement, m. acut. Deiectio, Prostratio, et se prend pour l’action d’abbattre, ou pour la chose abbatuë.
Abbatis, m. acut. Est la demolition et ruïne d’une chose cheute, comme, l’Abbatis d’une forest, Arbores caesae, reuulsae, prostratae, ligna humi deiecta, l’Abbatis d’une maison, Lapides, tigna, lateres domus quae corruit : on dit aussi en cas de guerre, Apres une bataille faire grand abbatis, Magnas strages edere.
Abbatu, m. acut. De signification passive, Deiectus, Prostratus, Depressus.
J’ay le cœur tout abbatu, Marcet animus, B. Afflicto sum animo ac deiecto.
Ils m’ont abbatu, Me labantem conuellerunt, B. ex Cic.
Abbay, m. acut. Est le japper d’un chien, ce qu’aucuns escrivent et prononcent par o, abboy, Latratus canis, Et semble que ce mot et sa suite soient derivez de ce verbe deponent Baubor, baubaris, qui signifie abbayer : ou plustost tant ce verbe Baubor, que ce mot Abbay et sa suite, sunt verba factitia a sono canis latrantis, voyez Rendre les Abbais.
Tenir aucun en abbay, Producere aliquem falsa spe.
Abbayer, act. acut. Latrare, Oblatrare.
Quand l’eau bat contre quelque rive, tellement qu’elle semble abbayer, Allatrant maria oram aliquam.
Abbayer à quelqu’un, Allatrare aliquem, C’est le poursuivre de paroles en criant apres luy.
Abbayement, m. acut. Latratus, us.
Abbayeur, m. acut. Latrator.
Abbayant, acut. Tantost est gerundif, comme, Tu me suis abbayant, ou en abbayant, Tu me oblatrando prosequeris, et en cette signification se devroit escrire par d à la fin, et tantost est nom, comme, Tu es un abbayant, Es oblatrator, et en cette signification se doit escrire par t, et est masculin.
Abbé, m. acut. Abbas Abbatis, Erasm. Est celuy qui est chef en une Abbaye de Moines, selon ce on dit l’Abbé de S. Denys. S. Dionysij coenobiarcha, antistes, Bud. et vient de Abba diction Syriaque, qui vaut autant que Pere.
L’Abbé mange en convent, Hetaeriarcha victitat cum sodalibus.
Abbesse, f. penac. Antistes, vel Antistita, B.
Abbaye, f. penac. Antistitium, Coenobiarchia, Haeteriarchia, Abbatia, Erasm.
Abbec, m. C’est la chair ou autre appast que les pescheurs mettent aux haims pour attirer et prendre le poisson, Esca.
Abbecher, acut. Composé de a et bec : C’est mettre au ou dans le bec
d’un oiseau, mais n’ayant encores l’adresse de becquer, Adescare, Inrostrare : et par metaphore Attirer quelqu’un à sa cordelle, Illicere, Inescare.
Abbeché, m. neut. Adescatus, Illectus, Inescatus.
Abbregé, m. acut. Il descend de ce verbe Abbreuiare. Dont aucuns prononcent Abbrevié, et est adjectif de signification passive, comme, Son propos est abbregé, Decurtata est illius oratio, Tantost est substantif, et signifie epitome et reduction sommaire, et un brief d’un escrit, Selon ce on dit, L’Abbregé des Chroniques de France, Annalium Franciae epitome, et tantost est chascune des trois personnes du temps preterit parfait, avec adjonction de ce verbe, ay, comme, J’ay abbregé, tu as abbregé, il a abbregé, Decurtaui, Decurtasti, Decurtauit.
Abbregé de quelque chose que ce soit, Summa, summae, Epitome, epitomes.
Ce sera le plus abbregé, Id erit compendiosius.
Abbreger, act. acut. C’est rendre bref et accourcir, Breuiare, Contrahere, Circuncidere quae ad rem non pertinent, B. ex Varrone, Aucuns prononcent Abbrevier.
Abbreger quelque chose, et la dire en peu de paroles, Perstringere rem aliquam, Circuncidere, In compendium conferre, Paucis eloqui.
¶ Abbreger et accourcir son chemin, Iter contrahere.
Abbreger le temps, Tempus contrahere.
Pour abbreger, C’est par forme d’adverbe, In summa, Vt in pauca conferam, Ne multa, B. ex Cic.
Abbregement, m. acut. Compendium, Contractio, Comme abbregement de proces, Compendium, Contractio litium.
Abbreuver, acut. ou Abbruver, Tantost c’est donner à boire, faire boire, comme, Abbreuver les chevaux, Adaquare ; tantost faire tremper & emboire d’eau quelque chose, comme, Abreuver les tonneaux ou autre vaisseau, Aqua, aut liquore alio imbuere : Et en drap abbreuvé d’eau, c’est trempé & outré d’eau. Selon laquelle signification on dit par metaphore, Abbreuver aucun de quelque opinion ou persuasion, pour le remplir, imbuer & outrer de telle opinion ou persuasion, Totum occupare ac persuasum habere.
¶ Abbreuver son esprit de quelque art, Ingenium artibus imbuere.
La terre n’est point abbreuvée de pluyes, ou mouillée, Terra pluuiis non immaduit.
Ils sont abbreuvez de cette opinion, Imbuit mentem eorum opinio, Inuasit illos hæc sententia.
Abbreuvoir, m. acut. Le lieu où on abbreuve les chevaux, Aquarium.
Mener à l’abbreuvoir, Appellere ad aquam, Adaquare equos.
Abecé, m. Abecedarium, Alphabetum, Tabula abecedaria, Libellus abecedarius. Ce mot est composé des trois premieres lettres Latines a b c, comme en Grec le nom d’Alphabet est composé des noms des deux premieres lettres Grecques, et signifie le denombrement par son et prolation (qui servent de nom à chaque lettre dudict Abecé) des lettres Latines, Abecedarium, aut Abecedarius libellus, car il se prend aussi pour ce petit livret à apprendre à lire aux enfants, où lesdites lettres Latines sont figurées et mises par estat et par ordre.
Apprendre son abecé, Discere elementa.
Enfant qui apprend son abecé, Abecedarius puer, Elementarius puer.
Abecedaire, com. gen. penac. Celuy ou celle qui apprend encore la forme ou figure et prononciation des lettres.
abbeville, C’est le nom d’une ville en Picardie, composé de ces deux mots, Abbé, et ville, Abbatis villa.
Abeille, f. penac. Est une espece de beste volatile du genre des Insectes, fort legere, d’aigre picquon, car de la picqueure de son aiguillon la chair s’en enleve tout autour, le propre de laquelle est faire le miel et la cire, pour laquelle raison nous l’appelons aussi mousche à miel. Apes, Lequel nom Latin luy est donné par ce qu’elle naist sans pieds. Mais ce mot François vient du Latin diminutif, Apicula, quoy qu’il ne soit diminutif en nostre langue, et ce par syncope de la voyelle v. mutation de c. en l, et de la muette p en sa moyenne b, duquel adoucissement des muettes dures en leurs moyennes, les François et Espagnols usent communément quand ils tirent leurs mots du Latin. Et par ce que cy apres cette ditte mutation et adoucissement seront marquez en mainte diction, afin qu’il ne le faille repeter ailleurs ; il convient noter que c, p, et t, sont de prolation roide, aspre et forte : mais g, b, et d, leurs moyennes sont de prolation molle et douce, laquelle nous et les Espagnols suyvons presque ordinairement és mots extraits du Latin, ce que l’Italien ne fait pas, car prenant d’iceluy Latin, il retient lesdittes muettes de fort et rude son.
Abhorrir, act. acut. Qu’on dit aussi Abhorrer, est avoir en horreur et detestation quelque chose, Abhorrere, et est composé ainsi que le Latin, mais horrer simple n’est en usage envers les François, combien que horrere le soit envers les Latins. Les deux viennent de ab et horror, signifiant le dernier une tremeur causée aussi de peur. Et par ce qu’on s’estrange de telles choses, abhorrer signifie aussi defuir et s’esloigner de quelque compagnie. Selon laquelle signification lon dit vne chose estre abhorente, quand elle est outre la commune & vsitée façon de faire, res inusita atque à communi vsu abhorrens.
Abhorant, m. acut. Celuy qui abhore & deteste quelque chose, Abhorrens, Abominans.
Je ne suis trop abhorrant de ceste opinion. Ab hac opinione non multum abhorreo, Non adeo sum alienus.
Abiect. m. acut. Celuy dequoy on ne tient conte, de quoy on ne fait point d’estime, Abiectus.
Abile, com. voyez Habile.
Abiller, voyez Habiller.
Abisme, m. voyez Abysme.
Ablatif, m. acut. Est pur Latin par apocope, de ce mot Latin Ablatiuus (car le François prenant du Latin, chāge en f la lettre v, consonante de la derniere syllabe du Latin, disant vif, de viuus, paßif, de passiuū, Datif de Datiuus, et semblables) & est le sixiesme cas des declinaisons des noms et pronoms et participes, duquel on use quand on veut oster quoy que soit d’aucune chose, dont il prend son nom. Les Latins le designent par A preposition, si le mot commence par consonante, comme, A paulo, et par Ab aussi preposition, Si le mot commence par voyelle, comme ab illo. Mais les François le representent par la preposition, De, comme, j’ay cela d’un tel, Id ab illo accepi. Et faut entendre, que les noms et pronoms sont declinez par six cas, dont le premier est appelé Nominatif, le second Genitif, Le tiers Datif, Le quatriesme, Accusatif, Le cinquiesme Vocatif, Le Sixiesme cestuy Ablatif. Duquel le mot vient de Aufero Latin, qui signifie oster, desquels cas chacun a terminaison propre et particuliere presque d’ordinaire, & avec ce article en la langue Grecque, et pronom demonstratif en la Latine au lieu dudit article : mais en la langue Françoise et autres esquelles tous lesdits cas sont de mesme terminaison, on les exprime ou par article seul, comme au nominatif, le baton, la javeline : ou par preposition conjointe à l’article : quant aux noms masculins commençans par voyelle, L’homme, de L’homme, à L’homme ; Et à tous feminins, La femme, De la femme, à la femme, ou par dictions indeclinables, equipollans à articles, au regard des mots masculins commençans par consonante, comme, Le Jardin, Du Jardin, Au Jardin.
Able, ou Ablette, f. penac. Poisson ainsi nommé, Alburnus, Semble que le nom tant François que Latin, vienne de ce mot, Albus, qui signifie Blanc : comme si nous disions par transposition de lettres Able pour Albe. Telle transposition de lettres est fort frequente en toutes langues.
Ablution, f. acut. Est lavement, Ablutio, Baptismus, Lotio.
Abolir, Signifie proprement oster, effacer, et mettre du tout à neant quelque chose, comme si on disoit άπό τού όλον έκβάλλειν. Ex vniuerso tollere. Mais on en use pour mettre hors d’usage quelque chose, Abolere, Abrogare, Antiquare, Conuellere, Exterminare, Inducere, Interuertere, Obliterare, Resignare, Delere.
S’abolir et aller hors d’usage, Obsolescere, In desuetudinem abire.
Abolir ce qui est fait selon les loix, Quod factum est legibus rescindere.
Abolir les loix, Leges perimere, abrogare, antiquare, Pessundare et obterere.
Abolir le bruit du peuple Romain, Nomen populi Romani delere.
Abolir la memoire d’une chose, Memoriam rei alicuius obruere.
Oster et abolir ce que aucun a fait, Sustollere atque irrita facere quæ quis gessit, Antiquare.
Abolir du tout quelque magistrat, Magistratum tollere ac solo æquare.
Abolir une escriture par petis points qu’on met au dessous de chaque lettre en la maniere des anciens, Expungere.
Abolir une partie d’une loy par une nouvelle, Derogare.
Abolir un magistrat, Imminuere magistratum, B. ex Plin. iuniore, abrogare, tollere e republ.
Aboli, m. C’est mis hors d’usage, Abolitus, Obsoletus, Antiquatus, passiuæ significationis.
Abolie, f. C’est mise hors d’usage, effacée du tout.
Abolition, f. C’est effacement, aneantissement de quelque chose.
¶ Abolition außi est une espece de lettres de grace d’un prince souverain d’aucun forfait ou crime capital perpetré par une commune de pays, ville, bourg ou village de ses subjets. Car aucuns veulent mettre en avant cette difference, entre lettres de grace, & lettres d’abolition, c’est que lettres de grace soient dites quand à un, ou deux, ou trois, ou tel autre nombre de particuliers, se chargeans de tel delict, remission en est faite par ledit prince : & lettres d’abolition quand toute une commune se charge de tel forfait, dont nul n’est particulierement & designamment attaint, grace en est faite par ledit prince. Autres ne veulent restraindre si court ce terme d’abolition en fait de Chancelerie. Mais abolition en terme de droit se prend tout autrement & pour la grace faite par le souverain, soit par les juges presidiaux à un accusateur criminel de se desister de son accusation sans encourir la peine de l’arrest. Turpillian.
Bailler lettres d’abolition comme fait le Roy, Crimen vel nomina reorum abolere. Facinus concepta formula condonare.
Abolition de creances et vieilles scedules, Generale abolition de debtes passées, Tabulæ nouæ, nominum litura, abrasio, inductio.
Abolition de comptes, Alogistia, vel Alogia, B.
Abolissement, m. Abolitio, Abrogatio, Antiquatio.
Abominer, actif. acut. Avoir en abomination, Abominari, Detestari, Auersari.
Abominable, com. penac. Detestabilis, Abominandus.
Abomination, f. acut. Abominatio, Auersatio, Detestatio.
A bon escient, par forme d’adverbe, Re vera, data opera, haud ioco.
Abonder, Abundare, duquel il vient, et est neutre, Affluere, Scatere, Exuberare.
Qui abonde en quelque chose, Dapsilis.
Abondant, m. Abundans, Affluens, Huber, Hubertus, Profusus.
Abondante, f. penac. comme, Abondante nourriture, Alimentum largum.
Homme abondant & riche, Copiosus.
Fort abondant, Percopiosus, Valde affluens re quapiam.
Abondant en quelque chose, Affluens.
D’abondant, par forme d’adverbe, Ex abundanti, Comme vous diriez outre & par sus ce qui est necessaire. Ainsi apres avoir mis en avant plusieurs moyens qui peuvent suffire, on dit d’abondant, quand on en propose d’autres encore.
Abondance, f. penac. Abundantia, Affluentia, Copia.
Abondance de droit, Copia causæ.
Abondance de lait, Vbertas lactis.
Grande abondance de fueilles, Luxuria foliorum.
Grande abondance de paroles, ou de langage, Flumen, Copia verborum.
¶ Avoir abondance et foison de quelque chose que ce soit, Abundare, Affluere rebus omnibus.
Qui a grande abondance de sçavoir, Homo abundanti doctrina.
Jetter fleurs en abondance, Profundere flores.
Porter fruits en grande abondance, Exhuberare pomis.
En abondance, par forme d’adverbe, Plena manu, profuse, Opulenter, largitate eximia.
Abondamment, adverb. acut. Abundanter, Copiose, Liberaliter, Munifice.
Abonner, Est par equitable rabais avalluer une chose, pour estre payée en argent, si mieux le redevancier ne l’aime payer en espece. Comme, Tel fief est chargé envers son souverain à muance d’homme, d’un cheval de service, abonné à soixante sols, ou d’une paire de gants abonnez à deux sols, c’est à dire courtoisement appreciez entre le seigneur & le vassal.
Abonner aussi est composer par rabais avec un fermier public à certaine somme de deniers, pour toute la denrée et marchandise que pourrez debiter dedans certain temps prefix sur la vente de laquelle ledit fermier a droit de percevoir & lever le huitieme, ou autre droit. Aucuns l’escrivent Aborner, comme, si on disoit mettre & accorder certaines bornes et limitations de prix et redevance : de sorte que quelque quantité qu’on en vende, le droit de la verité ne passera le prix de la composition faite, quasi Adlimitare, siue certos pecuniae redemptori soluendae limites ac terminos pangere.
Abonner aussi, selon maistre Fr. Ragueau, signifie aliener, changer, quand le vassal aliene ses rentes & debvoirs, hommages, ou change l’hommage à devoir.
Aborder, act. acut. C’est venir à bord, approcher quelque chose, Applicare, Appellere, composé de a, et border.
Aborder, ou mettre les navires à bord, Naues ad terram applicare.
Aborder à terre, et se retirer vers quelqu’un, Se ad aliquem applicare, adire. Cic. lib. 3. epist. fam. Terent. in Andr. Verbis compellere. Lateri se alicuius adiungere.
Aborder de paroles aucun, Aggredi aliquem dictis.
Abord, m. acut. Approche, Appulsus, Appulsio, Applicatio.
Abordement, m. penac. Congressio, Congressus.
Abordable, com. gen. penac. Chose qui se peut aisément aborder, et approcher. Qui quæ ve adiri potest, estant ceste terminaison, able, és mots François le plus souvent signification de facilité et aisance, comme faisable, muable, tenable, qui se peut faire, muer, tenir, & en autres semblables.
Aborner, voyez Abonner.
Aboutir, act. acut. C’est faire bout, comme, L’aposteme a abouti. Caput fecit. Aboutir aussi est toucher à quelque chose & confiner à icelle par le bout, que les Latins appellent frons, comme, Cette maison aboutit au grand chemin. In fronte viam publicam limitem habet. Selon laquelle signification on dit les aboutissants d’une maison ou heritage, pour les limites des deux bouts d’iceluy de devant & derriere. Limites a fronte & tergo, aut a fronte & a tergo.
Aboutir à une terre, Attingere a fronte aut a tergo terram aliquam, Confinem esse.
Aboutissant, com. gen. penac. voyez, Aboutir.
Aboutissement, m. penac. Confinium, a fronte aut a tergo.
Abouuier, act. acut. Mot usité en certains lieux de Normandie, pour lascher les bœufs du joug apres qu’ils ont labouré, et les desjoindre. Abiugare tauros.
Abri, m. acut. Apricum, Aprici, Est un lieu couvert et remparé contre le vent et la pluye, Locus a vento ac pluuia tutus. On dit, estre à l’abri du vent, quand on est en un lieu remparé du vent, si que le vent ne le chocque point. Et par metaphore se prend pour retraite, lieu à garand et de seureté. comme, Je suis à l’abri de l’importunité du monde, de l’oppresse, de la guerre, de la calomnie. Liber ac tutus sum ab hominum importunitate, a vexatione, a bello, a calumnia.
Abri est en la terre ce que cale en mer, et partant ne peut estre de ce mot Latin apricus, jaçoit que Nebrissense rend en Espagnol abrigado lugar pour locus apricus.
Qui demande à estre à l’abri, et se tenir au soleil, Homo apricus.
Estre à l’abri, Apricari.
Se mettre à l’abri pour eviter la pluye, c’est à dire, à garand de la pluye, et se mettre à couvert. Sub tectum subire.
A bride auallée, par forme d’adverbe, Effusis habenis. voyez Bride.
Abricot, m. acut. Malum Armenium, Prunum Armeniacum.
Abricotier, Malus Armenia, Prunus Armeniaca.
Abrier d’arbaleste, voyez Arbaleste.
Abroger, Est Latin, act. Abrogare, Antiquare.
Abroger un edict, Edictum refigere.
Abrogation, penacut. Abrogatio.
Abruuer, Abruuoir, voyez Abbreuver, Abbreuvoir.
Absconser, Vient du mot Latin Absconsare, dont il tient sa signification, et signifie Abdere, Condere se in abditum. Les Picards dient Esconser. Le soleil est esconsé, c’est à dire, caché et couché, Occidit sol. Esconcement de soleil. Occasus solis. Aucuns dient Reconser.
Absent, m. acut. Est pur Latin. Absens, Estre absent, Abesse.
Faire quelque chose pour aucun absent, Absentis alicuius negotium gerere.
Il n’y a rien pour les absens, Absentum ratio non habetur.
Il gaigne autant absent que present, Absentis perinde ac præsentis ratio habetur.
Absence, f. penac. Absentia.
Absence legitime, Absentia iusta et causaria.
En nostre absence, Absentibus nobis, vel absente nobis.
Absenter, acut. est se partir d’un lieu, et transporter en un autre, et est tousjours prins en mauvaise part, comme, Il s’est absenté du pays. E patria excessit, diffugit, metu nempe supplicij ob aliquod facinus perpetratum, Absentare.
Absince, ou Absynthe, Absinthium, ou Absynthium. Aucuns l’appellent Aluyne : les autres Fort, à cause de la forte odeur et vehemente amaritude : Aucuns la mort aux vers.
Vin d’absinthe, ou d’aluyne, Absynthites.
Absoudre, act. penac. Est declarer innocent aucun des crimes à luy mis sus. Selon ce on dit, Il est declaré absous et relaxé. Absoudre aussi est delivrer et aquiter du forfait commis et de la peine qui en depend : et ainsi en usent les ecclesiastiques. Absoluere, E reis eximere.
Il vient du Latin absoluere, par syncope, metathese & epenthese.
Absoudre de peine et de coulpe, Eximere noxae poenaeque, B. Vulgo dicunt Absoluere a poena et culpa.
Absous, m. acut. Absolutus. Liberatus.
Absous à pur et à plain des cas à luy imposez, Reus omnino noxis solutus.
Absous par l’opinion de la pluspart, Absolutus copiose.
Absoute. f. penacu. Absoluta, Liberata.
Absoute generale, f. Lustratio populi, Lustria, qui se fait tous les ans la sepmaine saincte par l’Evesque.
Absolution, f. acut. Est pur Latin, et signifie declaration de n’avoir commis aucune faute. Culpae liberatio.
Absolution generale, ou absoute. Publica populi lustratio.
Abstenir, neutr. acut. Et est pur Latin, tiré de Abstinere, S’abstenir de vin un jour. Vino vnum diem temperare, Continere se a vino, Vino abstinere in vnum diem.
S’abstenir de manger, Cibo abstinere, Se cibo abstinere.
Abstinence, f. penacut. Abstinentia.
Abstinence de vin, Vini abstinentia.
Abstinence de soupper, Coenae abstinentia.
Abstinence de guerre, Feriae bellicae, B. Induciae temporariae.
Abstersif, m. acut. Qui a proprieté et faculté de nettoyer, Abstergendi facultate praeditus.
Abstersive, f. penac. Abstergendi vel detergendi facultate praedita.
Abstrus, m. acut. Caché, Profond, et partant difficile, Abstrusus, Reconditus, Occultus, est pur Latin.
Abstruse, f. penac. Occulta, Abstrusa, Recondita, Secreta.
Absurde, com. penac. Est pur Latin. Absurdus, absurda, adjectif, et quelquefois substantif, et se prend in extracto, et alors est neutre, comme, Ce seroit un trop grand absurde. Nimia haec quidem esset absurditas.
Absurdité, f. acut. Ineptia.
Absurdement, adverb. acut. Absurde.
Abuser, actiu. acut. Est n’user selon droit et raison de quelque chose. Abuti.
¶ Abuser aussi est tromper aucun sous fauce promesse et esperance, Falsum habere aliquem, Verba illi dare, Frustrari aliquem, Selon laquelle signification on dit, Abuseur pour un trompeur en ceste sorte.
¶ Abuser aussi est tomber en erreur, prenant une chose pour une autre, comme, Je me suis abusé en cela, Sum in ea re hallucinatus, Errore lapsus.
Abuser aucun et se moquer de luy, Aliquem frustrari, Deludere, frustra habere.
Abuser aucun et le tromper, Offundere errorem alicui, Imponere alicui, Frustrare aliquem, Frustrationem in aliquem iniicere, Frustrationes alicui dare.
Tu ne me sçaurois abuser, je te cognoy trop, Irrides, nihil me fallis.
Mener et abuser quelqu’un de belles paroles, Ductare aliquem frustra, Ducere aliquem phaleratis dictis.
Si je ne m’abuse, Nisi me animus fallit.
Tu abuses de tes amis, Stulte amicis vteris.
Il s’abuse beaucoup, Errat longe.
On s’abuse au nom, Erratur in nomine.
Tu t’abuses, cest à dire tu perds temps à penser faire cela, Nihil agis, B. ex Plauto, oleum et operam perdis.
Tu t’abuses si tu le crois, Erras si id credis, Falsus es.
Tu t’abuses totalement, Tota erras via.
Je sçay bien en quoy tu t’abuses, Teneo quid erres.
A fin que tu ne t’abuses, Ne frustra sis, B. ex Plauto.
C’est pour cestuy que je l’ay, et non pas pour toy, à fin que tu ne t’abuses, Huic, non tibi habeo, ne erres, Ne frustra sis.
Abusé, m. acut. Circumscriptus, Illusus, Falsus, Frustratus, Circunductus, Captus dolis.
Abusé par argent, Captus pecunia.
Estre abusé et trompé, Falsum esse, Frustra esse, Capi dolis.
Je suis abusé et deceu de mon esperance, Fefellit spes.
J’ay esté fort abusé de l’estime que j’avoy de toy, Opinio de te multum me fefellit.
O qu’il est bien abusé ! Vt falsus animi est.
Il est bien abusé et deceu de ce qu’il pense, Longe fallitur opinione.
Il ne m’a point abusé, Nihil me fefellit.
Si je ne suis point abusé en mon cas, Si bene me noui.
Abusée, f. penac. Elusa, Decepta, Errans.
Abus, m. acut. Abusus, huius abusus, Abusio, abusionis.
C’est abus, Frustratio est, opera perditur.
Abus et tromperie, Impostura, Frustratio, Praestigiae.
Abuseur, m. acut. Impostor, Frustrator, voyez Abuser.
Abuseur de simples gens, Supplantator simplicitatis.
Abusement, m. acut. Frustratio, Ludificatio.
Abusif, m. acut. Ce qui est contre l’usage commun, Frustrarius et frustrarium.
Abusifve, f. penac. Frustrariae.
Abusement, m. acut. Frustratio, Ludificatio.
Abysme, m. penac. substantif. Est proprement quelque profondeur sans fonds arresté, c’est à dire en laquelle on ne void point de fonds. Baratrum, Vorago, Abyssus, mot Grec dont il semble que Abysme François soit tiré, mais Abussos en Grec signifie un abysme d’eau, là où le François dit particulierement Gouffre, et par mot general Abysme, qu’il applique aussi à toutes profondeurs immenses, soyent terrestres ou autres. Et est Abysme composé tout ainsi que le Grec Abussos, de A particule Grecque privative et negative ; et de ce verbe Grec buô, qui signifie clorre, fermer, parce que l’abysme est patent et sans arrest ne obstructure au fonds, ains de profondeur desmesurée. Et parce que du present dudit verbe buô, le preterit parfait est bébusmai, dont busma et busmos inusité viennent, le François l’escrit par s, Abysme, combien qu’il ne le prononce, ains comme s’il estoit escrit Abyme. Ou bien il est composé de A particule Grecque intensive, que les Grecs appellent epitatique, et buthmos, qui signifie caverne, comme si l’on disoit, une grande et merveilleuse profondeur et lieu caverneux ; selon laquelle composition, la lettre, s, y seroit du tout superfluë, et n’y servant de rien, non pas mesmes pour charactere de la deduction dudit mot. Abyme.
Abysmé, m. acut. adjectif. Est jetté ou lancé en abysme. In imum deiectus, Voragine absorptus, qui chasmate deglutitus est. Le François use de ce mot plus communément, quand une crevasse et ouverture se fait en terre, qui engloutit ce qui luy estoit au dessus, comme Sodome, et Gomorrhe furent abysmées. Le village de Frittole aupres de Puzzole a esté abysmé. Chasmate deuoratae. Hiatu terrae ingenti absorptae fuerunt. Combien qu’il en use aussi en cas d’abysme d’eau, et par translation, en use pour dire que quelqu’un est de bien haut estat et richesses devenu miserable. In imum rerum humanarum demersus.
Abysmée, f. penac. adjectif.
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