Dictionaire général et curieux/Index Part 1

Pierre Guillimin (1p. -5).

DICTIONAIRE
GENERAL
ET CURIEUX
CONTENANT LES PRINCIPAUX MOTS,
ET LES PLUS USITEZ EN LA LANGUE FRANÇOISE,
leurs Definitions, Divisions, & Etymologies ;
ENRICHIES D’ELOQUENS DISCOURS, SOUTENUS
de quelques Histoires, de Passages des Peres de l’Eglise, des Autheurs & des Poëtes
les plus Célèbres Anciens & Modernes :
AVEC DES DEMONSTRATIONS CATHOLIQUES
Sur tous les Points qui font conteftez entre ceux de l’Eglise Romaine
& les Gens de la Religion Prétendue Refomée :
OUVRAGE TRES-UTILE, ET TRES-NECESSAIRE,
a toutes sortes de Personnes, & particulierement à ceux qui veulent Composer,
Parler en Public, & Diriger les Ames ;
QUI TROUVERONT DANS CE VOLUME UNE RICHE BIBLIOTHEQUE
& une Table très-fidele des Matieres capables de satisfaire l’esprit des Lecteurs, par la
grande diversite des Sujets dont il traite :
PAR Mr CESAR DE ROCHEFORT
Docteur es Droits, agrège à l’Université de la Sapience de Rome, Juge des Appellations du Comté
de Grôlée, & Juge ordinaire des Terres du Prieuré de S. Benoit pour Monsieur l’Abbé de la Chaize.
PREMIÈRE ÉDITION.
À LYON
Chez PIERRE GUILLIMIN, rue Belle Cordière.
M. DC. LXXXV.
AVEC PRIVILEGE DU ROY

A TRES ILLUSTRE SEIGNEUR,

MESSIRE ROGER JOSEPH-DAMAS

DE MARILLAT,

DOYEN DE L’EGLISE

ET COMTE DE LYON.

ONSIEUR.





Je sçay que vos rares talens meriteroîent un plus riche & un plus magnifique present que celuy-çy, mais je ne dois pas pour cela, ce me semble, décrier le sujet de mon Livre, ny dire à vostre recommandation qu’il est tout à fait indigne de vous estre dedié, puisqu’il contient plusieurs choses qui concernent l’Etat de l’Eglise Naissante, ses Progrez, le Traité de ses sacremens, & plusieurs autres choses curieuses, que de personnes bien éclairées ont jugé devoir estre mises en lumiere. Toutes ces raisons m’ont fait esperer l’honneur de vostre protection & de vostre estime, & je pourrois me flater dés ce moment de cèluy de l’approbation universelle, si j’estois assez heureux pour mériter la vostre ; il ne me seroit pas mesme permis d’avoir mauvaisè opinion de mon Ouvrage si vous en aviez porté un jugement favorable.

Nam magnis placuisse viris non ultima Laus est.

Les cent bouches que les Poëtes donnent à la Renommée ne valent pas celle d’un homme illustre, ses jugemens font le prix & le caractere du mérite des choses. On sçait que la sagesse a paru en vous aussi-tost que la raison, elle a le mesme âge que vous vous donnez ; & si cette vertu accompagnée de ces hautes connoissances de vostre esprit, vous fait occuper aujourd’huy le premier rang dans un Chapitre le plus Auguste, le plus Noble, & un des plus anciens de la Chrétienté ; On peut dire que vous y êtes monté par un progrez continuel que vous avez fait en cette vertu : Si bien que lors que Messieurs de vostre Chapitre vous nommèrent pour leur Chef dans un âge peu ayancé, il est constant qu’ils estoient instruits & persuadez de cette verité, & de l’applaudissement general que vous veniez de recevoir en prenant vos degrez en Sorbonne : Ces Messieurs remplis de prudence & de sagesse n’eurent pas besoin de fatiguer leur veûe en la portant dans les générations passées, ils trouvèrent en vous mesme tous les sujets de vostre exaltation ; ils reconnurent en vostre Pérsonne toute vostre Illustre Genealogie ; Votre vertu a esté l’epitaphe dans lequel ils ont remarqué la gloire de vos Ayeuls, qui ont occupé les plus éminentes charges de l’Estat ; il faut donc conclure, que c’est vostre merite, vostre Vertu, qui negotierent cette affaire dans cette Assemblée : Et comme vous faites régner par tout la vérité vous trouvez dans ce vénérable Corps des admirateurs qui vous cherissent en esprit, & vous reverent en vérité, & on peut dire qu’ils ont donné des marques de leur estime & de leur affection dans l’uniformité de leurs suffrages : L’Ange Tutelaire de cet illustre Chapitre cherchoit un Ministre capable de succeder à tant de grands Hommes qui ont remply vostre place ; mais comme vous avez esté jugé digne de soutenir ce Nom & cette Dignité, tous les desirs communs se sont trouvez accomplis, & les souhaits ont finis à vostre heureux avènement.

Ainsi MONSIEUR, on a trouvé en vostre illustre Personne un Chef tel qu’on souhaitoit, on y a remarqué cette grande intelligence, une conduite toujours accompagnée d’une gravité joyeuse, une tranquilité active, & une force infatigable de corps & d’esprit.

Les Assemblées générales du Clergé où l’on vous a vu comme Député ont rendu témoignage de vostre sagesse dans les délibérations, de vôtre justice dans les decisions, de vostre vigueur dans l’execution, & sur tout de cette fermeté inébranlable avec laquelle vous avez soutenu les interests de l’Eglise ; Tous ces grands Prélats qui composoient cet illustre Corps furent etonnez de cette conduite si discrete que vous faites paroître en toutes rencontres, de ce discernement admirable à éclaircir les affaires les plus difficiles, les plus subtiles & les plus importantes, & de cette maniere de les décider avec douceur & équité.

Ce grand génie a paru lors que vous avez abordé les Princes qui ont passé en cette ville, après vous avoir écouté ils ont avoué que Paris ne renfermoit pas tous les grands Hommes ; ils ont esté charmez d’une sagesse si profonde, d’une éloquence si divine, & d’une abondance si extraordinaire de lumières : Voilà, MONSIEUR, les
glorieux fruits de ces longues & grandes etudes que vous avez faites dans vostre tendre jeunesse.

Il ne faut donc pas s’étonner si vostre Chapitre donne de la jalousie & de l’envie à ceux à qui Dieu n’a pas distribué le mesme avantage, & qui ne vivent pas toujours de bonne intelligence avec leur Chef, au lieu que dans un mesme Choeur, on voit souvent des coeurs bien divisez ; on entend dans celuy de vostre Cathedrale un admirable concert de voix & de volontez ; Le particulier y profite de vostre presence, il s’édifie de l’exemple de vos vertus, de la regularité de vostre vie, & de la prudence de vôtre conduite.

Toutes ces belles qualitez vous attirent tous les jours de plus en plus l’amour & l’estime de tous les Ecclesiastiques, & la veneration des gens de bien ; Mais MONSIEUR, il faudroit en cette rencontre une plume plus fertile que la mienne, qui ne laisse pas de prendre la liberté de vous interposer comme son protecteur & médiateur, auprès de ceux qui liront cet Ouvrage : Je ne sçay pas l’issuë qu’il pourra avoir, mais j’en tireray toujours l’advantage qu’il me donne de vous rendre un témoignage public des profonds respects avec lesquels je suis


MONSIEUR,





Vostre tres-humble & tres-
Obeissant serviteur,
CESAR DEROCHEFORT

AU LECTEUR

HACUN sçaît qu’un Dictionaire est un Ouvrage qui ne fe peut faire que peu à peu, & avec beaucoup de temps & beaucoup de peine ; que la lecture des plus excellens Autheurs eft neceffaire pour le rendre utile, & qu’il eft mal-aisé de ne fe pas fervir de leurs plus belles expreffions pour le rendre agréable ; & c’eft ce qui oblige les Critiques de dire, qu’il ne faut pas une finguliere induftrie, ni beaucoup de travail non plus, à ranger fous de certains titres les fentences tirées de divers Livres, telles que tout le monde les conçoit d’abord ; Mais il faut qu’ils demeurent d’accord, qu’il y a peu de perfonnes capables de pénétrer jusques au sens caché des doctes Ecrivains, & il s’en trouve encore moins qui les sçachent ranger dans la place qui leur convient : Si bien que lors que cette règle est foigneusement gardée, on ne sçauroit sans injustice rejetter un Livre qui vous donne dans le moment des instructions curieuses sur la diction qui vous tombe dans la pensée ; Car encore que ce que l’on debite vienne en partie des Oracles de l’Antiquité, ou de la plume des sçavans modernes dont les écrits font aujourd’huy en estime, tout cela n’ôte pas le mérite d’une nouvelle compofition, ny le prix d’un ouvrage qui eft capable de tenir lieu de biblioteque à ceux qui n’ont pas les moyens de fe fournir de quantité de livres. On remarque cela dans la Nature, que toute admirable quelle est, & toute puissante, elle ne produit point de mixtes qu’en fe fervant d’une matière commune & en employant les quatres Elemens, & cela n’empefche pas que l’on ne reconnoisse dans toutes fes opérations quelque chofe de Divin ; un bouquet composé de plufieurs belles fleurs ne perd point fon agrément pour avoir efté cueilli en divers parterres. J’advoue ingénument que ce n’estoit pas mon deffein, encore moins ma pensée de conduire ce Recueil aux yeux de tout le monde, il a demeuré long-temps enfevely dans mon cabinet, où il n’eftoit visité que lors que j’eftois obligé de parler en public, & de foutenir quelque belle caufe dans le Barreau ; mais puis que quantité d’habiles gens qui ont vifité mes manufcrits ont jugé qu’ils contenoient de chofes curieufes & dignes d’eftre mifes fous la preffe ; cela eft caufe que j’ay mieux aymé me soumettre à la Censure de ceux qui ne trouvent rien capable de flater leur goust, que de ne pas deferer aux sentimens de plusieurs personnes qui m’ont donné leur approbation : Que si à la première ouverture de ce Dictionaire l’on ne trouve pas d’abord de quoy se satisfaire, il est certain neamnoins qu’estant remply de diverses choses curieuses, on trouvera dans une autre page quelque chose qui flatera le goust, & ce qu’il y a de plus important est que les citations sont fort régulières. Le Ciel qui donne tel succez qu’il luy plait aux choses, me veüille procurer l’approbation des honnestes gens, & la benediction de ceux qui tireront quelque utilité de mes soins & de mes travaux.




A MONSIEUR
DE ROCHEFORT
SUR SON DICTIONAIRE.


SONNET.


RAITER de Dieu, du Ciel, des Hommes, de la Terre,

Du Sçavoir, des Vertus, des Arts & de la Guerre,

Et sur chaque sujet, pour ne rien ignorer

Fournir mille moyens de pouvoir raisonner.


De l’épineux sçavoir & vaste en tant de choses

Nous choisir le plus pur, n’en offrir que les roses,

Et pour que l’on se passe, de Volumes divers,

Dire tout en un seul, instruire l’Univers.


Des Vivans & des Morts, ne faire qu’un Histoire,

Reduire dans un corps l’esprit universel,

Eclairer la raison, diriger la mémoire.


C’est donner aux humains, un secours sans pareil,

C’est se rendre immortel, c’est se couvrir de gloire,

C’est estre tout à tous, comme un autre Soleil.


JOSEPH IGNACE VIOSSY, Avocat
Au Souverain Senat de Chambery
_______________________________________

SIXAIN



AVant que Rochefort eut mis la plume en main .

La vie estoit trop courte, l’on travailloit en vain,

Il fallott estre vieux pour sçavoir quelques choses ;

Mais qui de son recueil voudra lire le cours

Peut sur l’Art de parler recueillir mille roses,

S’instruire & devenir sçavant en peu de jours.

JEAN MILLIERET,
Juge de Belley.
A MESSIEURS
LES ESCRIVAINS, IMPRIMEURS,
ET
A MONSIEUR GUILLIMIN.


ESSEZ vous fatiguer, vigilans Escrivains

Curieux Imprimeurs, & vous fameux Libraire,

Cessez vous accabler, & d’Autheurs & de soins,

ROCHEFORT seul contient, de quoy vous satisfaire.

JEAN BRILLAT, Avocat
en Parlement.


PRIVILEGE DU ROY.


OUYS par la Grace de Dieu, Roy de France et de Navarre : A nos Amez & fcaux Confeillers les Gens tenans nos Cours de Parlemens, Requeftes ordinaires de nôtre Hôtel, Baillifs, Sénéchaux, Lieutenant Civils, & autres nos Jufticiers, & Officiers qu’il appartiendra, SALVT : Nôtrc bien amé Pierre GVILLIMIN Marchand Libraire à Lyon, nous a fait exposer qu’il defireroit faire imprimer les deux Livres fuivans ; l’un en Latin, intitulé Dictionarium aureum Iuridicum ex Leonis Philosophi Hexecontabyblo depromptum & diligenter Collectum Per Mag ? Caesarem de Rochefort I. V. D. appellationum Comitatus de Grollée, & terrarum sancti Benedicti Iudicem ; Et l’autre en François intitulé Dictionnaire General & Curieux, contenant plusieurs beaux difcours éloquens, avec divers passages des Docteurs Anciens & Modernes, des Peres de l’Eglise & des Poëtes, composé par le mesme Autheur, lesquels Livres sont très-utiles au Public, s’il nous plaisoit luy accorder nos lettres sur ce necessaires : A ces causes voulant favorablement traiter l’Exposant, Nous luy avons permis & accordé, permettons & accordons par ces presentes, de faire imprimer lesdits Livres en tels volumes, marges, caracteres & autant de fois que bon luy semblera, pendant le temps de dix années confecutives, à commencer du jour qu’ils seront achevez d’imprimer, iceux vendre & débiter par tout nôtre Royaume, Païs, Terres & Seigneuries de nôtre obeïssance ; faifant comme nous faifons tres-expresses inhibitions & défenfes à tous Libraires, Imprimeurs & autres, d’imprimer, faire imprimer, vendre & débiter lefdits Libres, fous prétexte d’augmentation, correction, changement de titre, impression étrangère fur les anciennes copies, ny autrement en quelque manière que ce soit sans le contentement de l’Expofant, ou ayans caufe, fur peine de confiscation des exemplaires contrefaits, deux mille livres d’amende, dépens, dommages & interests, à la charge d’en mettre deux exemplaires en nôtre Bibliothèque publique, un en nôtre Cabinet des Livres en nôtre Château du Louvre, & un en celle de nôtre tres-cher & feal Chevalier Chancelier de France le Sieur le Tellier, auparavant que de les cxpofer en vente à peine de nullité des prefentes ; à la charge de les faire imprimer en beau papier & caracteres fuivant nos Ordonnances. Si vous mandons que du contenu en ces prefentes vous fassiez jouir & ufer ledit Expofant, plainement & paifiblement, cessant & faisant cesser tous troubles & empeschemens
au contraire ; voulant que mettant au commencement ou à la fin de chaque exemplaire l’extrait des presentes elles soient tenuës pour bien & deüment signifiées à tous ceux qu’il appartiendra : Commandans au premier Huissier ou Sergens Royal sur ce requis, faire pour l’execution des presentes tous exploits requis & necessaires, sans pour ce demander autre permission, nonobstant clameur de haro chartre Normande, & lettres à ce contraires : Enjoignons au Syndic des Libraires & Imprimeurs de la Ville de Paris d’enregistrer fur le livre de la Communauté des Libraires le present Privilège, à la première requisition que luy fera faite, & sans aucuns frais, Car tel est nôtre plaisir. Donné à Versailles le 2. jour de Décembre l’an de grâce 1683. & de nôtre règne le quarante-unieme.
Par le Roy en son Conseil,
DE FALENTIN.

Registré sur le Livre de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris, le onzieme jour de Decembre 1683. Suivant les Arrests du Conseil d’Estat & Privé du Roy des 25. Octobre 1663, & 27. Fevrier 1665, à la charge de fournir un exemplaire de chacun desdits Livres cy-contenus à ladite Communauté des Libraires de Paris, suivant les Ordonnances & Reglemens.

ANGOT, Syndic.
Les Exemplaires ont étez fournis.

Achevé d’imprimer pour la première fois le 4. Novembre 1684.


LE

DICTIONAIRE

GENERAL

ET

CURIEUX,

CONTENANT DES ELOQUENS DISCOURS

sur les Mots les plus usitez en la Langue Françoise.

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A

AGE. La vie de l’Homme a esté divisée par Pithagore en quatre Aages, qu’il fait respondre aux quatre Saisons de l’Année : La Puerilité au printemps, à cause de sa complexion verdoyante ; La Jeunesse à l’Eté, qui commence à produire des fruits : La Virilité à l’Automne, qui achève toutes les actions : Et la Vieillesse à l’Hyver, qui est une grande diminution de chaleur, & de forces.

Les Astrologues faisant un détail plus particulier, divisent la vie humaine en sept façons : En l’Enfance, qu’il rapporte à la Lune, à cause de son humidité : En la puérilité, qu’ils rapportent à Mercure, à cause de son activité : En l’adolescence, qu’ils rapportent à Venus, à cause qu’elle commence à ressentir les aiguillons de la chair ; En la Jeunesse, qu’ils referent au Soleil, d’autant que la Beauté de l’Homme réduit à cét âge : En la virilité, qui se rapporte à Mars, qui est tout vigueur, & tout courage : En la vieillesse, qu’ils comparent à Jupiter Père des bons Conseils : En la Decrepité, qui regarde Saturne, qui est tout froid, foible & sans vigueur.

Varron prend la vie humaine de cinq façons, dont la derniere est le pas de la Mort ; de mesme que les Poëtes on divisé la Commedie en cinq Actes, dont le dernier est appellé Catastrophe, qui est la fin, & la conclusion du Jeu.

Ætas nulla ad discendum sera, Augustin. Ad Hieron. Nunquam ita quisquam bene seducta ratione ad vitam


Fuit quin res, ætas & usus semper aliquid adportet novi, aliquid moneat, ut illa, quæ tu scire credat, nescias. Therent.

Les Areopagites condamnerent autrefois un Enfant pour avoir crevé les yeux à une Perdrix, montrant par là son naturel inhumain & cruel.

Pausanias raconte que les Caphienses lapiderent des Enfans, pour avoir jetté une corde au col de la Statuë de Diane, & crié qu’ils l’étrangloient, & c’est parce qu’ils crûrent, que leur âge estoit accompagné de malice ; Que supplet ætatem ut lege 3. Cod. Si ùinor. Nos Cours Souveraines gardent plus de moderation, quand il s’agit de juger des Impuberes, pour des meurtres commis par eux, par fer, poison, ou autrement, comme il est decidé par les Arrests rapportez par Dufresne en son Journal des Audiences, Vol. premier, chapitre 70. édition de l’année 1678, livre 1.

Factum suum lamentabatur patrocles pubertate, & ætatis vigore amissis. Homer. in Iliad.

ABANDONNER. Il ne faut jamais abandonner ce que l’on a commencé, quelque difficulté qui puisse se presenter. Voyez Achever.

L’abandonnement, & la douleur, sont les seuls maux de la nature. Quo redactus sum, omnes noti me, atque ignoti deserunt. Therent.

Les injures de la Fortune ne doivent jamais nous faire oublier nos Amis. Fœlicibus, & infalicibus amicis, semper idem esto. Cypselus apud Stobæum : C’est une infamie de mesurer nostre amitié avec la durée de la prosperité de nos Amis, ny de leur vie, il faut les aymer jusques au tombeau. V. Amitié.

Le Peuple Romain ayant par lâcheté abandonné Drufus & Neron, enfans de Germanicus, Titus Sabinus Chevalier Romain, ne se peut jamais résoudre à cette infamie, malgré leur disgrace, il ne les quitta jamais. Sectator domi comes in publico, post tot clientes unus, dit Tacite.

Non debes navum tempestate oppressum desinere, qui ad eam tranquille mari venit. Joseph de bell. jud.

ABASTARDIR. V. Degenerer.

ABBAISSER. V. Humilier.

La Providence se sert souvent des plus petites choses, pour nous humilier, infirma mundi elegit, ut confonder et fortia i. Cor. c. i

Le veritable moyen pour nous élever, c’est de nous abaisser, qui via satiari panibus Christi, discumbe super fœnum, imo te ipsum fœnum esse cognosce.

Les grands ne s’élèvent jamais plus haut, que lors qu’ils s’abaissenr. Scilicet qui vere maximi sunt, hoc uno modo possunt crescere, si se ipsi submissant securi magnitudinis sua, dit Costard écrivant à Monsieur de Servien, il avoit tiré ce passage de Pline in Panegyr. Trajani.

L’Empereur Adrien estoit fâché, quand on luy ostoit la liberté de dépouiller sa Majesté, pour familiariser avec ses Domestiques. Matth. en la vue de Louis XI. livre 6.

ABATTRE. Les ames genereuses ne se laissent jamais vaincre dans les adversitez, toutes les disgraces de la nature ne sont pas capables de les abattre, un cœur haut & relevé se range bien-tost aux décrets de la Providence. Contemptor omnium quibus torquetur vita. V. Adversitez. V. Afflictions.

ABBE’. Abbas apud Habreos, veut dire Pere, & dixit Abba Pater, omnia tibi sunt possibilia. Marc. c. 1 4. n. 36. Galat. 4.6.

Les Abbez refusoient de se soumettre à la Juridiction des Evêques, le Concile de Rheims les y a obligez, ils ne voulurent pas y déférer ; le Pape Innocent II. écrivit à Hugues Archevêque de Rouen de ne pas user de son authorité, crainte de plus grands inconveniens. Mezeray en la vie de Philippes Auguste 41. Roy.

Le Pape Innocent III. crie contre les Abbez, qui suis finibus non contenti, manus ad ea, que sunt Episcopalia dignitatis extendunt, cap. extra de excessib. Prælat.

Les Abbez doivent avoir plus de probité, que de science. Bald. in Rub. Cod. de summ. Trin. Ils estoient autrefois si ignorans, qu’on leur expliquoit l’Oraison Dominicale ; cela fut cause, que les Abbesses se méloient de donner de Benedictions, de voiler des Filles, & de les recevoir de leur authorité. leur ignorance estoit accompagnée d’une extrême avarice, de manière qu’ils vendoient tous les Sacremens, au rapport de Mezeray en la vie de Charlemagne.

Du temps de ce Roy on appelloir Abbez les Capitaines qui mangeoient les revenus des Abbayes, & même ceux qui enseignoient l’art militaire aux autres, idem.

On fait auiourd’huy tres-bon marché par tout le Royaume de la qualité d’Abbé, les moindres Ecclesiastiques se l’attribuënt, mêmes ceux qui n’ont aucun benefice, ny esperance d’en avoir, c’est un fantôme de vanité insupportable.

ABEILLES. Apes, ex vitulo sive bove mortuo, les Guespes, Vespe nascuntur ex equo apud Nicandrum. Celuy qui a couché avec une femme, est mordu le lendemain s’il approche de la Ruche, elles sentent d’une lieue les fleurs, dit Scaliger.

Les Abeilles ont parmy elles en chaque Ruche un larron de miel, qu’elles chasse, il n’a point d’aiguillon, & les Latins l’appellent Fucus, c’est ce que nous appelions Bourdon. Il y a divers animaux qui ont parmy eux un Roy de diverse espece, comme les Abeilles, les Ralles, les Cailles, & les Guespes ; Scaliger in Verbo oyseau, y ajoute les oyseaux de Paradis, qui sont sans pieds ; ita baleces, & pediculi, & bos quia socialia sunt animalia.

Il y a bien du plaisir de voir travailler les Abeilles au retour de la belle saison ; lorsque dans les champs fleuris, elles s’exercent au rayons du Soleil par un travail assidu, soit qu’elles mettent hors des Ruches leur nouvelle famille, soit qu’elles affermissent leur miel coulāt, soit qu’elles reçoivēt les charges de leurs compagnes, qui revennent continuellement de la picorée ; cet agréable ouvrage s’avance avec ferveur, & avec une intelligence admirable, de maniere que le miel nouveau fait bien-tôt sentir l’aimable odeur du thin, & des autres fleurs dont il est composé.

ABOLITION. Celuy qui obtient l’abolition de son crime, se met au nombre des innocens, & reprend son premier rang, nomen ejus de Reis eximitur, l. 3. ss. de accusas.

Quoyque la parole d’un Roy soit un fondement inébranlable, neanmoins en matiere de crime de leze-Majesté, il faut toujours faire entériner les lettres d’abolitions au Parlement : Mathieu, en la vie d’Henry IV. livr. 5.

Après la mort du Maréchal de Biron il y eust abolition & Amnistie générale, de manière que les seditieux vivoient à la Cour comme les fidelles sujets, pesle-mesle, on pouvoit dire pour lors avec Seneque. Quale hodie esset imperium, nisi salubris providentia viitos permicuisset victoribus. De ira, cap. 34.

Le traître, le trahy, le mort, & le vivant,
Se trouvent A la fin amy. comme devant.

Corneille.

ABONDANCE. Ceux qui sont gorgez de contentemens & de richesses, ont le plus de trouble & d’agitation ; l’abondance qui devroit causer leurs repos les jette dans une coufusion si grande qu’ils ont peine de se trouver eux-mêmes : Senec. De benfic. lib. 5. chap. 12. V. Possession. V. Rareté.

Quod prosunt multa cubicula in uno jacetis, vestrum non est, ubi non estis. Idem, epist. 89.

Du règne de Loüis XI. les denrées & les marchandises eftoient à tres-vil prix, il fit acheter vingt-quatre pipes de vin de Grave, qui ne coûterent que vingt-huit livres. Mathieu, en sa vie.

Dans le coûtumier de Bourbonnois, on voit, que le mouton ne valoit qu’onze sols six deniers, celuy d’Anjou, arresté en 1506. fait voir que le mouton gras avec sa toison, n’estoit estimé pour lors, que sept fois six deniers : En Auvergne dans ce même temps, le mouton ne valoit que cinq sols suivant le dire du même Autheur ; Ibid.

Les Empereurs Romains se sont toujours étudiez à maintenir les Peuples en abondance. Voyez Pain. V. Populace.

ABORD. Arrivée. Aux advenemens & arrivées des Princcs, on leur demande tout ce qu’on desire d’eux, parce qu’apres leur établissement, ils n’en veulent plus oüir parler ; ce mutin de Percennius ayant disposé tous ses camarades à la révolte, dit : Quando ausuros exposcere, nisi novum & nutantem adhuc principem pracibus, vel arinis adirent, Tacit. annal. l. i.

Aux advenemens des Grands, & de ceux qui ont des dignitez, on juge d’abord de ce qu’ils feront dans l’exercice de leur charge, tant par leurs actions, que par leurs paroles, qui sont les habits d« nôtre idée. Sévère entrant dans l’Empire dit, Laboremus, & Pertinax dit, Milisemus, qui furent des augures de la paix, ou de la guerre de leur Empire : Principioque sunt inchoate malo, vix bono perguntur exitu. I. universis, Cod. qui dare Tut vel Cur. Voyez Rencontre.

ABSENCE. Le plus cruel tourment de ceux qui aiment passionnément, c’est l’absence, elle diminue les mediocres passions, & augmente les grandes, comme le vent éteint les bougies, & allume un grand feu.

La Constance dans un éloignement est plutôt une marque d’un esprit barbare, que d’un esprit ferme, sur tout quandi la personne que l’on aime a quelque grand merite ; l’absence d’un sujet rare ne peut causer de médiocres déplaisirs, c’est un martyre sans égal ; un amant n’est jamais heureux, ny content éloigné de sa maîtresse, parce que se voyant privé de ce qu’il croit faire toute sa félicité & son plus grand bien ; il est impossible qu’il ne soit inquiet au moment qu’il en a perdu la presence.

Magnus in erepto sævit amore dolor.

L’amour se fait mieux sentir par la privation, que par la jouissance, on ne connoit jamais mieux i’excez de nôtre affection, que par l’éloignement de l’objet qui l’entretient, nous quittons avec douleur ce que nous possedons avec plaisir : Quantum amando df seccaverunt perdendo senserunt, l. 1 Cant. cap. 8

On ne juge jamais de l’excez de nôtre amour que par l’extreme doulleur que l’absence nous cause, on connoit parfaitement le poids de nos fers, au moment que nous les avons quittez : Plerumque cum adsunt nobis putamus quod ea non diligimus ; sèd cum abesse cœperunt invenimus quid simus, hoc enim sine amore aderat, quod sine dolore discessit. Augustin. lib. de ver. relig. cap. 47. V. Rareté.

L’absence nous fait connoître le prix des choses, que nous perdons, vix bona nostra aliter, quam perdendo cognoscimus Pettarq. de remediis 3 il faut perdre ce que nous possedons pour en connoître le prix, & on cherche souvent avec des empressemens sans effets, ce que l’on a rebuté par le mépris dans la facilité de le posseder. Voyez Jouïssance, V. Possession. V, Rareté.

Pendant l’absence les amoureux font mille soupirs, mais à la fin les soupirs se lassent de faire tant de chemin. Un homme sage craint de gemir, pour une personne qui peut-estre est morte, ou qui luy est infidelle, ce qui arrivent tres-souvent. Ciceron, lib. 3. de Officiis, écrivant à son fils dit, pendant que vous serez absent, je ne laisseray pas de vous parler & de vous dire, que vous m’êtes bien cher, que vous faites toutes mes delices, encor plus, si vous suivez mes preceptes :

Vt solis jam cadentis dulcius lumen esse solet, de même nos amis venant à se separer de nous, leur amitié & la nôtre s’augmente.

L’absence ne doit jamais changer un cœur, il doit par tout conserver ses premieres ardeurs, de même lorsque le Soleil se retire de nôtre horizon pour aller éclairer une autre partie du monde, il n’est pas moins puissant, que lors qu’il dissipe actuellement nos tenebres, qu’il conserve la chaleur dās les Antypodes & dans l’Afrique, ainsi nous devons estre constants pour nos amis absens, comme s’ils estoient presens.

La palme devient un arbre sec à l’absence de son mâle, & au moment qu’elle peut réjoindre ses rameaux, elle rajeûnit visiblement.

ACCEZ. Pour dépeindre un homme d’un abord & d’un accez difficile, voicy comme Emphis le décrit, in Atheneo Deinosoph.

Faciliere millies sorte ad Imperatorem
Tu accesseris citius ille sive te sermone dignabitur,
Et si quid interroges, responsum dabit
Quam ab isto execrando. V. Arrogant

Le facile accez est une partie du devoir du Prince, Lar. Pac. dit cecy de l’Empereur Theodose, Creber egressu expectantibus populis te fateria, nec videris modo pariens, sed facilis adiri à proximo recipis etiam vota ebriorum hominum.

Louys XI donnoit des Audiences publiques à tous ses sujets, son accez eftoit doux & charmant, sà presnce estoit agreable. Mathieu, en sa vie, 1. 3.

ACCIDENT. Les petites choses nous troublent souvent davantage, que les affaires d’importance, l’accident fait plus que le principal, les circonstances menuës picquent plus vivement que le sujet de la chose, la robbe de Cesar ensanglantée troubla plus Rome, que sa mort. Voyez Apparence. V. Imagination.

Aux accidens imprevus, il est malaisé de se promptement resoudre. Tela præviva minus seriunt.

Mépris des accidens. V. Fermeté.

Casus ad Consilium non admittitur. die Hyppoc.

Les grands accidens étourdissent souvent les ames les plus resoluës. Voyez Malheur.

La pluralité des accidens fait perdre les sens, Spammenitus Roy d’Egypte vaincu par Cambyse, vit sa liberté perduë avec ses Estats, son fils conduit au Gibet & sa fille esclave avec une grande constance, mais au moment qu’on luy fit voir un de ses amis tout déchiré de coups, il s’abandonna à la douleur. Baudoin, en ses Emblèmes, vol. 2. discours 51.

ACCLAMATIONS. Aux advenemens des Princes, & à leurs premières entrées dans les villes, les Peuples ont accoutumé de faire des acclamations & des réjouissances publiques ; on voit dans Eumenes in Panegy. Constantini, que cet Empereur faisant son entrée dans la grande Bretagne, où il avoit pris naissance, les peuples le recevoient avec tant d’applaudissemens & d’acclamations, qu’ils baissoient les voiles & les avirons du navire qui l’avoit amené, & ajoute qu’ils estoient prests de tapisser de leurs propre corps, le pavé par où il devoit passer. Navis illius qua tuum numen adduxerat vela, vemigiaque venetrantes, paratique te ingrediantem stratis sentir corporibus.

Dans le Code Theodosien Livre 7. il est fait mention des acclamations du peuple Romain, aux entrées des Empereurs Auguste, & Constantin. Dij nobis vestra salus, nostra salus, & ailleurs In te omnia per te omnia habernus Antonine, Lamprid.

Τόν, Τόν έκοντεζ πάνλα έκομερ

Lors qu’Agripine entra dans la ville de Rome les peuples crioient, Salve decut patria, Augusti sanguinem, antiquitatis specimen, dit Tacite, Quid tam grande Sophos tibi clamat turba togata. Martial.

Lampridius parlant de l’entrée d’Alexandre Sèvere dans la ville de Rome dit, que les peuples crioient Salve Roma, quia salvum Alexander.

Les Hebreux crioient, Hosanna, erat enim formulæ faustæ acclamantium. Matth. 21. v. 9. Hosanna vami. Levit. 23, in fin. Les Grecs crioient, Agatetuche.

Fronte huntium feriunt Orientales principem ad adventum veneraturi. Isai. 49. v. 23.

ACCOMMODEMENS, Voyez Accord. V. Réconciliation.

Les affaires à l’honneur ne se reparent point,
Les accomodemens ne font rien en ce point ;

En vain on fait agir la force, & la prudence,
Si l’on guerit le mal, ce n’est qu’en apparence.

Les Ducs de Bretagne, & de Normandie se reconcilierent; & reparerent par des accommodemens les ruines que leurs divisions avoient causées. Math, liv. 3. en la vie de Louys XI. Voyez le mot suivant.

ACCORD. V. Reconciliation.

Il est extremement ridicule de refuser la paix, il vaut mieux se tirer d’une méchante affaire par un accord honneste, que par la necessité. ; Satius est ultro solvere exercitum, quam invisos difficultate rerum necessariarum expelli. Xenop. de Pædia Cyri, lib. 6. V. Procez.

Un accord se doit faire sans tant d’exactitude, & de chagrin, on le rend plus asseuré. Bellum finire cupienti opus erat decipi, dit Antipater. Il faut souvent se laisser tromper pour sortir d’affaire.

Instante communi periculo consiliari solent.
Dissidentium animi, Dion. hal. lib. 8. V. Guerre,

Les accords qui se font par la necéssité, ne durent pas, le repentir les suit, & fait renouveler les querelles en peu de temps.

De tous les accords il n’en est point de plus juste, que celuy qui se fait entre les Ecclesiastiques, ou les Magistrats ; parce que chacun a interest, que ceux qui doivent régler les mœurs du Public, se reglent eux mesmes dans leurs querelles, par des accommodemcns honnestes, ils ne doivent jamais fermer les yeux aux propositions d’accommodement, quoy qu’elles ne soient pas toutes advantageuses.

C’est le métier des Evêqucs, & des Magistrats de tenir les peuples en paix. V. Entremetteurs.

ACCOUCHEMENS. Sous le Consulat de Memmius Regulus, Poppea femme de Néron accoucha d’une fille, qu’il appella Augusta, elle naquit à Antium, ou l’on fît des Vœux, & des Processions publiques pour sa santé, on adjoûta à cet honneur des jeux, & des magnificences publiques, & on dressa des statuës d’or à la Deesse de la fécondité. Tacit. En ses Annal. l. 15.

Lorsquc les Femmes accouchoient dans le Bearn, les Marys se mettoient au lit, & les envoyoient à la charruë. Scaliger in verbo Bearnia, fol, 49. Scaligeriana.

De variis mulierum puerperiis habes diversas historias apud Aul. Gell. Gonfred. & Cistrerium, ubi quam plurimas mulieres, 10, 11, 12, 13 & 14. Mense peperiss asserunt. Monsieur Cerisîer dit le mesme.

On a remarqué que ceux qui naissent par la force de l’art, ou extraordinairemeat, sont tous puissans. Cesar dit à cædo, Néron naquit les pieds devant ; Garcias Roy de Navarre fit ouvrir le ventre de sa Mere comme Cesar.

La Biche ne faonncroit jamais, si le tonnerre ne luy servoit de Sage-fenune.

Varron lib. 2. de re rust. raconte que les Femmes d’Illyrie portent leurs enfans par tout, après avoir accouchées, & ne demeurent pas un moment au lit pour cela ; nos Bourgeoises prennent trois semaines de repos après leurs couches.


ACCUSER. Une personne qui est accusée de quelque crime, quoy qu’elle se sente innocente, elle doit pourtant se tenir pour quelques temps à l’écart. S. Athanase, & S. Jrean Chrysostome se sauverent, bien qu’ils fussent sans tâhe, & exempts de crimes : Alcibiade disoit, qu’un homme accusé de delict estoit un sot de ne pas fuir, & que quand sa propre Mere seroit son juge, il ne se fieroit pas en elle. Plus.

Et per Iovem quis innocens esse poterit si accusasse sufficiet. Ammian. Marcell. Lib. 18 ? cap. 1.


Tous les accusez ne sont pas coupables, les plus grands Saints ont esté exposez aux malheurs de la calomnie. Une miserable fille de Lyon, que le peuple regardoit comme une sainte, a esté fustiguée cette année, pour avoir malicieusement entrepris de ternir la reputation des plus celebres, & des plus integres personnages de la Ville. V. Innocence.

Carus eris verri, verrem qui tempore, quo vuis
Accusare potest. Juvenal. Satyr. 3.

Socrate accusé de divers crimes par des Sycophantes dit, au rapport de Ciceron, à ceux qui deliberoient de qu’elle peine ils le feroient mourir. Ego ob ea qua feci, dignum me censeo, qui publiciter alar in prytaneo ; il se croyoit plus digne de la recompense du Prytané, que des severitez de l’Areopage : Cyrinus Evêque de Calcidoine fit par ses fausses accusations exiler S. Chrysostome, & mourut ensuite enragé, comme calomniateur. Sozomenus, l. 8. c. 16. la gresle tua aussi ceux qui accusêreot les defenseurs de la Foy. Voyez Gresle.

Neron ordonna en plain Senat, que l'on ne recevroit plus les accusations des Esclaves, ny des Domestiques contre leurs Maîtres ; cet Arrest fût donné en faveur de Carinas Celer Senateur Romain. Tacit. annal. lib. 13.

Tite-Live, lib. 5. hist. dit, que le plus grand malheur du siecle de Tybere, fut de voir des Senateurs qui s'accusoient les uns publiquement, les autres à cachette, soit qu'ils fussent parens, soit qu'ils fussent amis, chacun estoit pour lors accusé, ou accusateur, Minutius, & Servæus apres leurs accusations dénocerent Julius Africanus.

Aquilius Regulus, Seriolanus Rocula, Nonus Actianus, & Celtius Severus furent rigoureusement punis, pour avoir fait des fausses accusations par Domitien. Tac. in vit. Vespas. Le mesme fust pratiqué contre Servilius, & Cornelius, qui avoient malicieusement accusé Scaurus, d’avoir composé une commedie contre Tybere. Tac. annal. l. 9.

Celuy qui est accusé de quelque crime, doit songer à mourir, ou à se justifier, une femme de Sparte écrivit à son fils accusé de quelque horrible méfait, en ces termes ; Mon fils, défais-toy de la vie, ou bien tâche de faire promptement connoître ton innocence. Plus.

Sic Vixi, ut accusatorem esterius non timeum, utinam sic intra me ipsum vixissem, ut conscientiam accusatorem non haberem. Gregor. in Moral.

ACHETER. Dans toutes les conventions humaines, il faut que la bonne foy y preside, elle est le fondement de la justice, & la clef qui soûtient le bâtiment de la societé civile, comme je l’ay remarqué in verbo, parola, c’est par cette raison, qu’il est défendu à l’achepteur de supposer une personne qui offre moins que luy, pour avoir bon prix de la chose, de mesme au vendeur de ne point suborner par des mensonges authorisez de faux sermens, ce qui est une perfidie, & une tres-notable infamie, Cic. de off. lib. 3.

Quint. scevola fils de Publius, ayant demandé, qu’on luy dit en un mot, ce qu’on pretendois d’une Maison qu’il devoit acheter, le vendeur luy dit son prix de bonne foy, à quoy il adjoûta deux mille escus, disant, qu’il croyoit, que cette Maison valoit plus que le vendeur n’en demandoit, cette action fut estimée d’un homme de bien, mais non pas d’un homme sage, estant une égale imprudence d’acheter une chose plus qu’elle ne vaut, & de vendre son bien à tres vil pris. Ibid.

Il est permis par le Droit Civil d’acheter l’Esperance. V. Esperance. Celuy qui achete des charges publiques s'engage dans une necessité de vendre en détail, ce qu'il a acquis en gros, c'est ce que disoit autrefois l'Empereur Severe ; Invidia est semper pedis comptatem, & necessitas pénes venditarem, dit l'Empereur Justinien.

Tertulien parlant du crime de Sodome & de Gomorre dit : Nubemam, & imeb&m insigniera cornis, & sæculi vitia desinit, quo à divinia disciplins plurimum avocent, alterum per lasiiviendi voluptatem, alterum per acquirendi voluntarem : Au moment qu'un pauvre malheureux commence à s'acquerir quelque peu de bien, l'envie censure sa conduite, cela fait peine à ses voisins, on ne peut souffrir cette élevation.

Ego cur acquirere pauca
Se possura invideor. Hor. de art. Poët.

La conservation du bien que nous possedons est plus glorieuse, que le dessein de s'agrandir, la conservation est de l'essence, & le principal de l'économpie, l'utilité n'est que l'accessoire, Publius, Cirius reperias quem retineas. Servare suum est excellemis fortunæ. Sen. de Clem. l. r.

Quand un homme de rien vient à acquerir quelque maison qui a apparternu à quelque Grand, les images lui reprochent son peu de merite, les murailles pleurent d'un si funeste changement, & c'est sans doute pour cette raison, que le Senat de Rome defendit aux nouveaux acquereurs de changer, ou effacer les armoiries des maisons acquises.

ACHEVER. Toutes les actions humaines sont considerées par leur fin ; il ne suffit pas d'avoir bien cōmencé & avec approbation, si on ne persevere jusqu'à la fin, nos dernieres actions établissent nôtre reputation, quand elles sont conformez à des glorieux principes : {{lang|la|Non strenuos fuisse viros sufficit, ad hoc aut illa sternuitas perstet, nisi quis illius assiduè studiosus sit}}. Xenoph. de Cyn. I, 8. V. Actions.

Les interruptions & remises gâtent tout : Brevis res est, si unao tempore per agitur, per intervalla minus certiores spes nostras facimus. Appias. Claud. ex Livio. Voyez Desseins.

Rebus prospere succedentibus, magna demensia fuerit, prima instituta mutare. Agath. I, 3. V. Profiter.

Attalus chez Martial, le Trason chez Therence, le Suffenus chez Catulle, estoient des hommes à tout entreprendre, & ne jamais rien achever.

Il est malaisé de se resoudre à achever un ouvrage qui a esté commencé par un autre. V. Ouvrage.

Quand on a avalé le bœuf, il ne faut pas s'arrester à la cuë.

C'est une maxime de droit : L .. , ~ •. Ji9Ù- l'Qltt!e;',.J()l~'l<:JJ,C .• Ckiieà,~~my.·V. . .. . ToiJre~·liQS a~ons , _à deu.x _ân~es · • les , 'l•ll_s. . lçü. ".. ·..' . ' ' ce.que les autres!Jl~ent.• • (C efat fut ac-

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Si l'o" nr 'lllllt dithoir, il ne fout piHt ritn foin.

V. Victoire.

F~~eiendHm mhil 'fHOd .bt~rll.c 11011 C011'1/lnÎ4t. Alexis Ill Athen,l, 3.

Nos lltl:ions determinent nos quali~ez, fi bien que ·nous pouvons tenir pour Vonleurs & pour Cor1àirès, tons ceux qui font des aél:ions, de Volents; & de Corfaircs.Scnec.De Bmef.l.t·.c.x8. Toute:; les aél:iong dès homme_s lè font par complai(ancc , par indina .. ·~ion, ou par pa Ilion, ut [tr'llitUnlll genio , \i' r~ojlro irrdulgeamunmitno. Apul.

S. Bernard dit, qucn.os premieres a étions font ulla caution de celles que nous ferons à l'avenir: Exhib;.... tio pr~fontium-;ftnn.ce}l-e:.:p(éllltio-fururorum, & pr._ ,_,._ ritorHm foél• ttrtilm ht~btnl fotln·orurn,. ;~p. ·r itorum ~ttutio~em. A.t Sencca ep .. S 3, dir, confi.tliurn llturi eJt pr~etert.tll >flemt.

Il y a _cu des Perfonnes, qui o!)t rec · é d'ércr• · ni fer l~ur memoire par des mechantes aCl:ions. Voyez Mimoirt.

Nos aél:ions ont des elt~les heurcufes , & mnlhcureufes, d'où dépend leur blâme , & lenr loüangc:-, C'elt par cette raifon, que Monfieur de MoJJtagnc a ~it, ~u'ili.Ournir~it tOixan~e raifons viricllii:s,contrc: .. . c 1 aél:IOn la plus vertuet.fe. 'v~ Cm[IITlo .

La plufparr des aél:ion; des honimes ne font que · hnoürnse,, c&e qg·urii'·.mi l. a nc'eff.r '.p hoaicnut nd atnâsc hl'ien tdeer iepuarr,o Vitorye eazu D def. ·- ··.o- Jitmd~ttion, V. Hyp,crifit.

Les bonnes aél:ions ilams les grandes ames fe pro~ d\liknt l bonne heure. l'Ill!· dit, que Pompée fit voir dan~ fon bas âge une vqjrable haureff~ de ma--1 ~ jefté ,1:& lUle!integrit~ incoailparablé Ac màluu. V oye~ ZnjiiiJ.

Une méchanq: aél:io~ d~.a norc wu re ~lire vié, &•:,c:lfac.e .to.u . t ~oe .qu'~lle: " .. ~voir:.f.tit oe_·.. loüable, & 4~.eroïquet Le meum,r; . Califlenci f~ à jamai9 .;.lccn~~4~ Brand..Pibewiki (d)fameutèséODqneltes ~~t jannùs clauiif4fprit cj.cs h~s, cerre LLfclit;~m ~ ~· tfl AkttMri mm;,. iptfJI11Hllil • • <,. · • •. • -•• ~lf#,.,tli~,~JitP'!foru~ll ~·J!l•e;tt/iftlr/nNIII, _, 'llltll• . , . 9fh~.Sonf4î·L6.q~itthRlr.c:ip ... ; •. \l~ .. · ,}')t' .,'· ··', . .... ·C•. ', . '

ADDRESSE. ou Habileté.

Architas fit une colombe de bois, qui voloit comme un pigeon par intervalles ; Albert le Grand fit une teste d'airain, qui formot les paroles