Diane de Poitiers, d’après des documens nouveaux

Diane de Poitiers, d’après des documens nouveaux
Revue des Deux Mondes, 2e périodetome 64 (p. 984-1002).
DIANE DE POITIERS
D’APRES DES DOCUMENS NOUVEAUX

Lettres inédites de Diane de Poitiers, publiées d’après les manuscrits de la Bibliothèque impériale, avec une introduction et des notes, par M. George Guiffrey; 1 vol. in-8o; Renouard.

Chateaubriand a remarqué que, de toutes les maîtresses des rois de France, une seule, Agnès Sorel, ne fut pas inutile au prince et à la patrie. Toutes les autres apparurent comme des calamités publiques, et celles-là même qui empruntent à la poésie et aux arts un certain prestige, celles dont le nom éveille une sorte de sympathie en rappelant des splendeurs passées, ne peuvent pas résister à l’examen sérieux de l’histoire. De toutes ces favorites, il y en a peu qui aient le charme de la belle duchesse de Valentinois, Diane de Poitiers. Son souvenir évoque toutes les pompes, toutes les merveilles de la renaissance. On la voit entourée d’un cortège d’artistes immortels, Jean Cousin, Jean Goujon, Philibert Delorme, le Primatice. Diane brille dans cet olympe sous les traits d’une déesse, telle que Jean Goujon l’a sculptée, nue et triomphante, entourant de ses bras de marbre le cou d’un cerf mystérieux épris comme le cygne de Léda. C’est la chasseresse mythologique, la divinité des forêts suivie de ses chiens rapides, le carquois sur l’épaule, le croissant d’argent sur le front, La femme à l’éternelle jeunesse, qui exerça sur un siècle moitié chrétien, moitié païen, une véritable fascination, éblouit encore la postérité; mais si l’on descend dans la réalité des choses, si, grâce aux lumières de l’histoire, on place sous son vrai jour cette figure séduisante au premier abord, on est tout étonné de voir s’évanouir le prestige. On trouve une femme qui n’a été grande ni par l’esprit ni par le cœur, une courtisane dans toutes les acceptions du mot, dont le succès a été la victoire de la flatterie et du sensualisme, une femme qui n’a jamais conseillé à son royal amant une action généreuse ou un acte de clémence. Ce n’est pas assez pour Diane de prétendre racheter la faute de l’adultère par les persécutions religieuses que le fanatisme de l’époque représente comme des actes méritoires ; ambitieuse et cupide, elle épuise le trésor, et les merveilles d’art qu’elle fait naître sont le fruit d’impôts vexatoires ou de cruelles confiscations. Elle trône en paix dans le scandale, au milieu de ces péchés d’abondance dont parle Bossuet, qui sont superbes et audacieux, qui recherchent la lumière et veulent jouir de toute la conscience du ciel. Jeune fille, à l’âge des rêves d’amour, elle avait épousé un mari vieux et laid, on dit même bossu; mais c’était un grand-sénéchal. Veuve, elle affichait pour la mémoire de ce mari d’hypocrites regrets qui mettaient à un prix plus haut ses infidélités à l’ombre conjugale. Maîtresse d’un prince qui avait dix-huit ans de moins qu’elle, elle se servait de son expérience consommée pour tenir sous le joug sa conquête. Cette destinée n’a rien de noble. Dans ce cœur sec, froid, calculateur, on chercherait en vain ces luttes entre la passion et le devoir, ces remords et ce mécontentement de soi-même qui, pour la femme coupable, sont comme une moitié d’innocence. Quoi qu’on ait pu dire, Diane n’inspire au roi aucun sentiment digne d’un souverain. Elle le pousse dans la voie du fanatisme. Elle grandit outre mesure cette ambitieuse maison de Guise, qui sera si funeste à la race des Valois. Elle entoure le souverain d’une coterie qui se jette sur la France comme sur une proie. Sans doute elle protège les artistes, elle fait de brillantes commandes aux peintres et aux architectes; mais ce n’est pas la châtelaine d’Anet et de Chenonceaux qui a créé le mouvement de la renaissance. Elle n’a point ressuscité les mœurs chevaleresques, et bien que le règne de Henri II commence par un duel judiciaire et se termine par un tournoi où le monarque est tué d’un éclat de lance, la poésie du moyen âge n’est déjà plus à cette époque qu’une parade, une ostentation. Le langage de la chevalerie est encore dans sa fleur; mais l’esprit moderne commence à se faire jour, et l’Amadis de Gaule va devenir une vieillerie.

Lorsque François Ier et Charles-Quint se défient en combat singulier, lorsque les hérauts d’armes porteurs des cartels traversent la France et l’Espagne, le blason sur la poitrine, le gonfalon à la main, quand le roi Henri II félicite Jarnac, vainqueur de La Châtaigneraie, d’avoir « combattu comme César et parlé comme Aristote, » ces réminiscences du passé font sourire. Ce sont les derniers vestiges des mœurs qui s’effacent. On ne croit plus aux amours platoniques, aux aventures idéales. François Ier lui-même protège Rabelais, dont le bon sens fait justice de toutes ces exagérations qu’il relègue dans son île des lanternes. En vain essaie-t-on de parodier l’époque de Charlemagne; on est bien loin de la chanson de Roland! François Ier et Henri II sont des souverains modernes ; ces paladins couronnés se liguent avec les Turcs, ces défenseurs de la foi brûlent les protestans en France, mais sont leurs alliés en Allemagne ; ces prétendus imitateurs de l’Amadis de Gaule sont, à les bien examiner, les disciples de Machiavel.

Ce n’est qu’à la surface que les amours de Henri à et de Diane de Poitiers ont quelque chose de chevaleresque. La favorite n’a rien de la naïveté et de la tendresse des châtelaines du moyen âge. Un écrivain qui déclare préférer Brantôme à Montaigne, et qui s’est fait l’apologiste de toutes les reines de la main gauche, a inutilement essayé de représenter sous des couleurs idéales le caractère de Diane. Les réhabilitations de ce genre ne peuvent rien contre le sens moral, contre la conscience de l’histoire ; ce n’est pas en effet chose facile que de vanter l’adultère lorsqu’il n’a pas même pour excuse la force et la sincérité de la passion. On a dit de Mlle de La Vallière que l’homme qu’elle aimait, c’était Louis et non pas le roi. L’homme qu’aimait Diane, c’était le souverain dispensateur des grâces et des bénéfices, le monarque riche et puissant dont elle possédait le cœur et le trésor. Pour de pareils scandales, l’histoire, si elle veut se respecter, ne doit pas avoir de complaisances. M. George Guiffrey, qui vient de publier dans une édition de luxe tirée à très peu d’exemplaires les lettres inédites de Diane de Poitiers avec une introduction et des notes aussi intéressantes que substantielles, nous semble avoir bien compris le caractère de la favorite. Procédant avec une méthode d’analyse et d’investigations approfondies, il s’est préservé de tout parti-pris et de toute exagération. À la différence de la plupart des biographes, qui, se passionnant pour ou contre leurs personnages, en font le sujet d’un dithyrambe ou d’une satire, M. Guiffrey a jugé Diane sans enthousiasme et sans colère. à ne s’est pas, comme l’infatigable courtisan des reines de la main gauche, laissé éblouir par la chasseresse mythologique, divinité de la renaissance ; il ne l’a pas dépeinte, comme M. Michelet, sous des couleurs fantastiquement sombres: il l’a montrée telle qu’elle était, ni meilleure ni pire que son époque, dont elle résuma l’élégance et les vices, la beauté matérielle et la laideur morale.


I.

Diane de Poitiers, née à la fin du XVe siècle, en 1499, était issue d’une des plus anciennes maisons du Dauphiné, et son père, Jean de Poitiers, comte de Saint-Vallier, avait du crédit dans sa province et à la cour. Toute jeune encore, elle épousa le grand-sénéchal de Normandie, Louis de Brézé, comte de Maulévrier, qui, au dire de Brantôme, était un des seigneurs les plus laids de France, bien qu’il fût par sa mère petit-fils de la belle Agnès Sorel et du roi Charles VII. Louis de Brézé avait alors quarante-cinq ans, et sa jeune femme n’en comptait pas encore seize ; mais, malgré cette différence d’âge, le sénéchal ne paraît pas avoir été trompé par Diane. Jacques de Brézé, son père, avait tué de sa propre main la fille d’Agnès Sorel, Charlotte de France, pour la punir d’une infidélité. Avant d’être inhumée à l’abbaye de Coulombs, la victime de cette vengeance conjugale avait été transportée dans une des chambres du château d’Anet, où était suspendu son portrait. En contemplant cette image, Diane pouvait faire des réflexions qui contribuèrent peut-être à rendre sa vertu plus ferme. Quoi qu’il en soit, sa réputation demeura intacte pendant tout le temps de son union avec Louis de Brézé, et la fable qui veut qu’elle ait payé de son honneur la vie de son père, Saint-Vallier, est une calomnie inventée après coup. M. Guiffrey, dans son nouveau recueil, et M. de Lescure, dans un ouvrage qui, sous une forme pittoresque, résume bien les chroniques du temps[1], nous semblent avoir résolu cette question; la mémoire du roi « sacré chevalier par Bayard » doit être préservée de l’infamie qu’on lui a longtemps attribuée. Il faut demander à l’imagination populaire la première origine de cette rumeur. L’arrêt de mort du comte de Saint-Vallier avait été prononcé par le parlement. Au jour fixé pour l’exécution (17 février 1523), la foule était accourue autour de l’échafaud, dressé en place de Grève. Le condamné paraît. Il crie « merci à Dieu, au roi et à tout le monde. » Il s’agenouille pour recevoir le coup mortel, lorsqu’un archer du roi se présente et apporte les lettres qui commuent la peine de mort en une prison perpétuelle. La foule, déconcertée par ce dénoûment imprévu, y cherche des causes mystérieuses, et les suppositions les plus étranges se font jour dans la crédulité publique. «Et estoit bruit, lisons-nous dans le Journal d’un bourgeois de Paris, que le dict seigneur de Sainct-Vallier avoit menacé le roy, en son absence, de le tuer à cause de la défloration d’une sienne fille qu’on dict qu’il avoit violée et fut la cause qu’il fut mis en cet estat, et de faict, n’eust esté le dict grand-sénéchal de Normandie, son gendre, il eust esté décapité.» Évidemment, ce n’est là qu’une fable. Diane, qu’on représente comme une jeune fille, était mariée depuis huit ans et avait eu déjà deux enfans de Louis de Brézé.

En réalité, la grâce de Saint-Vallier n’eut rien d’extraordinaire. Chaque jour, Diane approchait la reine en qualité de dame d’honneur, et la charge de grand-sénéchal mettait son mari en rapports continuels avec le roi. Qu’y a-t-il d’étonnant que ce prince se soit ainsi laissé toucher par les prières de son entourage, et pourquoi supposer, sans autres témoignages que des récits évidemment controuvés et une anecdote graveleuse de Brantôme, le honteux marché de la tirade du Roi s’amuse ? Au surplus les inventeurs de ce qu’on pourrait appeler la légende de Saint-Vallier n’ont pas même pris la peine de se mettre d’accord entre eux. Les uns l’ont fait mourir foudroyé, en recevant sa grâce, d’un excès de joie succédant à un excès de terreur; les autres l’ont laissé languir dans une prison perpétuelle. La vérité, c’est que Saint-Vallier n’obtint que par degrés son pardon. La peine de mort fut en premier lieu remplacée par la détention perpétuelle. « Ladicte peine de mort, lisons-nous dans les lettres de rémission, avons de notre certaine science, grâce spéciale, plaine puissance et auctorité royale, commué et commuons en la peine cy-après déclarée, c’est assavoir qu’icelluy de Poitiers sera mis et enfermé perpétuellement entre quatre murailles de pierre, massonnées dessus et dessoubz, esquelles n’y aura qu’une petite fenestre par laquelle on luy administrera son boire et menger, demeurant au reste le contenu en l’arrest de ladicte court, » Est-ce là le pardon d’un prince qui aurait été amoureux de Diane, et M. Guiffrey n’a-t-il pas raison de dire que cette avare clémence qui ne lâche point sa proie et la laisse vivante pour la mieux tourmenter ne peut être la récompense du sacrifice qu’une des plus belles et des plus nobles femmes du royaume aurait fait de son honneur? Peut-on supposer que, si Diane avait été la maîtresse de François Ier en 1523, son père n’aurait été réintégré dans ses biens et honneurs que plus de quatre ans plus tard, au mois d’août 1527?

En résumé, nous pensons que M. Guiffrey a justifié l’assertion ainsi émise par la biographie Michaud: « la grande-sénéchale ne donna aucune prise sur sa conduite tant que vécut son mari. « Devenue veuve en 1533, elle ne tarda pas à faire parler d’elle, et il s’est engagé entre plusieurs érudits une assez vive controverse pour savoir si la célèbre favorite avait été la maîtresse de François Ier avant d’être celle de Henri II. Les partisans de l’affirmative invoquent ce passage de la relation d’un ambassadeur vénitien, Lorenzo Contarini, qui écrivait à son gouvernement en 1552 : « La personne que sans nul doute le roi aime et préfère, c’est madame de Valentinois. C’est une femme de cinquante-deux ans, autrefois l’épouse du grand-sénéchal de Normandie et fille de M. de Saint-Vallier, laquelle, restée jeune et belle, fut aimée et goûtée du roi François Ier et d’autres encore, selon le dire de tous; puis elle vint aux mains de ce roi (Henri II), lorsqu’il n’était que dauphin. « Il ne faut point, sur une simple insinuation du médisant ambassadeur, ajouter foi à cet amour du père et du fils pour la même femme, car aucun témoignage sérieux ne prouve cette double passion. Au surplus, que la favorite de Henri II ait été, oui ou non, l’objet d’un des nombreux caprices de François Ier, c’est là une question de médiocre intérêt. Diane n’est pas une de ces figures respectables qu’on veut voir entourées comme d’une auréole. Il est certain qu’elle était bien en cour sous le règne de François Ier ; mais jusqu’où allait cette faveur, c’est ce qu’il est impossible d’affirmer sur de simples présomptions. Rien d’ailleurs ne serait moins étonnant que l’amour du roi-gentilhomme pour la belle sénéchale. Diane de Poitiers était alors une de ces veuves séduisantes dont le deuil est un attrait de plus et qui affichent leur douleur comme une sorte de poésie. « Elle s’habillait gentiment et pompeusement, dit Brantôme, mais tout de noir et de blanc. »

Le noir et le blanc, telles sont désormais les couleurs du dauphin. Fasciné par la beauté de Diane, il se déclare son serviteur. S’il y a des natures qui, en amour, cherchent à dominer, il y en a d’autres qui veulent subir le joug. Pour les uns, l’amour est un charme, une douceur, une consolation; pour les autres, c’est une force qui subjugue. Tandis que les uns rêvent dans la femme un être faible, qui a besoin de protection et qui conserve encore quelque chose des grâces de l’enfance, les autres aiment à trouver en elle une véritable maîtresse, qui exerce une autorité despotique sur leur âme et qui excite plus encore l’admiration que la tendresse. Telle fut Diane de Poitiers pour le dauphin. L’enfance de ce prince avait été triste. Envoyé en Espagne avec son frère comme otage pour l’exécution du traité de Madrid, il y avait passé quatre ans, relégué à Valladolid dans un couvent de moines, où il avait subi une véritable captivité. Revenu à la cour de France, il y était timide, embarrassé. Le roi son père n’avait pour lui qu’une affection assez médiocre et trouvait qu’il manquait un peu de vivacité. Le jeune prince croyait avoir besoin d’une Égérie, d’une protectrice, et dès son enfance, il avait jeté un regard d’enthousiasme sur Diane. Cette admiration juvénile, ce fanatisme qui allait jusqu’à l’idolâtrie et que les contemporains ont attribué à des moyens magiques, on le retrouve dans ces vers du prince :

Hellas, mon Dyu! combien je regrète
Le tans que j’é perdu en ma jeunèse;
Combien de foys je me suys souhèté
Avoir Dyane pour ma seule mestrèse;
Mès je craignois qu’elle qui est déesse
Ne se voulut abéser jusque là.

Ce langage humble et servile est bien celui d’un homme ébloui par la beauté comme par une invincible lumière, d’un amoureux qui s’était d’abord interdit même l’espérance. Quand le jeune prince fit son début au tournoi de la rue Saint-Antoine, son premier coup de lance fut en l’honneur de Diane, et en 1541, dans une fête donnée au bois de la Berlaudière, près de Châtellerault. sous le titre de tournoi des chevaliers errans, il prit publiquement les couleurs de sa bien-aimée. C’est la fête que Clément Marot célébra dans ces jolis vers :

Ici est le perron
D’amour loyale et bonne.
Où maint coup d’éperon
Et de glaive se donne.
Un chevalier royal
Y a dressé sa tente,
Et sert de cœur loyal
Une dame excellente

Dont le nom gracieux
N’est jà besoin d’écrire.
Il est écrit aux deux
Et de nuit se peut lire.

Henri était marié à Catherine de Médicis depuis 1533, mais les mœurs de l’époque admettaient parfaitement le partage d’un cœur entre une femme et une maîtresse. D’ailleurs on avait d’abord représenté le culte de Henri pour Diane comme une affection purement platonique. Dans une relation reproduite par M. Armand Baschet[2], l’ambassadeur vénitien Marino Cavalli écrivait au sujet du dauphin : « Il n’est guère adonné aux femmes, la sienne lui suffit; pour la conversation, il s’en tient à celle de Mme la sénéchale de Normandie. Il a pour elle une tendresse véritable, mais on pense qu’il n’y a rien de lascif, et que dans cette affection c’est comme entre mère et fils; on affirme que cette dame a entrepris d’endoctriner, de corriger, de conseiller M. le dauphin et de le pousser à toutes les actions dignes de lui. » Catherine de Médicis savait bien à quoi s’en tenir sur leur passion; mais la froide et astucieuse Florentine refoulait au fond du cœur tout dépit, toute colère, et attendait avec cette patience qui est la marque de l’ambition l’heure où elle pourrait prendre sa revanche. Un ambassadeur vénitien a dit que « dans cette femme d’Étrurie le fameux temporisateur Fabius, ce grand Romain, eût bien reconnu sa fille. » Catherine eut d’ailleurs une situation difficile pendant les premières années de son mariage. Mariée depuis neuf ans, elle était restée stérile, et il y avait à craindre que la race des Valois ne s’éteignît. On fit courir le bruit d’un divorce, et la relation de Lorenzo Contarini explique avec quelle prudence Catherine sut détourner l’orage suspendu sur sa tête. « Elle alla trouver le roi, à qui elle dit avoir entendu que l’intention de sa majesté était de donner une autre femme pour épouse à son mari, et que, puisque jusqu’alors il n’avait pas plu au Seigneur Dieu de lui faire la grâce d’avoir des enfans, il convenait, du moment que sa majesté n’avait pas pour agréable d’attendre davantage, qu’elle pourvût à la succession d’un si grand trône, et que pour sa part, en raison des grandes obligations qu’elle avait à sa majesté, qui avait daigné l’accepter pour belle-fille, elle était plutôt disposée à supporter cette grande douleur que de s’opposer à sa volonté, et qu’elle se résolvait à entrer dans un couvent ou à demeurer à son service et en sa faveur. Cet épanchement, elle le fit avec beaucoup de larmes et de tendresse au roi François Ier; le cœur si noble et si facile du roi s’émut tellement qu’il lui dit : — Ma fille, ne doutez point que, puisque Dieu a voulu que vous soyez ma belle-fille et la femme du dauphin, je ne veuille qu’il en soit autrement; peut-être lui plaira-t-il de vous faire la grâce, à vous et à moi, de répondre à ce que nous désirons le plus au monde. Il arriva que peu de temps après elle fut grosse, et que l’année 1543 elle mit au monde un enfant mâle, pour la plus grande satisfaction de chacun. » Autant Catherine avait été stérile dans les premières années de son union, autant elle devint féconde ensuite. Depuis 1543 jusqu’en 1555, elle n’eut pas moins de dix enfans. Sous le règne de François Ier, elle se tenait systématiquement à l’écart de toute intrigue, et ne songeait qu’à complaire au roi. Elle avait le talent de distraire ce monarque blasé, malade, attristé, qui se fuyait lui-même et terminait dans les souffrances du corps et de l’esprit une vie si brillante, si agitée. Quant à Diane de Poitiers, Catherine la traitait de puissance à puissance.

La véritable lutte était entre le présent et l’avenir, entre la favorite du père et la favorite du fils, entre la duchesse d’Étampes et Diane de Poitiers; leur rivalité partageait la cour en deux camps. François Ier avait vu sans déplaisir la passion du dauphin pour Diane. Au dire de Brantôme, «il vouloit fort que tous les gentilshommes se fissent des maîtresses, et s’ils ne s’en faisoient, il les estimoit mal et sot, et bien souvent aux uns et aux autres il leur en demandoit les noms et promettoit de leur dire du bien et de les servir. » Un roi aussi galant ne s’étonnait pas de se voir imité par son fils, et, tenant la balance entre les deux coteries rivales, il s’amusait des autres et de la haine des deux favorites. Au point de vue de la dignité morale, elles n’avaient rien à s’envier l’une à l’autre. Anne de Pisseleu, demoiselle d’Heilly (la duchesse d’Étampes), était entrée à dix-sept ans à la cour en qualité de fille d’honneur, et Clément Marot, admirant la finesse précoce de cette jeune beauté, lui avait dit :

Dix et huit ans je vous donne
Belle et bonne,
Mais à votre sens rassis
Trente-cinq ou trente-six
J’en ordonne.


Elle avait songé à se pourvoir d’un mari commode, Jean de Brosse, fils de René de Brosse et de Jeanne, fille du célèbre Philippe de Comynes. René, complice et compagnon du connétable de Bourbon, avait été tué à la bataille de Pavie, et un arrêt du parlement de Paris avait prononcé la confiscation de tous ses biens. Jean de Brosse, en épousant la maîtresse du roi, Mlle d’Heilly, obtint la restitution des biens de sa famille. Ce complaisant époux fut nommé gouverneur de Bretagne et comblé d’honneurs. Sous le nom de duchesse d’Étampes, sa femme était reine, sauf le nom. Moins âgée que Diane de Poitiers, elle se montrait fière de sa jeunesse et se plaisait à répéter que l’année de sa naissance était celle du mariage de Mme la sénéchale. Il y avait là de l’exagération, car Diane se maria en 1515, et la duchesse d’Étampes était née en 1509. Ce n’est pas d’ailleurs une chose rare de voir des hommes déjà vieux dominés par de toutes jeunes femmes et des adolescens sous le joug de femmes d’un âge mûr. Tel était le double spectacle que donnaient à la cour François Ier et le dauphin. Les deux favorites avaient chacune leur cortège d’artistes et de courtisans. Tandis que le Primatice reproduisait sans cesse dans les décorations des galeries royales les traits de la duchesse d’Étampes, Benvenuto Cellini choisissait pour modèle Diane de Poitiers en Diane chasseresse. Les poètes du parti de la duchesse d’Étampes la célébraient comme la reine de la beauté, et traitaient Diane comme une vieille femme sans cheveux et sans dents, ne devant plus qu’au fard un reste d’éclat trompeur. C’était un as- saut d’invectives, d’épigrammes latines ou françaises, plus exagérées, plus grossières les unes que les autres. Les partisans de Diane se consolaient en se disant que l’avenir était à eux. ils attendaient le nouveau règne.


II.

Dès qu’Henri II monte sur le trône, Diane de Poitiers, malgré ses quarante-huit ans, est autant la maîtresse du royaume que la maîtresse du roi. Elle a tout préparé pour ce moment, qui est le signal de son long triomphe. Sa première pensée est l’abaissement de la favorite déchue. Les funérailles de François Ier sont à peine accomplies qu’un ordre d’exil force la duchesse d’Étampes à se retirer dans son château de Saint-Bris, et que le nouveau roi lui redemande un diamant de cent mille écus, dernier présent de François Ier, sous prétexte que c’était un bien de la couronne. En même temps Diane, créée duchesse de Valentinois, se fait donner des pierreries qui surpassent la valeur de ce diamant. Gratifiée de tous les droits qui se levaient, à chaque changement de règne, pour la confirmation des charges vénales, des immunités de corporations et des autres privilèges, elle fait un de ses affidés trésorier de l’épargne et s’empare de la dispensation des bénéfices ecclésiastiques. Elle obtient pour son gendre, le marquis de Mayenne, de la maison de Guise, toutes les terres vacantes du royaume, don qui dépossède une foule de seigneurs, de communes et de particuliers, et qui engendre une foule de procès, — toute terre occupée sans titre incontestable pouvant être considérée comme vacante. Elle forme avec les Guise et les Montmorency une sorte de ligue. « Il n’y avait, dit le rédacteur des mémoires de Vieilleville, que les portes de Montmorency et de Guise ouvertes pour entrer en crédit. Tout était à leurs neveux ou alliés : maréchaussées, gouvernemens de province, compagnie de gens d’armes, rien ne leur échappait... Il ne leur échappait, non plus qu’aux hirondelles les mouches, état, dignité, évêché, abbaye, office, qui ne fût incontinent englouti, et avaient, pour cet effet, en toutes parties du royaume, gens apostés et serviteurs gagés, pour leur donner avis de tout ce qui mourait parmi les titulaires des charges et bénéfices. » Ce que veut la favorite pour elle et pour les siens, c’est l’argent et la domination. Il lui faut à la fois l’apparence et la réalité du pouvoir. Ses devises sont celles de l’ambition et de l’orgueil. C’est une flèche avec cette légende : « elle atteint tout ce qu’elle vise; consequitur quodcunque petit. » C’est un croissant, une lune naissante, avec cette inscription: «jusqu’à ce qu’elle remplisse tout le globe; donec totum impleat orbem. » Les chiffres entrelacés du roi et de sa maîtresse, le croissant symbolique, décorent les murs des châteaux et les dômes des palais. La beauté de Diane est en apport avec son rôle. C’est une beauté dominatrice, aux lignes sculpturales, à respect fier, imposant, presque dur, une beauté dont le principal caractère est la force. Amazone intrépide, elle pourrait porter une armure. Quel est son secret pour conserver à cinquante ans le prestige et l’éclat de la jeunesse? « Beau secret, dit M. Michelet, et pourtant on peut en donner la recette : ne s’émouvoir de rien, n’aimer rien, ne compatir à rien. Des passions, en garder seulement ce qui donne un peu de cours au sang, des plaisirs sans orages, l’amour du gain et la chasse à l’argent. »

En voyant le jeune roi dominé par la vieille enchanteresse, comme Roger charmé par Alcine, les contemporains croient à un ensorcellement, à un pouvoir magique, à une bague enchantée. Cette puissance qui d’abord semble surnaturelle, c’est la volonté. Diane ne veut pas vieillir, et elle ne vieillit pas. Sa fontaine de Jouvence, c’est l’eau glacée dans laquelle elle se plonge en toute saison. Debout à l’aurore, elle s’élance à cheval dans les forêts, elle chasse deux ou trois heures le cerf ou le sanglier. Ses habitudes actives et matinales lui donnent une vigueur incroyable; jamais on ne surprend en elle un moment de défaillance. Elle se fait l’intendante des « passe-temps » du roi. elle renouvelle sans cesse l’atmosphère des plaisirs et des fêtes, elle veut faire de la vie un printemps éternel. Les peintres et les sculpteurs multiplient partout son image sous les traits d’une déesse. De fresque en fresque, de groupe en groupe, elle reparaît toujours éblouissante d’orgueil et de lumière. Il faut tenir le faible monarque sous le charme d’une perpétuelle vision; il faut, à force d’art et de prestiges, parvenir à réparer l’irréparable outrage des ans; il faut persuader à un prince tout ému des romans de chevalerie qu’il est le plus heureux comme le plus fidèle des amans; il faut enivrer le monarque de l’encens qu’on brûle aux pieds de son idole. On l’enferme, comme en un sanctuaire, dans ce merveilleux château d’Anet, aux statues innombrables, aux élégans portiques, aux horizons faits à souhait pour le plaisir des yeux. Dans ces bosquets de roses, dans ces plaines verdoyantes, dans ces forêts profondes et giboyeuses, le roi mène une existence féerique. Diane apparaît comme une divinité, à l’ombre des bois, avec son arc d’argent, tandis que les échos sont réjouis par le son du cor, que la meute rapide se glisse dans les éclaircies des feuillages. Sur le portail du château sont agencées des figures de bronze représentant Diane entourée de lévriers et poursuivant un cerf. Par un ingénieux mécanisme, à l’expiration de chaque heure, les figures commencent à se mouvoir, les chiens aboient, le cerf de son pied droit sonne les heures. Le palais de l’enchanteresse a quelque chose de fantastique. Il est tout brodé d’arabesques, d’emblèmes amoureux; il est comme recouvert d’un voile de dentelles, et jusque sur l’or et sur l’azur des piliers de la chapelle les initiales de Henri et de sa favorite s’épanouissent au-dessous de la couronne.

La France même est la complice des longues illusions du monarque fasciné par cette vieille Armide. Toutes les fois que Henri II honore d’une visite ses bonnes villes du royaume, les habitans ne manquent pas d’élever sur son passage des arcs de triomphe où le chiffre de Diane resplendit à côté de celui du roi. A Rouen, les conseillers municipaux viennent présenter à la toute-puissante duchesse des bassins et des aiguières d’or: à Lyon, on lui offre le spectacle d’une fête qui représente le triomphe de Diane chasseresse, et Brantôme dit en parlant de cette apothéose : « Mme de Valentinois, au nom de laquelle cette chasse et mystère se faisoit, en fut très contente et en aima fort toute sa vie la ville de Lyon. » Ébloui par ses propres largesses, et jouet d’une illusion dont il est le principal auteur, le roi se croit naïvement le modèle des chevaliers. Quand il n’est pas auprès de Diane, il est comme en exil. Ses lettres respirent la tendresse. « Je vous supplye, lui écrit-il, avoir souvenance de celuy qui n’a jamès connu que ung Dyeu et une amye, et vous assurer que n’aurez poynt de honte de m’avoyr donné le nom de serviteur, lequel je vous supplye de me conserver pour jamès. » Les psaumes eux-mêmes sont interrogés pour célébrer la gloire de Diane, et au bas de l’un de ses portraits on lit en caractères romains : « Comme le cerf brait après le décours des eaux, ainsi brait mon âme après toi, ô Dieu ! » C’est un mélange de religion et de chevalerie, de mysticisme et de volupté. Les pompes catholiques se mêlent aux imaginations chevaleresques. « Qu’il faisoit beau voir, s’écrie Brantôme, les filles d’honneur de la reine aux processions générales de la Fête-Dieu ou des Rameaux, portant leurs palmes d’une si bonne grâce, et le jour de la Chandeleur portant de même leurs flambeaux. » Nourri dans la morale du siècle, le roi regarde le long scandale de son règne comme une preuve admirable d’héroïsme et de fidélité. Ne dépasse-t-il pas en constance le grand Amadis lui-même? En ayant pour sa femme de simples égards, en réservant pour sa favorite la tendresse, ne suit-il pas les doctrines des romans de chevalerie? D’après le rituel sentimental de cette littérature, la maîtresse n’a-t-elle pas le droit d’être jalouse, impérieuse, hautaine, tandis que le rôle de la femme ne peut être que la soumission et la docilité? Diane de Poitiers est la maîtresse, elle commande; Catherine de Médicis est l’épouse, elle obéit. Le roi tient d’ailleurs à ce que les deux femmes n’aient entre elles que les meilleurs rapports. Le roman de l’Amadis ne donne-t-il pas à cet égard de mémorables exemples de conciliation? La reine des Amazones, Zahara, s’éprend de Lisvart, fils d’Esplandian. Lisvart, marié à la princesse de Trébizonde, Onolorie, aime tendrement sa femme. Cependant Zahara ne se décourage point. « Si Lisvart, se dit-elle, a l’esprit aussi bon comme le cœur, je pourrai tant gagner sur lui avec le temps qu’Onolorie et moi nous nous le partagerons, demeurant en elle pour sa femme et moy pour son amye. »

Par un curieux contraste, Diane de Poitiers, avec des apparences sentimentales et romanesques, est une femme essentiellement pratique et positive. Elle suit exactement le conseil du Roman de la rose.

Folle est qui son ami ne plume
Jusqu’à la dernière plume,
Car qui mieux plumer le saura,
C’est celle qui meilleur aura.

Pour plaire à cette femme funeste, le roi jette les trésors de son royaume dans un gouffre qui ressemble au tonneau des Danaïdes. On ne peut se faire une idée de ces dilapidations effroyables. Les lettres publiées par M. Guiffrey représentent Diane sous les traits d’une courtisane cupide qui regarde la France comme une proie. Son style est aride comme son cœur. On n’y trouve ni élégance, ni agrément. Ce sont des lettres d’affaires, courtes, précises, allant droit au but. Elle n’admet pas le moindre retard pour le paiement de ses créances, elle connaît parfaitement ses comptes, elle discute ses intérêts avec une vigueur de raisonnement qui ferait honneur au procureur le plus tenace. Dans une lettre écrite à Fontainebleau le 28 août 1556, elle brocante avec son cousin, M. de Charlus, des captifs espagnols, dont le roi lui a fait don, et qu’elle appelle en conséquence ses esclaves. Sa grande préoccupation, c’est de les vendre le plus cher possible. « Je vous prye, écrit-elle à M. de Charlus, y regarder pour le myeulx et y user de diligence, car on m’a dict que le Grand-Seigneur[3] envoyé ung homme par deçà pour en faire quelques remontrances au roy, et je voudrois bien que cela fust vuidé avant que il fust arrivé, et l’argent que vous en recepvrés, donnés ordre, s’il est possible, de le faire venir par la bancque, affin que vous n’ayés tant de payne à l’aporter. »

Ainsi Diane trouvait moyen de profiter de tout, même de la captivité des prisonniers. Jamais rapacité n’avait été plus ingénieuse. Cette femme, dévorée par la soif du lucre, occupait la cour de France comme une citadelle dont elle s’était assuré toutes les avenues. Il y a quelque chose qui étonne dans la puissance de ce sceptre de la main gauche. Les premiers temps de la faveur de Diane s’expliquent facilement, puisqu’elle était encore dans tout l’éclat de sa beauté ; mais ce qui est moins aisé à comprendre, c’est que cet empire, dont l’origine n’a rien que de naturel, se soit prolongé si longtemps, c’est qu’un roi entouré de toutes les séductions, qui n’avait qu’à choisir entre les plus grandes beautés de son royaume, se soit obstiné dans une fidélité si rare pour une femme que son âge semblait devoir reléguer au rang des matrones. Un semblable succès a des causes complexes. Il faut, pour en apprécier les motifs, pénétrer les replis du cœur humain, réfléchir à ce que peut une âme forte sur un esprit faible, une volonté inflexible sur un caractère sans ressort; il faut se rendre compte des sophismes de la fausse conscience, qui tourne le vice en vertu et représente l’opiniâtreté dans le mal comme une constance méritoire. En résumé, le système de Diane n’est qu’une longue hypocrisie. Elle masque l’ignominie de son rôle sous des dehors séduisans et presque respectables. Au début, elle prend l’attitude d’une conseillère, d’une amie; elle donne à une passion sensuelle l’aspect d’une tendresse idéale. Plus tard, elle persuade à son amant qu’elle est utile aux intérêts de sa couronne; elle se met au courant de toutes les affaires de l’état; elle écrit aux ambassadeurs, aux princes, aux maréchaux. C’est plutôt un premier ministre qu’une maîtresse. Le roi, qui, malgré le rang suprême, conserve toujours un fonds naturel de réserve et de timidité, se sent en confiance auprès d’elle et ne peut se passer de ses entretiens. « Chaque jour, dit l’ambassadeur vénitien Lorenzo Contarini, il demeure, après son dîner, une heure et demie à raisonner avec elle, et lui fait part de tout ce qui arrive. » L’illusion du monarque est devenue si complète qu’il se croit sincèrement l’obligé, le débiteur de Diane, et qu’il lui demeure attaché autant par la reconnaissance que par les liens de l’habitude. La favorite cherche jusque dans les sentimens de famille des appuis pour ses projets de domination. Elle se constitue la protectrice de l’épouse qu’elle outrage, la gardienne du foyer domestique, dont en réalité elle est l’opprobre. Elle se fait livrer tous les secrets de l’alcôve, elle pénètre dans le gynécée. En lui confiant la direction de la famille royale, Henri II s’imagine qu’il agit en bon père, et que ses enfans ne peuvent avoir de meilleur soutien que Diane. Elle préside au choix des nourrices, elle accapare les berceaux, elle tranche toutes les questions relatives à la santé des nouveau-nés. C’est encore elle qui décide en quelles maisons de campagne les jeunes princes passeront l’été, et auprès d’eux elle place, en qualité de gouverneur et de gouvernante, deux de ses créatures, M. et Mme d’Humières, qu’elle appelle naïvement ses alliés. M. Guiffrey a publié un grand nombre de lettres adressées par Diane à ces deux personnages, et l’on voit que les ordres d’Henri II au sujet des enfans s’exprimaient par l’intermédiaire de la favorite. Guillaume Chrestian, médecin ordinaire du roi, dans la préface d’un de ses livres dédié à la grande-sénéchale, lui rend ce témoignage : « Non-seulement, dit-il, vous avez eu soing de la conception et nativité de leurs enfans, mais aussi à les faire nourrir par femmes nourrices vigoureuses, saines, bien complemennées, avec sages et prudentes gouvernantes, et semblablement aussi à les faire instituer et enseigner par bons et doctes précepteurs, tant en vertus et saines doctrines, comme en l’amour et crainte de Dieu. »

Comment Catherine de Médicis supportait-elle cette usurpation de ses droits et de ses devoirs de mère, cet insolent partage de sa dignité conjugale, cette espèce de ménage à trois dont le scandale était public? Elle acceptait ce triomphe de Diane, parce qu’en réalité elle n’avait pas d’amour pour le roi. Il s’était fait d’ailleurs entre Diane et la reine une ligue tacite, et c’était un triste spectacle que la feinte amitié dont ces deux femmes ambitieuses se prodiguaient les marques extérieures. Lorsqu’il avait été question de divorce, Diane, qui aurait redouté pour son amant une épouse plus séduisante, avait intercédé en faveur de Catherine, et de son côté Catherine, qui n’aurait peut-être pas trouvé autant d’égards dans une autre maîtresse, témoignait à Diane tous les dehors de l’amitié. C’est ainsi que l’intérêt réunissait ces deux femmes dont la passion aurait pu faire d’irréconciliables rivales; mais dans l’atmosphère des cours les combinaisons de l’ambition et de l’intrigue ne savent-elles pas prévaloir sur les instincts du cœur et les sentimens de la nature? Nous trouvons donc toujours Diane à côté de Catherine. Elle lui permet de donner des enfans au roi; elle l’assiste dans ses couches, dans ses relevailles; elle la soigne dans ses maladies. Elle va même jusqu’à se faire écrire par le médecin de la famille royale : « Sans votre diligence et bonté d’esprit, la reine estoit jà presque désespérée; mais Dieu prospéra si bien vos efforts et exauça vos prières que finalement elle recouvra santé. » Ajoutons que ces soins étaient largement payés. Par une lettre signée à Blois le 17 janvier 1550, Henri II donnait à Diane 5,500 livres tournois (environ 66,000 francs de notre monnaie), « en faveur, disait-il, des bons, agréables et recommandables services qu’elle a ci-devant faits à notre très chère et très aimée compagne la reine. » Ainsi donc l’insatiable maîtresse faisait argent de tout, même des maladies de Catherine de Médicis! Le désordre du ménage royal se trouvait régulièrement organisé, et rien n’égalait l’adulation des courtisans devant l’adultère manifeste, si ce n’est la longanimité systématique de l’épouse outragée. Lorenzo Contarini écrivait en 1552 : « La reine ne pouvait souffrir dès le commencement de son règne un tel amour et une telle faveur de la part du roi pour la duchesse; mais depuis, sur les prières instantes du roi, elle s’est résignée, et elle supporte avec patience. La reine fréquente même continuellement la duchesse, qui de son côté lui rend les meilleurs offices dans l’esprit du roi, et souvent c’est elle qui l’exhorte à aller dormir avec la reine. »

Cette espèce de courtoisie de Catherine de Médicis et de Diane de Poitiers l’une pour l’autre fait songer à Marie Leczinska et à Mme de Pompadour. Marie Leczinska, comme Catherine, accepta son sort sans murmurer. mais par d’autres motifs que l’astucieuse Italienne. C’était chez la vertueuse femme de Louis XV résignation chrétienne, bonté d’âme, humilité ; chez Catherine, la soumission était une adresse, un calcul. Sans doute ses astrologues lui avaient prédit que l’heure viendrait où elle assouvirait sa seule passion, la passion de gouverner. Cette heure, elle l’attendait silencieusement et ne voulait point compromettre sa fortune par une impatience qui n’eût pas été politique. Elle se disait d’ailleurs qu’une autre maîtresse vaudrait peut-être moins que Diane. Ce fut aussi le raisonnement de Marie Leczinska. « La reine, rapporte le duc de Luynes, traite d’une manière très convenable Mme de Pompadour… Elle dit souvent que, puisqu’il y a une maîtresse, elle l’aime mieux qu’aucune autre. » La marquise, qui savait que la reine aimait beaucoup les fleurs, ne cessait de lui envoyer des bouquets. Elle se sentait flattée de voir qu’elle n’était pas inutile à la reine auprès du roi[4]. » Ainsi donc, sous Louis XV comme sous Henri II, c’était la maîtresse qui protégeait la femme légitime. Entre la vie de la duchesse de Valentinois at celle de la marquise de Pompadour, il y a d’autres points de ressemblance. Toutes deux déployèrent une avidité sans bornes ; toutes deux furent des femmes politiques, des personnages d’état, comme dit Duclos. Toutes deux s’entourèrent d’un cortège d’artistes et surent triompher avec un mélange d’orgueil et de prudence. Il existe aussi entre Henri II et Louis XV de remarquables analogies de caractère. Les deux princes étaient braves, aimaient la chasse, avaient l’abord et la prestance de gentilshommes accomplis. Ils étaient nés l’un et l’autre avec une certaine bonté de caractère ; mais les hommages idolâtres dont on les entourait avaient détruit le germe de leurs qualités. Et cependant ces souverains, qui vivaient au milieu d’une pompe féerique et qui épuisaient toutes les merveilles et tous les raffinemens du luxe, n’étaient pas véritablement heureux. Matteo Dandolo raconte que Henri II était de nature sombre et taciturne, que les courtisans disaient ne l’avoir jamais vu rire une seule fois. Le duc de Luynes nous apprend que Louis XV, blasé et rassasié de tout, avait des momens « de tristesse et d’une humeur qu’il fallait connaître pour ne pas la chagriner. « Si Henri II montrait « un naturel fort débonnaire et tant plus aisé à tromper, de sorte qu’il ne voyait et jugeait que par les yeux, oreilles et avis de ceux qui le possédaient, » Louis XV, avait un fonds de timidité naturelle, un embarras qui fit toujours partie de son caractère. Comme le remarque un homme qui le voyait tous les jours. Le Roy, lieutenant des chasses de Versailles, son indolence le portait à céder facilement à tout ce que ses ministres lui proposaient sans prendre la peine de l’examiner. Les deux princes avaient en apparence des sentimens très religieux. « Mme la sénéchale, dit Matteo Dandolo dans une de ses relations au sénat de Venise, racontait à une dame d’honneur que, remarquant en quelle dévotion profonde était le roi au moment de recevoir la couronne et lui ayant demandé depuis de lui vouloir bien dire pour qui il avait tant prié Dieu, le roi lui avait répondu que ce n’était pas pour une autre fin que la suivante : que si la couronne qu’il allait prendre promettait un bon gouvernement et assurait le salut de ses peuples, Dieu lui fît la grâce de la lui laisser pour longtemps, qu’autrement il la lui prît bien vite. » — « Le roi, dit encore Lorenzo Contarini, ne manque pas aux devoirs de la religion ; il va à la messe chaque jour, entend les vêpres les jours de fête, va aux processions à certains temps de l’année et honore chaque fête principale en touchant chaque fois avec autant de patience que de dévotion de nombreux malades atteints de scrofules, lesquels, au seul toucher du roi, prétendent être guéris. » Louis XV avait aussi, malgré tous ses désordres, un fonds de religion mal comprise, mais sincère, et les remords, qui existaient à l’état latent dans son cœur, étaient sans doute l’une des causes de sa perpétuelle tristesse. « Le roi ne fait point ses pâques, écrivait d’Argenson en 1740, de peur de se brouiller tout à fait avec Dieu. Il marmotte à l’église ses patenôtres et prières avec une décence d’habitude, et il ménage pour d’autres temps la pratique complète du salut. »

La supériorité du règne de Louis XV sur celui de Henri II, c’est qu’au moins il n’est pas souillé de cruautés. Mme de Pompadour était ce qu’on appelle vulgairement une bonne personne ; Diane de Poitiers au contraire, persécutrice des protestans, enrichie par les confiscations et les supplices, apparaît sous un double aspect, tour à tour gracieuse et terrible. Les fresques de Fontainebleau la montrent comme la déesse de la fable, tantôt en souveraine lumineuse de la nuit, tantôt en sombre Hécate entourée des flammes infernales. On dirait que les reflets des bûchers jettent sur sa figure des lueurs sinistres. Le côté odieux du règne, c’est la persécution. Qu’un moine espagnol, amaigri par le jeûne, macéré par la discipline et le cilice, soit fanatique, il inspire plus de compassion que de haine ; mais ces âmes épicuriennes et voluptueuses qui font de la cruauté un raffinement pour leur sensualisme, qui mêlent les bûchers aux tournois et se délectent à la vue du supplice de l’estrapade, ces âmes font naître un sentiment d’indignation inexprimable. Autant, sous Henri II, les basses classes étaient sincères dans leurs superstitions et leur fanatisme, autant l’on trouvait dans les hautes régions de scepticisme et de froid calcul. La persécution religieuse faisait partie, pour ainsi dire, du cérémonial de la cour. À chaque fête, on étouffait des hérétiques dans les flammes en signe de réjouissance publique. Le jour de l’entrée solennelle du roi dans sa bonne ville de Paris, on ne manqua pas à cette coutume. Henri, qui revenait au palais des Tournelles, après avoir assisté à des joutes brillantes, voulut contempler de près un des bûchers. Il reconnut la voix d’un de ses anciens domestiques qui expirait dans les tortures du feu. Le sacre et le couronnement de la reine donnèrent lieu à de nouveaux supplices. Un pauvre tailleur, arrêté comme hérétique, fut conduit devant le roi, auquel on voulait donner le divertissement de la confusion et de la simplicité de cet homme; mais il répondit à l’interrogatoire royal avec sagesse et dignité. Diane de Poitiers, qui assistait à cette scène, ayant voulu prendre part à la discussion : « Madame, s’écria-t-il, contentez-vous d’avoir infecté la France, et ne mêlez pas votre ordure parmi chose si sacrée qu’est la vérité de Dieu. » La favorite se tut pour le moment; mais le 4 juillet 1549, à la suite d’une procession où Henri venait de renouveler le serment d’extirper l’hérésie, un bûcher était allumé dans la rue Saint-Antoine, en présence du roi et de Diane de Poitiers. Le pauvre tailleur y monta avec trois de ses coreligionnaires. On raconte que lorsque le supplicié aperçut le roi accoudé à une fenêtre de l’hôtel de la Roche-Pot, « il se prit à le regarder si fort que rien ne pouvait l’en détourner. » Le roi, saisi de frayeur par ce regard fixe et terrible, quitta la fenêtre, et, longtemps poursuivi par ce souvenir vengeur, jura de ne plus voir brûler d’autres condamnés. Toutefois il ne jura point de ne plus en faire brûler, et les exécutions continuèrent. Ne fallait-il pas des exactions, des supplices pour alimenter le luxe babylonien de Diane? La favorite détestait ces réformés austères qui refusaient de courber la tête devant l’idole royale, et le cardinal de Lorraine, par l’appât des confiscations, avait gagné Diane de Poitiers à sa politique sanguinaire. On décida le roi à se rendre en personne au parlement le 10 juin 1559. On y délibérait sur les moyens de ramener une jurisprudence uniforme dans les jugemens sur les hérétiques. Henri, tendant un piège et parlant de la paix des consciences, invita chacun des conseillers à s’exprimer en pleine liberté. Ceux-ci eurent l’imprudence de se fier à la parole royale. — « Ce n’est pas chose de petite importance, dit Anne du Bourg, que de condamner ceux qui, au milieu des flammes, invoquent le nom de Jésus-Christ. Eh quoi! des crimes dignes de mort, blasphèmes, adultères, horribles débauches, parjures se commettent tous les jours impunément à la face du ciel, et l’on invente tous les jours nouveaux supplices contre des hommes dont le seul crime est d’avoir découvert par les lumières de l’Écriture sainte la turpitude romaine et de demander une salutaire réformation! » Le conseiller du Faur ne fut pas moins énergique, « Il faut bien entendre, s’écria-t-il, qui sont ceux qui troublent l’église, de peur qu’il advienne ce qu’Élie dit au roi Achab : C’est toi qui troubles Israël. » On avait prononcé le mot d’adultère. Des conseillers parurent se troubler comme si le souverain venait de recevoir une injure personnelle. Le roi exaspéré ordonna au connétable de saisir de ses propres mains sur leurs bancs Anne du Bourg et du Faur, et Montmorency obéit sur-le-champ. Henri était tellement irrité contre du Bourg qu’il dit qu’il « le verrait brûler de ses deux yeux; » mais il avait compté sans la lance de Montgommery. Dix-neuf jours après la séance du parlement, le roi était atteint d’un coup mortel dans un tournoi, où il portait encore les couleurs de sa maîtresse sexagénaire, la livrée noire et blanche des veuves, que Diane n’avait jamais quittée.

Les ambassadeurs vénitiens racontent que François II envoya dire à la favorite détrônée qu’en raison de sa mauvaise influence auprès du feu roi elle mériterait un grand châtiment, mais que, dans sa clémence royale, il ne voulait pas l’inquiéter davantage, que néanmoins elle devrait lui restituer tous les joyaux qu’elle tenait de Henri II. Elle fut aussi obligée de céder à Catherine de Médicis la magnifique terre de Chenonceaux, et reçut en échange le sombre château de Chaumont-sur-Loire. Heureuse que la vengeance de la reine-mère n’allât pas plus loin, Diane accepta sans murmure ce désavantageux marché, et, bientôt réconciliée avec le nouveau règne, elle vécut sept ans encore dans son château d’Anet au sein d’une opulente et fastueuse retraite. Elle avait marié ses deux filles à de grands personnages, les ducs d’Aumale et de Bouillon. Enrichie des dépouilles de la France et conservant encore des restes de beauté, elle brava jusqu’à la dernière heure les outrages des ans et de la fortune.

La vie de Diane de Poitiers fut, au point de vue de l’intrigue et de la cupidité, un succès continuel. Cependant cette femme si habile dut subir dans sa longue carrière les tristesses qui accompagnent le triomphe de l’immoralité. Il y a toujours au fond des situations fausses quelque chose de douloureux, et si le sens moral était peu développé au XVIe siècle, si l’on ne connaissait guère ces délicatesses de conscience qui poétisent les illustres pénitentes du siècle de Louis XIV, il n’est pas moins permis d’affirmer qu’il manquait à Diane de Poitiers le bien suprême, la paix du cœur. Ne trouve-t-on pas les traces d’une mélancolie profonde dans cette lettre qu’elle écrivait à Mme de Montagu? « Quand donc me vyendrès vous vysyter, madame ma bonne amie, estant bien désireuse de vostre veue qui me regalardiroit en tous mes chagrins que fusse-t-il, et bien voyes ce qu’advyent souvent de monter au dernyer degré qui feroyt croire que l’abyme est en hault. » C’est ainsi qu’arrivée au sommet de sa fortune la toute-puissante favorite voyait comme un gouffre devant elle, et ressentait ce trouble, cette vague inquiétude qui est le châtiment de l’ambition satisfaite. Sans doute elle dut entendre plus d’une fois l’écho des cris des malheureux qui payaient de leurs épargnes, quelquefois de leur vie, la réalisation de ses caprices. Lorsqu’elle trônait au milieu des merveilles de Chenonceaux, de ce « charmant castel fleuronné, blasonné, flanqué de jolies tourelles, orné de cariathides, contourné de balconnades avec enjolivations dorées jusqu’en hault du faiste, » tous ces fleurons, toutes ces arabesques ne devaient-ils point parfois se teindre de la couleur du sang, et les pensées sinistres ne pénétraient-elles pas dans ce « sylvestre et plantureulx bocage arrosé de fontaines, verdoyant comme un pré d’apvril? » Les fondations pieuses auxquelles Diane consacra les derniers temps de sa vie accusent le besoin qu’elle avait de se réconcilier avec Dieu. C’est au milieu lieu de ces occupations que la mort vint la surprendre le 22 avril 1566. Sa volonté dernière fut que son corps, après avoir été exposé dans l’église des filles pénitentes à Paris, fût transporté ensuite dans son château d’Anet. C’est là qu’avant la révolution on pouvait voir son mausolée, qui depuis a été transporté au musée des Petits-Augustins. Quatre sphinx de marbre blanc soutiennent un sarcophage sur lequel Diane est représentée agenouillée dans le costume de l’époque, les mains jointes devant un livre ouvert sur un prie-Dieu. Son testament, minutieux, détaillé, rédigé avec cette précision pointilleuse qui caractérise tout ce qu’elle a écrit, est empreint de sentimens de piété. Elle demande des messes, des cierges, des processions. Elle se préoccupe d’une manière toute particulière des maisons religieuses ouvertes aux filles de mauvaise vie, comme si elle reconnaissait, au fond de sa conscience, une analogie entre leur destinée et la sienne. Jusque dans ce testament même reparaît la femme de lucre et d’intrigue : elle y parle de ses biens comme « venant en partie de son labeur, » expression d’une cynique naïveté qui peint un caractère et qui résume une existence.

La réputation de Diane de Poitiers ne gagnera pas aux nouvelles études faites sur son caractère. Si ingénieux, si complaisans qu’ils soient, les apologistes des reines de la main gauche ne peuvent découvrir dans cette destinée rien qui charme l’imagination, rien qui séduise le cœur, rien qui doive désarmer la juste sévérité de l’histoire. Parmi toutes les lettres récemment publiées, on n’en trouve peut-être pas une seule où il y ait quelque chose de tendre ou d’humain. Le personnage officiel ne se dément jamais. C’est une femme sans attendrissement, sans larmes, sans sourire, beauté virile qui a la force, l’énergie, la résolution, mais dans laquelle on cherche en vain les véritables attributs de son sexe, la grâce et la bonté. C’est le type des favorites royales, de ces grandes intrigantes, moitié ministres, moitié maîtresses, qui traitent le sentiment comme une affaire d’état et apportent dans le triomphe du vice une sorte de décorum et de gravité. N’est-ce pas assez que ces femmes, si chèrement entretenues par la France, aient été de leur vivant l’objet des flatteries les plus basses, de l’idolâtrie la plus servile? Faut-il encore que leur mémoire ait des panégyristes enthousiastes? Félicitons M. Guiffrey d’avoir échappé à cette littérature de boudoir, à cette manie de réhabilitations malencontreuses qui semblent un défi à la morale et au bon sens. Diane de Poitiers, quoi qu’on en dise, fut le mauvais génie de Henri II. Mieux dirigé, ce prince eût été capable de grandes choses. Diane lui ôta le respect de lui-même. La prétendue « divinité de la renaissance » ne mérite point d’apothéose, et, si l’histoire n’est pas une école de scandale, elle n’aura jamais d’indulgence pour des femmes qui ne furent en réalité que des modèles de courtisanes.


IMBERT DE SAINT-AMANND.

  1. Les Amours de François Ier, par M. de Lescure; 1 vol..
  2. M. Armand Baschet, les Princes de l’Europe au seizième siècle.
  3. Le Grand-Seigneur était alors le sultan Soliman II, qui, avec ses navires, secondait la France contre l’Espagne, et qui, tout musulman qu’il était, ne trouvait pas sans doute de son goût la traite que Diane exerçait sur des captifs chrétiens.
  4. Mémoires du duc de Luynes, t. II, p. 228.