Dharmasindhu, ou Océan des rites religieux/Chapitre VI

Dharmasindhu, ou Océan des rites religieux
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (Tome 7p. 190-197).


CHAPITRE VI
DESCRIPTION DES VŒUX SACRIFICATOIRES

Les femmes et les Shudras n’ont pas le droit de jeûner plus de deux nuits. Les femmes ne doivent accomplir ni jeûnes, ni vœux sacrificatoires, etc., sans la permission de leurs maris. Les jours de jeûne, et les jours dans lesquels on célèbre les rites funéraires commémoratifs des ancêtres, on ne doit pas se nettoyer les dents avec une ramille[1], mais seulement avec des feuilles, ou avec douze gorgées d’eau. C’est le matin, en tenant à la main un vase de cuivre rempli d’eau, et la face tournée vers le Nord, qu’on doit prendre la résolution des vœux sacrificatoires, tels que les jeûnes et autres[2]. Los vœux sacrificatoires ne doivent ni commencer ni finir dans le mois intercalaire, pendant le coucher de Jupiter et des autres planètes, au temps des conjonctions (astrologiques) néfastes de Vaidhriti et Vyatipâta[3] et du Karana appelé Vishti[4], dans les jours rejetables[5] et à la dernière Tithi de la moitié obscure du midi. De mèiiie aussi aucuu vœu sacrificatoire ne peut être commencé ou fini pendant une Tillii défectueuse selon le principe de Satyavrata[6] « la Tithi qui renferme un lever du soleil mais qui ne s’étend pas jusqu’à midi est une Tithi défectueuse et à cette date aucun vœu sacrificatoirc no doit être commencé ni fini ». La patience, la vérité, la compassion, les dons, la pureté, le réfrénement des sens, le culte des dieux, les offrandes, le plaisir, l’abstention du vol sont obligatoires pendant la durée des vœux sacrificatoires[7].

Il faut savoir que le caractère particulier des vœux sacrificatoires volontaires consiste en ceci que l’holocauste (qui s’y rapporte) doit être célébré avec les Sons Sacrés[8]. Quand le vœu sacrificatoire d’un jeûne est accompli en l’honneur d’une certaine divinité, on doit adorer cette divinité, la contempler mentalement, écouter les récits de ses actions, la louer et la glorifier en répétant ses (nombreux) noms[9], etc.

Pendant le jeûne, on doit oublier la vue et l’odeur de la nourriture, ne pas s’oindre d’huile, ne pas mâcher de pan-supāri[10], ne pas s’enduire le corps d’onguents odorants[11]. Les femmes mariées, pendant le temps heureux de leur mariage, ne doivent pas oublier l’onction d’huile, le pan-supāri, etc., quand elles accomplissent des vœux.

Les huit choses suivantes n’altèrent pas un vœu (quant à son jeûne) : l’eau, les racines, les fruits, le lait, le beurre clarifié (voir note 75), (la satisfaction des) désirs d’un brahmane, l’ordre du prêtre directeur de la famille, et la médecine. Si le vœu est rompu par négligence ou par toute autre cause, il faut observer un nouveau vœu avec jeûne de trois jours et rasage. Si quelqu’un est trop délicat pour accomplir un jeûne, il doit en remplacement et comme pénitence donner un repas à un brahmane[12], ou l’équivalent en argent, ou prononcer 1,000 incantions Gāyatri[13], ou accomplir douze fois la cérémonie de respiration[14]. Si quelqu'un qui a fait lui vœu n'est pas en état de l'accomplir, il doit le faire faire par un remplaçant. On peut se faire remplacer par son fils, sa femme, son mari, son frère, par un prêtre, un ami, etc. Si un fils ou quelqu'autre de ceux qui viennent d'être désignés agit comme remplaçant pour son père ou pour quelqu'autre (ami ou parent), il a une part dans la récompense du vœu. On rompt le jeûne en buvant de l'eau à plusieurs reprises, en mâchant, ne fut-ce qu'une fois, du pan-supāri, en dormant dans le jour, et par les relations sexuelles, qui sont de huit sortes, savoir : y réfléchir, les chanter, coquetter, les regarder lascivement, avoir une conversation secrète dans un lieu solitaire, prendre résolution de s'y livrer, se préparer à les commettre, et enfin les commettre[15]. Si cependant quelqu'un est en danger de mort, il ne commet aucune faute en louant de l'eau à plusieurs reprises. L'eau contenue dans des outres, le lait autre que celui de vache, les lentilles, les limons et la chaux faite avec diîs coquilles ( oir note 95) sont sensés nourriture solide et doivent être évites au temps d'un vœu. Répandre des pleurs ou se mettre en colère rompt le vœu immédiatement. Si pendant le temps de son vœu sacrificatoire quelqu'un mange de la nourriture donnée par un autre, c'est celui qui a donné la nourriture qui a le bénéfice du vœu. Il faut éviter pendant la célébration d'un vreu, à l'exception des graines de sézame et des haricots, toutes les espèces de légumes à gousses, tels que les pois, etc., les fèves tachetées (Phaseolus Radiatus), les racines (comme les radis, les ignames, etc.), tout ce qui est acide, salé ou doux, de même aussi que la nourriture animale. Le grain de Panicum Colonum, le riz sauvage, et le froment ne sont pas nuisibles pour un jeûne sacrificatoire. Le riz, les haricots, l’orge, les grains de sézame et de Panicum Italicum, le Pisum Sativum, les pois et autres grains : les radis rouges, la racine d’Arum Ganipanulatum et autres oignons ; le sel de roche du Sindh[16], les sels de mer ; les produits de la vache, tel que le lait caillé, le beurre clarifié et le lait ; le fruit de l’arbre Jacka, du manguier et du cocotier ; les plantes potagères, les baies de Piper Lougum, les grains de cumin, le gingembre sec, le tamarin, les bananes, le fruit de l’Anona Reticulata, les mvrobalans, le sucre et toutes les espèces de mélasses, conviennent aux offrandes quand ils sont cuits sans huile. Do même aussi, à ce que disent certains auteurs, le petit lait de beurre de vache et le beurre clarifié de buffle.

Lorsque la manière de faire le vœu sacrificatoire n’est pas spécifiée, il faut faire et adorer une image d’argent ou d’or du poids d’un Mâsha (environ 17 grains troy).

Quand les ingrédients du vœu sacrificatoire ne sont pas spécifiés, il faut offrir une oblation de beurre clarifié. Quand la divinité n’est pas spécifiée il faut prendre Prajāpati[17]. Quand l’incantation n’est pas spécialement nonimije, il faut employer toujours celle qui est appelée Vyāhriti[18]. Quand le nombre des holocaustes à offrir n’est pas spécifié, il faut en faire 108, ou 28 ou 8.

Quand le jeûne relatif à (la célébration d’un vœu sacrificatoire est fini, il faut préparer un repas pour un brahmane. Quand la partie qui termine un vœu n’est pas spécifiée, il faut donner une vache ou de l’or à un brahmane. La parole (incantation) d’un brâhmane est également un complément convenable pour un vœu sacrificatoire, mais la parole du brahmane doit toujours être rémunérée par un présent. L’homme qui, après avoir pris la résolution de faire un vœu sacrificatoire, y renonce est égal et même inférieur à un Chanḍāla^^104. Pendant la durée des vœux et autres rites, les veuves ne doivent pas porter de vêtements gais ou rouges, mais seulement des habits blancs. Les femmes, au moment de leur délivrance, de la menstruation, quand elles ont la fièvre, ou pendant un vœu commencé doivent accomplir elles-mêmes les rites du corps (comme le jeûne, par exemple), mais pour les autres rites, comme, par exemple le culte sacrificatoire (des Dieux) elles doivent les faire célébrer par un remplaçant. Toutefois un rite qui n’a pas encore été commencé ne doit pas s’accomplir pendant la délivrance ou autres moments semblables. Il n’est pas permis de se faire remplacer pour des rites qui doivent être célébrés pour obtenir une faveur spéciale, car on ne peut prendre un remplaçant que pour les rites obligatoirement constants^^105 ou pour des rites accidentels s’appliquant à des époques particulières^^106 ; cependant quelques-uns affirment qu’il est permis de se faire remplacer même pour les rites célébrés en vue d’une grâce spéciale si le rite a déjà été commencé (lorsque la maladie, etc. qui en empêche l’accomplissement se déclare). Il n’est pas permis de se faire remplacer pour prononcer les incantations sacrées, ni au Maître de maison (qui conduit en personne le vœu sacrificatoire), ni pour célébrer les rites aux divinités tutélaires de certains jours) ni pour les oblations au Feu^^107.

Quelques-uns disent que rien de défendu ne peut être pris, pour remplacer un vœu. Quand plusieurs vœux sacrificatoires ou autres rites tombent sur le même jour, il faut accomplir l’un après l’autre ceux qui ne se contrarient pas, comme par exemple, les dons aux brahmanes et les holocaustes (quotidiens) ; mais quand ils sont opposés les uns aux autres, comme, par exemple, le rite du Repas de nuit et le jeûne, alors il faut en célébrer un soi-même et se faire remplacer

104 La caste la plus basse et la plus méprisée (et qui commet l’abomination de manger de la chair de vache).

105 Tels que, par exemple, les trois adorations quotidiennes.

106 Comme, par exemple, les rites pour les mânes des ancêtres (voir note 47), ou ceux qui se célèbrent à la naissance des enlanlsj ou au moment des conjonctions solaires, etc.

107 Bien que le feu, à ce qu’il semble, ne soit pas personnifié par les Indous modernes comme il l’était dans les temps védiques, les offrandes au feu sont cependant encore obligatoires dans le culte quotidien. pour les autres par son fils, sa femme, etc. Quand la partie terminale complémentaire^^108 d’un vœu sacrificatoire tombe à la quatorzième et à la huitième Tithi, dates auxquelles (suivant la règle) aucun repas ne peut être pris pendant le jour, le repas de cette partie finale est néanmoins permis (pendant le jour) suivant la règle sur les rites finaux complémentaires, car cette prohibition de la quatorzième et de la huitième Tithi, ne concerne que le repas habituel que l’on prend chaque jour suivant son bon plaisir. De même aussi lorsque des Tithis néfastes, telles que la quatrième et autres, pendant lesquelles les repas doivent se prendre de nuit, tombent un dimanche, jour pendant lequel le repas doit se faire de jour, le repas doit néanmoins se prendre de nuit. Si la huitième Tithi durant laquelle les repas doivent se faire de nuit, et le dimanche, pendant lequel il est défendu de manger de nuit, tombent un même jour, alors, observant les deux prohibitions, il faut observer le jeûne. Lorsque, un même jour, se rencontrent une entrée du soleil dans un des signes du zodiaque, moment où le maître de maison qui a un fils ne doit pas jeûner, et la huitième ou une autre Tithi, pendant laquelle les repas sont interdits, il faut manger très peu et de cette manière, on garde les jeûnes^^109. Si la onzième Tithi (avec son jeûne) arrive pendant la célébration du rite appelé « le vœu de pénitence du cours lunaire » ^^110, on doit néanmoins manger le nombre de bouchées prescrites pour ce jour^^110. Il faut agir de même lorsque le jeûne appelés Kritchra^1Il se présente (pendant le vœu des pénitences du cours lunaire). De même encore si la partie terminale (voir note 108) d’un « jeûne intermittent » ^^112 tombe à la onzième Tithi (avec son jeûne), il faut ne boire

108 Presque tous les rites et les jeûnes se terminent par un repas de fête.

109 Nous avons déjà vu (note 75) qu’un jeûne n’est pas nécessairement rompu, si on mange certaines sortes de mets.

110 Le mot que nous traduisons ainsi est « Chândrâyanam » ; c’est une pénitence religieuse réglée par l’âge de h lune. Elle consiste à ne manger que quinze bouchées de riz le jour de la pleine lune, à supprimer chaque jour une bouchée tant que la lune décroit de façon à arrivera zéro le jour de la nouvelle lune, puis à recommencer on ajoutant chaque jour une bouchée à mesure que la lune croît jusqu’à ce qu’on arrive de nouveau à quinze le jour de la pleine lune. Ce vœu peut commencer ou à zéro le jour de la nouvelle lune, ou à quinze le jour de la pleine lune.

111 Ce jeune consiste à ne prendre, pour se soutenir, que de l’eau pendant 3, 6, 9, 12 ou 21 jours. Les loduus enseignent dans leurs shastras qu’en ne prenant que de l’eau on ne peut pas vivre plus de 21 jours ; aussi out ils été très étonnés, l’année dernière (1880), d’apprendre que le fameux américain Tanner avait vécu pendant 40 jours en ne prenant que de l’eau.

112 Il consiste à jeûner le premier jour, manger le second jour, jeûner le troisième, et ainsi de suite pendant le nombre des jours prescrits pour le rite. que de l’eau et, de cette façon, observer le jeune. Quand la partie terminale complémentaire du jeûne d’un mois^^113, ou du rite funéraire des ancêtres, ou du rite Pradosha^^114 tombe à la douzième Tithi avec son jeûne, il faut accomplir le rite du repas final avec de l’eau. Quand une entrée solaire dans un signe du zodiaque, époque où un maître de maison qui a un fils ne doit pas jeûner, a lieu pendant la onzième Tithi (avec son jeûne), il faut boire très peu d’eau, manger quelques racines, des fruits, du lait (et ainsi observer le jeûne, voir note 75). Si deux jeûnes, ou deux rites de repas de nuit, ou deux rites d’un repas par jour tombent le même jour, il faut alors déclarer la résolution suivante (voir notes 27 et 87) : « Par le moyen de cette seule cérémonie, j’accomplis et ce jeûne-ci (en le nommant) et cet autre (en le nommant) » et ainsi le jeûne, le culte, et l’holocauste sont accomplis ensemble. Quand un jeûne et un rite d’un repas par jour tombent un même jour et que ce jour renferme des parties de deux Tithis, alors recourant même au temps inférieur du jour » ^^115, un des rites doit être célébré pendant la première Tithi et l’autre rite pendant la seconde Tithi ; mais si ce jour se compose d’une seule Tithi complète (voir chap. iv) un des rites, doit être célébré par un remplaçant, tel qu’un fils, etc. Conformément aux textes tels que celui-ci : « Le rite célébré en vue d’une grâce spéciale est incompatible avec le rite constant » ^^116 (voir note 105) on doit rechercher lequel (des deux rites tombant le même jour) doit être accompli, en examinant soigneusement si l’un des rites est volontaire et fait en vue d’une grâce spéciale, et l’autre obligatoirement constant ; si l’un a une grande et l’autre une faible importance ; s’ils sont ou ne sont pas incompatibles ; et s’ils peuvent ou ne peuvent pas être combinés.

Telle est la définition générale des rites sacrificatoires, le sixième chapitre.

113 Voir note 75.

114 Rite de jeune qui s’accomplit en l’honneur de Shiva au temps de la treizième Tithi. Ici le mot « Pradosha » n’est pas employé dans le même sens que dans le leste auquel se rapporte la note 79.

115 Le temps inférieur est habituellement la fin de l’après-midi, moment pendant lequel il est de règle qu’aucun rite ne doit être célébré.

116 L’auteur ne dit pas quel est celui des livres dénommés dans la note 18 qu’il cite ici.


  1. Cette ramille est habituellement une petite branche de l’arbre Bābhul (sorte d’Accacia arabica) dont le bout est battu jusqu’à ce que ses fibres forment une sorte de petite brosse, avec laquelle on frotte chaque dent l’une après l’autre et qu’on doit ensuite casser en plusieurs morceaux et jeter. Dans tous les bazars indous, on vend des paquets de ces ramilles.
  2. Cet acte de résolution s’accomplit de la façon décrite dans la note 27. Le spectacle de nombreux brahmanes et autres Indous orthodoxes sortant le matin de leurs demeures, tenant chacun un pot d’eau et murmurant cette résolution est tout ce qu’il y a de plus curieux pour l’Européen nouvellement arrivé.
  3. Il y a 27 de ces conjonctions, la conjonction Vyatipāta est la dix-septième et Vaidhrîti la vingt-septième. Voici leurs noms dans l’ordre voulu : — Vishkambha, Priti, Ayushmān, Saubhāgya, Shobana, Atiganda, Tukarmā, Dhṛiti, Shula, Ganda, Vṛidhi, Dhruva, Vyāghata, Harshana, Vajra, Sidhi, Vyatipāta, Varyāna, Parigha, Shiva, Sidha, Sādhya, Shubha, Shukla, Brahmā, Aindra, et Vaidhṛiti. Quelques-unes, comme, par exemple, les deux conjonctions désignées dans le texte ci-dessus, sont absolument néfastes, tandis que d’autres sont propices à leur début et néfaste vers leur fin, ou vice versa, leur augure, bon ou mauvais, étant, du reste, impliqué dans leur sens étymologique. Naturellement elles sont complètement astrologiques se joignent aux Tithis dans un ordre régulier et leur prêtent leur caractère propre de sainteté ou de mauvais augure. Pour trouver celle de ces conjonctions astrologiques qui doit s’appliquer à chaque Tithi, le Jyotishasāra donne la règle que voici : « Observer l’astérisme (voir note 25) du soleil pour cette Tithi et compter le nombre des astérismes qui se trouvent entre cet astérisme et l’astérisme précédent de Pushya, tous deux étant inclus ; observer encore l’astérisme de la lune pour cette Tithi, compter le nombre des astérismes qui se trouvent entre celui-ci et le précédent astérisme de Shravana, additionner les deux nombres, soustraire de cette somme 27 (le nombre des conjonctions astrologiques), et le reste donnera le numéro, dans l’ordre voulu, du yoga de cette Tithi. » Le Grahalāgava donne une règle plus compliquée pour trouver le yoga, ou conjonction astrologique, d’une Tithi, mais ce que nous en avons dit suffit pour démontrer que c’est une pure invention sans fondement et il est inutile de pousser plus loin cette description.
  4. C’est la septième des demi-Tithis astrologiques qui portent le nom de Karanas et qui sont au nombre de onze, savoir : Bava, Bâlava, Kaulava, Taitila, Garaja, Vanija, Vishti (qu’on appelle aussi Bhadra et Kalgâni), Shakuni, Chalubhpail, Naga et Kinistu^hiia. Chacune des trente Tithis du mois est divisée en deux parties, faisant ainsi soixante demi-Tithis, à chacune desquelles s’applique un Karana ; mais comme il n’y a que onze Karanas, on répète huit fois les sept premiers, de B iva à Vishii, qui couvrent ainsi cinquante-six demi-Tithis et pour cette raison sont appellés Karanas constants ; les quatre dernières des soixante demi-Tithis sont couvertes par les quatre derniers Karanas.
  5. Surtout le Jeudi et le Samedi.
  6. L’auteur du Dharmashāstra.
  7. Un pareil précepte, qui restreint les actions vertueuses dans certaines limites, peut paraître étrange à un esprit occidental, mais pas à un Indou orthodoxe, car dans ces deux versets (édition de Bombay du Jyotishasāra, Shaka. 1798, à l’imprimerie Jṅānārpana, p. 11, l. 13-14, pour les deux premiers vers, et p. 12, l. 8-9, pour les deux derniers) :

    BhedânritasteyavisehâgnishastravadhyâbhighCitaharasliâhjadambhln,
    SenaniveshdkaradhatuhemapravCdaraktimi kuje vidadhyât.
    Lohâshmaslsatrapu^hastrad isapûpanritasteyin’ischâsaviidyam,
    G>'iliapraveshadvipabandhadî/ishûsthiraiicuharmrirkasji !é’Uni kuryât.

    Le Jyotishasara enseigne que les Jeudis et les Samedis, il est permis de tricher, de provoquer, de trahir, de voler, de mentir, d’empoisonner, d’assassiner, de détruire, de paillarder et de commettre d’autres crimes horribles, quoique probablement il ne veuille pas dire qu’on doit ou même que tout le monde peut perpétrer ces crimes mais que ceux qui se trouvent dans une certaine mesure sous l’influence du mal, la troisième des trois qualités naturelles qui entrent dans la composition de l’univers, étant entraînés par leur nature propre à commettre ces crimes, peuvent le faire impunément les Jeudis et les Samedis, jours qui deviennent ainsi une soupape de sûreté pour la propension exagérée vers le mal de l’influence duquel aucun habitant de cet univers, fut-ce même Brahm en tint qu’un quart de son être a été développé dans cet univers, ne peut se défendre, pas pins que de l’influence des deux qualités du Bien et de l’Indifférence.

  8. L’expression traduite ici par Sons Sacrés est Vyāhriti, qui s’applique surtout aux trois mots Bhur, Bhurar, Svar, qui se prononcent au commencement de presque toutes les incantations, les prières et les rites. Bhur est la terre, Bhuvar l’espace entre la terre et le soleil, Svar l’espace entre le soleil et l’étoile polaire. Outre ces trois mondes, il y en a quatre autres, en tout sept mondes supérieurs au monde terrestre, dont chacun est plus élevé et meilleur que celui qui le précède. Les quatre derniers se nomment : Mahar, Janar, Tapar et Satya-loka. On dit que les âmes qui atteignent à ce dernier monde sont exemptées de nouvelles transmigrations. Quand il s’agit des rites, on emploie souvent, de la même manière que Bhur, Bhuvar et Svar, le nom du quatrième, Mahar, et rarement ceux des trois derniers.
  9. Vishnu, par exemple, a mille noms qu’il est très méritoire de répéter dans leur ordre respectif.
  10. La feuille de l’arbre à Bélel poivré, avec un morceau de noix d’aréca, de la chaux, du cardamome, du tabac et autres ingrédients, que les indigènes mâchent après leurs repas et qu’ils offrent à leurs hôtes et à leurs visiteurs.
  11. On emploie surtout de la poudre de bois de sandal mélangée à de l’huile douce, de la poudre de racine de safran des Indes, du bois d’aloès et de la feuille du safran. On s’en frotte le front, le bras, la poitrine et quelquefois tout le corps.
  12. Si celui qui l’offre est un brahmane, le repas doit être servi cuit ; mais si le donateur est d’une autre caste, la nourriture doit être offerte en nature à cause de la contamination qu’occasionnerait un repas offert par une personne de caste basse.
  13. Le mot Gāyatri signifie chant ou hymne. On donne ce nom à ce genre d’hymnes du Rig-Véda dont le mètre se compose d’un triplet de trois parties de huit syllabes chaque, mais surtout à cet hymne particulier, qui se trouve dans le Rig-Véda, III, 62, 10, qui accompagne tous les rites religieux ; on le considère comme l’incantation la plus sainte des brahmanes et des deux fois nés et si sacrée que c’est un grand crime que de la prononcer pour tout individu qui n'appartient pns à cette caste privilégiée. Ordinairement celte incantation est précédée da ces quatre mots :

    Om, bhur, bhuvas, svah.

    Om est le monosyllabe mystique placé au commencement de tous les livres indous, qu'on prononce également au commencement et à la fin de la lecture des Vedas et des prières de telle façon qu'il ne puisse être entendu par une oreille profane. Dans l'Indouisme moderne on enseigne que ce mot est composé des trois lettres a, u, m, qui représentent Vishnu, Shiva et Brahma ; mais dans les Upanishads védiques panthéistes le mot Om tient la place de Akshara, l'indivisible Tout. Pour le sens de Bhur, Bhuvas, Svah, voir la note 93. L'incantation Gâyatri elle-même se compose des 24 syllabes suivantes :

    Tat savitur varenyani hliarjo decasya dliiniuhi dhiijo yo nah pvachodayCit ; le t du dernier mot est compté pour une syllabe complète. Le sens de celte incantidion est : « Nous méditons sur la splendeur du divin soleil. Puisse t-il illuminer notre intelligence ».

    Le mot traduit parte soleil » est « Savitri », et nous suivons ici le grand commentateur Sâyana qui dit que Savitri est toujours le soleil, mais quelquefois le soleil qui n'est pas encore levé. Les scholiastes indous donnent au sens de la Gâyatri une extension que la grammaire n'autorise pas.

  14. Cette cérémonie de respiration se pratique de la manière suivante ; on se bouche la narine droite avec le pouce et ou aspire l'air par la narine gauche ; alors on ferme les deux narines avec le pouce et l'index et on conserve l'air aspiré aussi longtemps que possible ; puis on ouvre la narine droite pour l'expiration en la faisant durer aussi longtemps que possible, et on recommence ainsi qu'il vient d'être dit coup sur coup jusqu'au nombre prescrit.
  15. Ici, comme dans le texte auquel se rapporte la note 92, il est bien spécifié que les mauvaises actions doivent être évitées seulement pendant les époques sacrées des vœux, etc.
  16. Contrée voisine du fleuve Indus.
  17. Dans les Vedas, Prajāpati est une épithète qui s’applique souvent aux dieux suivants : le Soleil, la Lune, l’Éther, le Feu, les Vents, etc. ; plus tard il devint un dieu particulier et fut invoqué comme le créateur et le dispensateur de la progéniture et du bétail ; quelquefois même on l’identifie à Brahma, l’essence universelle. bans la mythologie Purânique le nom de Prajāpati est donné aux dix seigneurs des êtres créés, ou grands procréateurs, qui se nomment, suivant Manu, I-34 : Marichi, Atri, Angiras, Pulastya, Pulaha, Kratu, Vasishta, Praçetas ou Daksha, Bhrigu et Narada.
  18. Voir les notes 93 et 98.