Traduction par Anonyme.
chez les veuves sulamites, aux petits appartements de Salomon (A. Boutentativos). (p. 3-6).

AVIS DE L’ÉDITEUR.



CE siècle est certainement celui des sciences et des arts, malgré tout ce qu’en disent des détracteurs de mauvaise humeur, dont quelques-uns font eux-mêmes preuve contre ce qu’ils voudroient persuader. Depuis cent ans, les connoissances de toute espèce se sont considérablement multipliées et répandues. Tout le monde parle à présent au moins deux ou trois langues, lit beaucoup, écrit quelquefois, fait de la prose passable, même quelques petits vers, fait un peu de musique, de physique, d’histoire et de géographie,

Cette dernière science nous paroît sur-tout d’une grande utilité, aujourd’hui que toutes les parties du monde connu sont comme enchaînées les unes aux autres ; que la moindre secousse donnée à la partie A, répond aussi-tôt à la partie Z, et peut y causer les plus étranges effets.

Il serait donc à désirer que la jeunesse se donnât avec application aux connaissances géographiques, qu’elle ne se bornât point à s’en procurer de superficielles, mais qu’elle voulût acquérir toutes celles qu’il est possible d’avoir en cette partie. Il faut avouer aussi qu’il lui serait assez difficile de satisfaire ce louable désir, si d’excellens livres ne lui en fournissaient les moyens, et c’est précisément ce qui nous manque.

Ce que nous avons eu jusqu’à présent sur cette matière n’est point assez détaillé : tout y est traité sommairement. Vous y apprendrez bien la situation d’un pays étranger ; mais vous ne saurez rien de l’endroit où vous êtes né. Afin de détruire désormais cette ignorance, il serait à propos que les académies de chaque province proposassent tous les ans un prix pour la meilleure description de telle ou telle ville dépendante de cette province, et qui devrait toujours être faite par un des concitoyens. Ainsi se formerait peu-à-peu un recueil topographique complet de tout le royaume ; ensuite on passerait aux pays étrangers, et l’instruction deviendrait facile et générale.

Il semble que les Anglais ont déjà eu cette idée ; ils ont publié une description très-étendue d’une petite province qu’ils appellent Merryland ; elle paraît faite dans l’intention qu’on vient de proposer. L’on s’est déterminé à la traduire comme un exemple bon à suivre.

On prie le Lecteur de se souvenir que ce n’est pas un jeu de l’imagination qu’on lui présente ; on n’a point voulu l’orner de fleurs artificielles, cela ne convenait pas au sujet qui tient tout à la nature. D’ailleurs, c’est une espèce de traduction, dont le style sera peut-être trouvé dur ; mais ce n’est pas un défaut, dit-on, en traitant une matière de ce genre, qui exige plutôt un raisonnement solide que des phrases frivoles bien symétriquement arrangées, et qui, dans le fond, disent peu de chose.