Description de Notre-Dame, cathédrale de Paris/Trésor

Trésor.

Le trésor de Notre-Dame était autrefois célèbre par sa magnificence. Les évêques, les rois, les personnages les plus illustres de l’État l’avaient enrichi successivement d’une foule d’objets du plus grand prix. On y comptait, en 1763, quatre bustes et deux images en vermeil, or et pierreries ; un livre d’épîtres relié en vermeil ; six reliquaires de même matière et trois autres en argent ; deux grands reliquaires en or ; cinq châsses de vermeil ; quatre crosses ; une armoire pleine de chandeliers de vermeil ; six croix de vermeil ; une croix d’or attribuée à saint Éloi, et une d’argent ; trois vases de vermeil et trois d’argent ; sept calices en vermeil, un en or ; deux grands calices en argent ; trois burettes en vermeil ; un grand ciboire en argent ; deux paix en vermeil ; un soleil de vermeil et un d’argent ; deux encensoirs d’argent ; une baguette de vermeil ; un bâton cantoral en vermeil ; un réchaud d’argent à placer sur l’autel pendant l’hiver ; un tombeau d’argent pour le jeudi saint ; un bras en vermeil, et bien d’autres vases ou reliquaires dont l’énumération nous mènerait trop loin. Le plus grand nombre de ces objets n’était pas antérieur au XVIe siècle ; mais il y en avait aussi de beaucoup plus anciens[1]. On peut imaginer ce que devint le trésor à l’époque de la dévastation des églises. Quand le culte fut rétabli, le gouvernement fit restituer à l’archevêque quelques objets qui avaient été conservés comme des raretés dans les dépôts publics. En 1831, de nouveaux orages vinrent menacer le peu qui avait échappé à la première tourmente. L’archevêque et le chapitre prirent alors le parti de déposer en mains sûres, dans diverses communautés religieuses, ou même chez des particuliers, les reliques et les vases sacrés. Aujourd’hui, tous ces monuments respectables de la foi de nos pères ont repris la place qui leur convient, dans une salle préparée pour les recevoir à l’étage supérieur de la sacristie neuve. Nous signalerons dès aujourd’hui à la vénération et à la curiosité de nos lecteurs la sainte couronne d’épines de Notre-Seigneur, en l’honneur de laquelle saint Louis construisit la Sainte-Chapelle ; le saint clou qui appartenait à l’abbaye de Saint-Denis ; la croix d’or de l’empereur Manuel Comnène, XIIe siècle, que la princesse Anne de Gonzague légua, en 1683, aux moines de Saint-Germain des Prés ; deux calices en vermeil, du XIIIe siècle ; la relique de la vraie croix envoyée en 1109, à Galon, évêque de Paris, par Anseau, chantre de l’église du Saint Sépulcre à Jérusalem ; la crosse en bois et cuivre de l’évêque Eudes de Sully ; le crucifix que tenait saint Vincent de Paul, lorsqu’il assista le roi Louis XIII, au moment de la mort ; la discipline de saint Louis ; plusieurs fragments d’étoffes qui passent pour avoir fait partie d’un vêtement de ce prince ; un sac de soie tissu d’or, une ceinture de lin rehaussée d’ornements de couleur, et d’autres linges qui lui auraient aussi appartenu. Les objets anciens réintégrés dans le trésor et les dons faits à l’église depuis le concordat formaient déjà une collection d’une valeur considérable, lorsqu’ils furent dispersés. Nous souhaitons que leur rentrée à Notre-Dame soit pour l’insigne cathédrale le commencement d’une ère nouvelle de gloire et de prospérité. Puisse-t-elle voir renaître les anciens jours de foi et de grandeur, en même temps que, par les soins du gouvernement, les artistes de notre époque lui rendent son antique parure, effaçant les outrages du temps et des hommes.

FIN

    Recueil des épitaphes de la ville de Paris ; un Travail descriptif par Charpentier. Aux Archives de l’empire, une collection de planches très-complète et bien exécutée.

  1. Annales archéologiques, t. III.