Des hommes sauvages nus féroces et anthropophages/Relation/48

Traduction par Henri Ternaux.
Arthus Bertrand (p. 203-204).


CHAPITRE XLVIII.


Comment les Indiens dévorèrent le second des chrétiens qui avaient été tués.


Dès que Parwaa eut réuni tout ce qu’il lui fallait, il fit préparer la boisson qui devait être consommée en mangeant le corps de Jérôme, et il rassembla les sauvages. Quand ceux-ci se furent enivrés, ils firent amener les deux frères dont j’ai parlé, ainsi qu’un nommé Antonio, qui avait été pris par le fils de mon maître, et ils nous firent boire avec eux. Mais, avant de boire, nous eûmes soin d’adresser notre prière à Dieu, le priant d’avoir pitié de son âme ainsi que de la nôtre quand notre heure serait venue. Les sauvages riaient et se réjouissaient, mais nous souffrions beaucoup. La fête recommença le lendemain jusqu’à ce que tout fût dévoré.

Le même jour ils m’emmenèrent pour me donner en présent. Quand je pris congé des deux frères, ils me supplièrent de prier Dieu pour eux. Je leur enseignai la route qu’ils devaient suivre pour traverser les montagnes sans qu’on pût retrouver leurs traces s’ils parvenaient à s’échapper. J’ai appris depuis qu’ils avaient trouvé moyen d’en profiter et de prendre la fuite, mais j’ignore encore aujourd’hui s’ils ont été repris.