Des hommes sauvages nus féroces et anthropophages/Relation/32

Traduction par Henri Ternaux.
Arthus Bertrand (p. 137-138).


CHAPITRE XXXII.


Un vaisseau vient de Brickioka pour savoir ce que je suis devenu, et les sauvages refusent de le dire.


Sur ces entrefaites, un vaisseau de Brikioka vint jeter l’ancre non loin de l’endroit où je me trouvais, et tira un coup de canon pour avertir les Indiens de venir traiter avec lui. Ceux-ci, l’ayant entendu, me dirent : « Voilà tes amis les Portugais qui viennent pour savoir si tu vis encore, et qui veulent, peut-être, te racheter. » — « C’est sans doute mon frère, » leur répondis-je ; car je pensais bien que les Portugais demanderaient de mes nouvelles, et afin que cela ne leur fît pas croire que j’étais Portugais, je leur avais dit que j’avais un frère Français aussi, qui se trouvait parmi eux. C’est pourquoi, quand je vis arriver ce vaisseau, je leur dis que c’était mon frère ; mais ils prétendirent toujours que j’étais Portugais. Ils s’approchèrent du vaisseau : cependant l’équipage s’étant informé de moi, ils répondirent de ne plus faire de questions à cet égard. Les Portugais remirent donc à la voile, me croyant mort. Quand je les vis repartir, Dieu sait ce que j’éprouvai, et les sauvages disaient entre eux : « Nous avons fait une bonne prise, puisqu’on envoie des vaisseaux pour le chercher. »