Des hommes sauvages nus féroces et anthropophages/Mœurs et coutumes/11

Traduction par Henri Ternaux.
Arthus Bertrand (p. 255-257).


CHAPITRE XI.


Comment ils font cuire leurs aliments.


Un grand nombre de ces tribus indiennes ne connaissent pas l’usage du sel ; mais beaucoup de ceux dont j’ai été l’esclave en mangeaient, parce qu’ils l’avaient vu faire aux Français. Ils me racontèrent qu’une nation voisine, nommée Karaya, qui demeure plus avant dans l’intérieur, savait préparer du sel avec les palmiers ; mais que ceux qui en mangeaient beaucoup ne vivaient pas longtemps. Voici comment ils s’y prennent. Ils abattent un grand palmier, le coupent fort menu, font ensuite un amas de bois sec, sur lequel ils placent ces petits morceaux, obtiennent du tout une cendre, avec laquelle ils font une espèce de lessive, et en la faisant bouillir le sel se sépare. Je croyais d’abord que c’était du salpêtre, cependant en le goûtant je vis bien que c’était du sel ; il ne brûle pas au feu, il est d’une couleur grise ; mais la majeure partie de ces tribus ne mangent pas de sel.

Quand ils font bouillir de la viande ou du poisson, ils mettent dans l’eau des gousses de piment : dès que la viande est assez cuite, ils versent le bouillon dans des calebasses pour le boire : ils le nomment mingau. Ils ont l’habitude de suspendre pendant un certain temps au-dessus du feu, tout ce qui leur sert de nourriture, chair ou poisson, et le laissent ainsi se fumer et se dessécher ; quand ils veulent le manger ils le font bouillir. Ils nomment la viande ainsi préparée moekaien.