Derniers vers (Anna de Noailles)/Conclusion

Derniers versGrasset (p. 98-99).


CONCLUSION


Calme désertion, dénouement faible et tendre ;
Pour tout ce qu’on briguait, indolence et mépris ;
Corps inerte, apaisé, où l’on sent se détendre
Tout ce qu’offrait la vie et qui faisait son prix.

Laissez-moi m’endormir, sommeiller c’est connaître,
C’est être nettement et justement savant.
La mort, par son opaque et mystique fenêtre,
Ne laisse plus passer rien qui soit décevant.


L’immense vanité qui comblait nos journées,
Les risibles combats pour devancer autrui,
Les souffrances du corps laissant l’âme étonnée,
La foule des regrets, vont finir aujourd’hui !

La terre sans pitié que seul rend excusable
Le frémissant désir de se perpétuer,
Étroitement prendra dans le froid de son sable
L’un de ceux qui naquit afin d’être tué.