Dernière lettre de Marc Juge à son fils


Le 22/3/44

Mon petit Jean-Paul cheri

Voici la dernière lettre que tu recevras de moi, mon grand chéri, car dans quelques jours dans quelques heures peut-être, je serai fusillé. Tes 11 ans te permettent de comprendre maintenant et je ne veux pas partir sans t’affirmer que tu n'as pas à rougir de ton père au contraire. J'ai toujours fait ce que j'ai considéré comme mon devoir sans m'en laisser distraire par aucune considération, aussi je meurs la tête haute sans que ma conscience ne me reproche rien.

J'espère que dans la vie tu suivras mon exemple. Sois toujours loyal et bon. Travaille pour te faire une situation, travaille deux fois plus maintenant que je ne suis plus près de toi pour t'aider et que le mensonge et la trahison soient pour toi un objet d’horreur.

N'oublie jamais qu'on ne peut pas vivre sans l'approbation de sa conscience

Je t'aime mon petit Jean Paul chéri et je t'embrasse en te disant adieu