Dedans un pré je vis une Naiade

Dedans un pré je vis une Naiade
Les Amours, Texte établi par Hugues VaganayGarnier1 (p. 75).

LXI

Dedans un pré je vis une Naiade,
Qui comme fleur marchoit dessus les fleurs,
Et mignottoit un bouquet de couleurs,
Echevelée en simple verdugade.
De son regard ma raison fut malade,
Mon front pensif, mes yeux chargez de pleurs,
Mon cœur perclus : tel amas de douleurs
En ma franchise imprima son œillade.
Là je senty dedans mes yeux voiler
Un dous venin, subtil à s’escouler
Au fond de l’ame, où le mal est extresme :
Puis comme un liz de la gresle froissé
Languist à bas, j’eu le cœur abaissé,
Et dans mon feu je m’immolay moy-mesme.