De la vie à la mort/Avant-propos

Maisonneuve (p. i-ii).


AVANT-PROPOS


André Theuriet m’écrivait le 3 décembre 1879 : « Moi aussi je me suis occupé de la poésie populaire dans un article qui termine mon volume de Sous Bois. Je me propose de revenir un jour sur ce sujet qui est inépuisable, comme la nature elle-même. »

En effet, les chansons, les légendes et les contes sont aussi nombreux dans les chaumières que les feuilles dans les bois.

Après Souvestre qui, le premier en Bretagne, s’est occupé de recueillir les traditions populaires, après MM. de la Villemarqué, Luzel et Sébillot, je viens, moi aussi, offrir mon humble cueillette. Vaudra-t-elle la peine que je me suis donnée ? Je n’en sais rien ; mais qu’importe si je suis arrivé à sauver de l’oubli une élégie du temps passé, un conte de revenants, à rappeler les coutumes, les usages, les goûts de nos pères si différents des nôtres ? J’aurai au moins apporté mon grain de sable aux savants qui s’occupent de l’œuvre du Folk-lore, et cela me suffira. Enfin, j’aurai peut-être donné à d’autres l’idée de continuer ces recherches qui m’ont charmé et qui certainement les charmeront à leur tour.

Lorsqu’il y a vingt ans je parcourus les communes de l’Ille-et-Vilaine pour décrire la Géographie pittoresque de ce département, j’entendis derrière les haies d’aubépine des mélodies suaves, au coin du foyer des récits étranges. J’assistai à des cérémonies gaies et tristes qui m’intéressèrent et m’impressionnèrent. Je me promis alors de me livrer plus tard à de nouvelles études sur mon cher pays.

Des loisirs m’ont permis de mettre mon projet à exécution, et c’est ce que j’ai vu et entendu dans le fond de nos campagnes que je publie aujourd’hui.

A. O._____