De la solubilité des sulfates de baryte et de strontiane dans l’acide sulfurique


DE LA SOLUBILITÉ
DES
SULFATES DE BARYTE ET DE STRONTIANE
DANS L’ACIDE SULFURIQUE


Par M. J. NICKLÈS.




(Mars 1864.)

Le sulfate de baryte et celui de strontiane sont solubles dans l’acide sulfurique ; ce fait, qui a été constaté il y a bien longtemps, est peu connu, sans doute parce que, pour le reproduire, on croit devoir recourir à l’acide sulfurique bouillant.

Il est facile d’établir la solubilité à froid de ces deux sulfates ; il suffit de projeter un peu de chlorure de barium ou de strontium à l’état de poudre sèche, dans de l’acide sulfurique monohydraté ordinaire pris en quantité suffisante. Le chlorure se décompose peu à peu, l’acide chlorhydrique se dégage, et le sulfate produit se dissout parfaitement dans l’acide ambiant.

Il importe essentiellement que l’acide soit concentré, autrement le sulfate ne se dissoudrait pas. Cela est si vrai que le liquide se trouble et le sel se précipite dès qu’on ajoute de l’eau à la dissolution limpide.

Le sulfate de chaux ne se dissout que très-peu. Le chlorure de calcium se décompose, il est vrai, en émettant de l’acide Cl H. Mais, dans ces circonstances, l’acide sulfurique qu’on a fait réagir ne devient limpide que par voie de dépôt ou de filtration ; de plus, l’eau ne le trouble pas, et c’est à peine si, en ajoutant de l’alcool, on obtient un louche : preuve évidente que très-peu de sulfate de chaux est entré en dissolution.

Le sulfate de chaux est donc celui des trois sulfates qui se dissout le moins facilement dans l’acide sulfurique monohydraté, le sulfate de baryte, au contraire, est le plus soluble ; la dissolution s’opère en peu d’instants, et elle est précipitée en blanc dès qu’on ajoute de l’eau.

La solubilité de ces trois sulfates dans l’acide sulfurique est donc le contraire de leur solubilité dans l’eau, sauf pour le sulfate de strontiane qui, dans les deux cas, se trouve au milieu[1].

  1. Après avoir été communiquée à l’Académie de Stanislas, cette note a été publiée par le Journal de Pharm. et de Chimie du mois de mai 1864, p. 402, ainsi que dans American Journal of science and arts, où il a été vu, entr’autres par M. Vogel, de Munich, qui a soumis mes observations à une vérification attentive. Le Neues Repertorium für Pharmacie, t. XIII, p. 308, contient les résultats des recherches qu’il a entreprises à cet égard avec un de ses élèves. Ces résultats confirment pleinement les nôtres.

    Pour les dosages, ces chimistes ont trouvé que l’acide sulfurique monohydraté dissout :

    2-5 p, 100 de SO3 BaO

    1-3 p. 100 de SO3 SrO

    1-1 p. 100 de SO3 CaO