De la sagesse/Livre I/Chapitre XLV

LIVRE 1 CHAPITRE 44 De la sagesse LIVRE 1 CHAPITRE 46



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CHAPITRE LI.

De l’estat, souveraineté, souverains.


SOMMAIRE. — Définition et nécessité du gouvernement. —Définition de la souveraineté ; ses propriétés distinctives. — Des mœurs des souverains. — De leurs misères et contrariétés dans l'exercice de la souveraineté. Combien leur condition est désavantageuse, par rapport aux plaisirs et aux actions de la vie, à leurs mariages, aux exercices de l'esprit et du corps, à la liberté d'aller et voyager, à la privation de toute amitié et société mutuelle, à leur ignorance des choses, et aux choix des personnes qui les entourent, à l'usage de leur volonté. Leur fin souvent déplorable.

Exemples : Auguste, Marc-Aurèle, Pertinax, Dioclétien et les douze premiers Césars. — Cyrus. — Vespasien. — Pompée, César. — Marie, reine d'Écosse, Henri III. [1]

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APRÈS la puissance privée faut venir à la publique de l’estat. L’estat, c’est-à-dire la domination, ou bien l’ordre certain en commandant et obeyssant, est l’appuy, le ciment et l’ame des choses humaines : c’est le lien de la société, qui ne pourroit autrement subsister ; c’est l’esprit vital qui faict respirer tant de milliers d’hommes, et toute la nature des choses [2].

Or nonobstant que ce soit le soustien de tout, si est-ce chose mal asseurée, très-difficile, subjecte à changemens : arduum et subjectum fortunae cuncta regendi onus [3], qui decline et quelquesfois tresbuche par des causes occultes et incogneues, et tout en coup plus haut au plus bas, et non par degrés, comme il avoit demeuré long-temps à s’eslever. Il est aussi exposé à la hayne et des grands et des petits, dont il est aguetté [4], subject aux embusches et dangers ; ce qui advient aussi souvent des mœurs mauvaises des souverains et du naturel de la souveraineté, que nous allons despeindre.


[5] Souveraineté est une puissance perpetuelle et absolue, sans restriction de temps ou de condition : elle consiste à pouvoir donner loy à tous en general, et à chascun en particulier, sans le consentement d’autruy, et n’en recevoir de personne ; et, comme dict un autre [6], à pouvoir desroger au droict ordinaire. La souveraineté est dicte telle et absolue, pource qu’elle n’est subjecte à aucunes loix humaines ny siennes propres ; car il est contre nature à tous de se donner loy, et commander à soy-mesme en chose qui depende de sa volonté : nulla obligatio consistere potest quæ a voluntate promittentis statum capit [7] ; ny d’autruy, soit vivant ou de ses predecesseurs, ou du pays. La puis-puis puis-sance souveraine est comparée au feu, à la mer, à la beste sauvage ; elle est très mal aisée à dompter et traicter, ne veust poinct estre desdite ny heurtée, et l’estant est très dangereuse : Potestas res est quæ moneri docerique non vult, et castigationem aegrè fort [8].

Ses marques et proprietés sont, juger en dernier ressort, ordonner de la paix et de la guerre, creer et destituer magistrats et officiers, donner graces et dispenses contre les loix, imposer tributs, ordonner des monnoyes, recevoir les hommages, ambassades, sermens ; mais tout revient et est compris soubs la puissance absolue de donner et faire la loy à son plaisir [9] : l’on en nomme encore d’autres legeres, comme le droict de la mer et du bris [10], confiscation pour crime de leze majesté, puissance de changer la langue, tiltre de majesté.

La grandeur et souveraineté est tant desirée de tous, c’est pource que tout le bien qui y est paroist au dehors, et tout son mal est au dedans : aussi que commander aux autres est chose tant belle et divine, tant grande et difficile. Pour ces mesmes raisons sont estimés et reverés pour plus qu’hommes. Ceste creance est utile pour extorquer des peuples le respect et obeissance, nourrice de paix et de repos. Mais enfin ce sont hommes jettés et faicts au moule des autres, et assez souvent plus mal nez et mal partagez de nature que plusieurs du commun : il semble que leurs actions, pource qu’elles sont de grand poids et importance, soyent aussi produictes par causes poisantes et importantes ; mais il n’en est rien, c’est par mesmes ressorts que celles du commun. La mesme raison qui nous faict tanser [11] avec un voisin dresse entre les princes une guerre ; celle qui faict fouetter un laquais, tombant en un roy, faict ruiner une province. Ils veulent aussi legerement que nous, mais ils peuvent plus que nous : pareils appetits agitent une mou-mou mou-che et un elephant. Au reste, outre les passions, defauts, et conditions naturelles, qu’ils ont communes avec le moindre de ceux qui les adorent, ils ont encore des vices et des incommodités que la grandeur et souveraineté leur apporte, dont ils leur sont peculiers [12].

Les mœurs ordinaires des grands sont orgueil indomptable :

... Durus et veri insolens,
Ad recta flecti regius non vult tumor[13].


Violence trop licentieuse :

Id esse regni maximum pignus putant,
Si quicquid aliia non licet, solis licet....
Quod non potest vult posse qui nimium potest[14].


Leur mot favori est : quod liber, licet [15]. Soupçon, ja-ja ja-lousie : suâpte naturâ, potentiæ anxii [16] : voire jusques à leurs enfans ; supectus semper invisuque dominantibus quisquis proximus destinatur... adèo ut discpliceant etiam civilia filorum ingenia [17] : d'où vient qu'ils sont souvent en allarme et en crainte ; ingenia regum prona ad formidinem [18].

Les advantages des roys et princes souverains par dessus le peuple, qui semblent si grands et esclatans, sont en verité bien legers et quasi imaginaires ; mais ils sont bien payés par des grands, vrays et solides desadvantages et incommoditez. Le nom et tiltre de souverain, la monstre et le dehors est beau, plaisant et ambitieux, mais la charge et le dedans est dur, difficile et bien espineux. Il y a de l’honneur, mais peu ou poinct de repos et de joye : c’est une publicque et honorable servitude, une noble misere, une riche captivité : aurea et fulgidae compedes, clara miseria [19] . Tesmoin ce qu’en ont dict et faict Auguste, Marc Aurele, Pertinax, Diocletian, et la fin qu’ont faict presque tous les douze premiers Caesars, et tant d’autres après eux. Mais pource que peu croyent cecy, et se laissent decevoir à la belle mine, je veux plus particulierement cotter les incommodités et miseres qui accompagnent les souverains [20].

Premierement, la difficulté grande de bien jouer leur roolle, et s’acquitter de leur charge ; car que doibt-ce estre que de reigler tant de gens, puis qu’ à reigler soy-mesme il y a tant de difficultés ? Il est bien plus aisé et plus plaisant de suyvre que de guider, n’avoir à tenir qu’une voye toute tracée que la tracer, à obéir qu’à commander, et respondre de soy seul que des autres encores :


Ut satiùs multò jam sit parere quietum,
Quàm regere imperio res velle[21]....


Joinct qu’il semble requis que celuy qui commande soit meilleur que ceux à qui il commande, ce disoit un grand commandeur, Cyrus [22]. Cette difficulté se monstre par la rareté, tant peu sont tels qu’ils doib-doib doib-vent estre. Vespasien a esté seul, dict Tacite, de ses predecesseurs qui s’est rendu meilleur [23] ; et, selon le dire d’un ancien, tous les bons princes se pourroient bien graver en un anneau [24].

Secondement, aux voluptés et plaisirs, dont on pense qu’ils ont bien meilleure part que les autres. Ils y sont certes de pire condition que les privés [25] ; car, outre que ce lustre de grandeur les incommode à la jouyssance de leurs plaisirs, à cause qu’ils sont trop esclairés, et trop en butte et en eschec, ils sont contreroollés et espiés jusques à leurs pensées, que l’on veust deviner et juger. Encore la grande aisance et facilité de faire ce qu’il leur plaist, tellement que tout ploye soubs eux, oste le goust et l’aigre-douce poincte qui doibt estre aux plaisirs, lesquels ne resjouyssent que ceux qui les goustent et rarement et avec quelque difficulté : qui ne donne loisir d’avoir soif ne sçauroit avoir plaisir à boire ; la satieté est ennuyeuse et faict mal au cœur :

Pinguis amor nimiùmque potens in tædia nobis
Vertitur : et stomacho dulcis ut esca nocet[26].

Il n’est rien si empeschant, si degousté, que l’abondance : voire ils sont privez de toute vraye et vive action, qui ne peust estre sans quelque difficulté et resistance ; ce n’est pas aller, vivre, agir à eux, c’est sommeiller et comme insensiblement glisser.

Le troisiesme chef de leurs incommodités est au mariage : les mariages populaires sont plus libres et volontaires, faicts avec plus d’affection, de franchise et de contentement. Une raison de cecy peust estre que les populaires trouvent plus de partis de leur sorte à choisir : les roys et princes, qui ne sont pas en foule, comme l’on sçait, n’ont pas beaucoup à choisir. Mais l’autre raison est meilleure, qui est que les peuples en leurs mariages ne regardent qu’ à faire leurs affaires et s’accommoder ; les mariages des princes sont souvent forcez par la necessité publique, sont pieces grandes de l’estat et outils servans au bien et repos general du monde. Les grands et souverains ne se marient pas pour eux-mesmes, mais pour le bien de l’estat, duquel ils doibvent estre plus amoureux et jaloux que de leurs femmes et enfans. A cause de quoy il faut souvent qu’ils entendent à des mariages où n’y a amour ny plaisir, et se font entre personnes qui ne se cognoissent et ne se virent jamais, et ne se portent aucune affection : voire tel grand prend une grande, que, s’il estoit moindre, il ne la voudroit pas ; mais c’est pour servir au public, pour asseurer leurs estats et mettre en repos les peuples.

Le quatriesme est qu’ils n’ont aucune vraye part aux essais que les hommes font les uns contre les autres par jalousie d’honneur et de valeur, aux exercices de l’esprit ou du corps, [27] qui est une des plus plaisantes choses qui soit au commerce des hommes. Cela vient que tout le monde leur cede, tous l’espargnent et ayment mieux celer leur valeur et trahir leur gloire, que d’heurter et offenser celle de leur souverain, s’ils cognoissent qu’il aye affection à la victoire. C’est à la verité par force de respect les traiter desdaigneusement et injurieusement, dont disoit quelqu’un [28] que les enfans des princes n’apprenoient rien à droict qu’à manier chevaux, pource qu’en tout autre exercice chascun fleschit soubs eux, et leur donne gagné ; mais le cheval, qui n’est ny flatteur ny courtisan, met aussi bien par terre le prince que son escuyer. Plusieurs grands [29] ont refusé des louanges et approbations offertes, disans : Je les estimerois, accepterois et m’en ressentirois, si elles partoient de gens libres qui osassent dire le contraire, et me taxer advenant subject de le faire.

Le cinquiesme est qu’ils sont privés de la liberté d’aller et voyager par le monde [30], estant comme prisonniers en leurs pays, voire dans leurs palais mesmes, comme enveloppés de gens, de parleurs et regardans, et ce par-tout où ils sont, en toutes leurs actions, voire jusques à leur chaire percée, dont le roy Alphonse disoit qu’en cela les asnes estoient de meilleure condition que les roys.

Le sixiesme chef de leurs miseres est qu’ils sont privez de toute amitié et societé mutuelle [31], qui est le plus doux et le plus parfaict fruict de la vie humaine, et ne peust estre qu’entre pareils ou presque pareils. La disparité si grande les met hors du commerce des hommes ; tous ces services, humilités et bas offices, leur sont rendus par ceux qui ne les peuvent refuser, et ne viennent d’amitié, mais de subjection, ou pour s’agrandir, ou par coustume et contenance ; tesmoin que les meschans roys sont aussi bien servis, reverés, que les bons, les hays que les aymés ; l’on n’y cognoist rien, mesme appareil, mesme ceremonie : dont respondist l’empereur Julien à ses courtisans qui le louoyent de sa bonne justice : je m’enorgueillirois par adventure de ces loüanges si elles estoient dictes de gens qui osassent m’accuser, et vituperer mes actions contraires, quand elles y seroient [32].

Le septiesme poinct de leurs miseres, pire peust-estre que tous et plus pernicieux au public, est qu’ils ne sont pas libres aux choix des personnes, ny en la science vraye des choses. Il ne leur est permis de sçavoir au vray l’estat des affaires, ny de cognoistre, et par ainsi n’y employer et appeller tels qu’ils voudroient bien, et seroit bien requis. Ils sont enfermés et assiegés de certaines gens qui sont ou de leur sang propre, ou qui, pour la grandeur de leurs maisons et offices, ou par prescription, sont si avant en authorité, force et maniement des affaires, qu’il n’est loysible, sans mettre tout à l’hasard, les mescontenter, reculer, ou mettre en jalousie. Or ces gens-là qui couvrent et tiennent comme caché le prince empeschent que toute la verité des choses ne luy apparoisse, et qu’autres meilleurs et plus utiles ne s’en approchent et ne soyent cognus ce qu’ils sont : c’est pitié que de ne voir que par les yeux et n’entendre que par les oreilles d’autruy, comme sont les princes [33]. Et ce qui acheve de tous poincts cette misere, c’est qu’ordinairement, et comme par un destin, les princes et grands sont possedés par trois sortes de gens, pestes du genre humain, flatteurs, inventeurs d’imposts, delateurs, lesquels, soubs beau et fauls pretexte de zele et amitié envers le prince, comme les deux premiers, ou de preud’hommie et reformation, comme les derniers, gastent et ruinent et le prince et l’estat.

La huictiesme misere est qu’ils sont moins libres et maistres de leurs volontez que tous autres ; car ils sont forcez en leurs procedures par mille considerations et respects, dont il faut souvent qu’ils captivent leurs desseins, desirs et volontés : in maximâ fortunâ minima licentia [34]. Et cependant, au lieu d’estre plaincts, ils sont plus rudement traictés et jugés que tous autres ; car l’on veust deviner leurs desseins, penetrer dedans leurs cœurs et intentions, ce que ne pouvant, abditos principis sensus et si quid occultiùs parat exquirere inlicitum, anceps : nec ideò adsequare [35] , et regardant les choses par autre visage, ou n’entendant assez aux affaires d’estat, requierent de leurs princes ce qui leur semble qu’ils doibvent, blasment leurs actions, ne veulent souffrir d’eux ce qui est necessaire, et leur font le procez bien rudement.

Finalement il advient souvent qu’ils font une fin totalement miserable, non seulement les tyrans et usurpateurs, cela leur appartient, mais encore les vrais titulaires [36]; tesmoin tant d’empereurs romains après Pompée Le Grand et Cesar, et, de nos jours, Marie, Royne d’Escosse, passée par main de bourreau, et Henry troisiesme assassiné [37], au milieu de quarante mille hommes armés, par un petit moyne, et mille tels exemples. Il semble que, comme les orages et tempestes se piquent contre l’orgueil et hauteur de nos bastimens, il y aye aussi des esprits envieux des grandeurs de ça bas :

Usque abeò res humanas vis adbita quædam
Obterit, et pulchros fasces sævasque secures
Proculcare, ac ludibrio sibi habere videtur.[38]

Bref, la condition des souverains est dure et dangereuse : leur vie, pour estre innocente, est infiniment laborieuse ; si elle est meschante, ils sont à la hayne et mesdisance du monde ; et en tous les deux cas ils sont exposés à mille dangers ; car plus grand est le seigneur, et moins se peust-il fier, et plus luy faut-il se fier : voylà pourquoy c’est chose comme annexée à la souveraineté d’estre trahie.

De leur debvoir au liv. III, chap. XVI.

    celui qui promet ne peut avoir de consistance. Digest. L. XLV, tit. I. de Verbor. obligantionibus Leg. 108. — Charron a tout-à-fait détourné le sens de cette maxime, comme on peut le voir à l'endroit cité du Digest. Il en a même altéré le texte, que voici : nulla promissio (et non pas obligatio) potest consistere, quœ ex voluntate promittentis statum capit.

    qui s'en charge, s'expose à tous les caprices de la fortune ». Tacit. Annal. L. I, cap. 2.

  1. Ce chapitre est le quarante-cinquième de la Ire. édition.
  2. Charron dit ici de l'état ce que Sénèque dit du prince : ille est enim vinculum per quod resp. cohœret ; ille spiritus vitalis, quem haœc tot milia trahunt, nihil ipsa per se futura nisi onus et prœda, si mens illa imperii subtrahatur. Sene. de Clement. L. I, c. 4.
  3. « C'est un lourd fardeau que le gouvernement ; celui
  4. Épié, observé.
  5. Tout ce qui va suivre dans ce paragraphe et même dans ce chapitre, est pris dans Bodin, dont souvent ce sont les propres termes. Voyez de la Répub. L. I. c. 8.
  6. D'après Bodin, L. Ic c. 8, cet autre est Innocent IV.
  7. « Toute obligation qui ne repose que sur la volonté de
  8. « La puissance ne veut pas d'avertissemens, ni de leçons, et souffre difficilement le reproche et le blâme ». — J'ignore d'où cette réflexion est tirée.
  9. Péricles avait sur les droits de princes, une opinion bien différente : « je ne veux point, disait-il, que les ordonnances d'un prince portent le nom de loi, lorsqu'elles sont faites sans le consentement du peuple... ; et généralement, toute ordonnance faite sans le consentement de ceux qui doivent y obéir, est une violence plutôt qu'une loi ». Périclès, apud Xenophont. Lib. I, des Entretiens de Socrate.
  10. Le droit de bris est celui que s'arrogent encore les paysans de Bretagne, de se partager les débris d'un navire naufragé sur leurs cotes. C'est un usage barbare qui remonte aux tems les plus reculés.
  11. Quereller.
  12. Montaigne décrit aussi, avec son énergie ordinaire, L. I, c. 42., toutes les incommodités auxquelles les rois sont soumis plus que les autres hommes.
  13. « L'orgueil des rois repousse durement la vérité, et dédaigne de suivre même les conseils les plus salutaires. » Sen. Hippolytus Act. I, sc. II, v. 135.
  14. « Ils pensent que le plus grand avantage de la royauté, est qu'il leur soit permis ce qui n'est pas permis aux autres... — Celui qui peut trop, veut pouvoir ce qu'il ne peut pas ». Sen. Agamemnon, act. II, sc. II, v. 271.— Idem Hyppolyctus, Act. I, sc. II, v. 214.
  15. « Ce qui plait est permis ». Spartian. Caracalla, vers la fin.
  16. « Par leur nature, ils sont soupçonneux et jaloux de leur puissance. », Tacit. Annal. L. IV. C. 12.
  17. « Tout proche parent d'un souverain, et qui est destiné à lui succèder lui est par là même suspect et odieux... » — Et c'est pour cela que les enfans d'un caractère agréable au peuple, sont ceux qui leur déplaisent le plus ». Tacit. Hist. L. I, C. 21. — Annal. L. II, C. 82.
  18. « Les esprits des rois sont très-portés à la crainte ». Tacit. Histor. L. IV, C. 83.
  19. « Chaines dorées et brillantes, illustre misère ».
  20. Il y a dans les Mémoires de Philippe de Commines, L. VI? C.13, unbeau passage sur la misère des roue, et qui ajouterait une grande force à ce qu'en dit Charron, comme à ce qu'en a dit Montaigne, loc. cit.
  21. « De manière qu'il vaut bien mieux obéir tranquillement que de vouloir gouverner ». Lucret. L. V, v. 1126
  22. Dans Xénophon, Pœdagog XIX. Charron cite une seconde fois ce mot de Cyrus, dans le Chapitre III du Liv. II.
  23. Solus omnium ante se pricipum, in melius mutatus est. Tacit Histor. L. I. C. 50, in fine.
  24. In uno annulo bonos principes posse prescribi atque depingi. Vopiscus, in Aureliano, cap. 42.
  25. Pris dans Montaigne, L. I, C. 42.
  26. « Un amour qui peut se satisfaire trop facilement, se change en dégoût, semblable à ces alimens trop doux qui donnent des nausées ». Ovid. Amor. eleg. XIV, V. 25.
  27. Pris dans Montaigne, L. III, C. 7.
  28. C'était Carneades. Voyez Plutarque : Comment on poura distinguer le flatteur d'avec l'ami.
  29. Charron veut probablement parler de Julien l'Apostat, dont il va citer une réponse.
  30. Voyez le Dialogue de Xénophon, intitulé Hiéron. Au redte Charron copie ici Montaigne qui a cité Xénophon. Voyez les Essais, L. I, C. 42.
  31. C'est encore une réflexion de Hiéron sans Xénophon, Loc. cit.
  32. Ammien Marcellin. L. XXII, C. 10.
  33. Voyez dans Sénèque, un passage admirable à ce sujet : de Beneficiis, L. VI, c. 30.
  34. « C'est dans la fortune la plus élevée qu'il y a le moins de liberté ». Sallust. Bellum Catilin cap. 34.
  35. « Scruter les sentimens secrets du prince, et ce qu'il se propose de plus caché, c'est une chose illicite et incertaine ; ne cherchez donc point à deviner sa pensée ». Tacit. Annal. L. VI, c. 8.
  36. C'est l'idée que Juvénal a exprimée dans ces vers de la dixième satyre, v. 112 :

    Ad generus Ceveris sine cœde et vulnera pauci
    Descendunt reges, et siccà morte tyranni.

  37. Le 1er. aout 1589, par le jacobin Jacques Clémént.
  38. « Tant il est vrai qu'il y a une puissance secrète qui semble se jouer des choses humaines, et qui foule aux pieds les superbes faisceaux et les haches cruelles des licteurs ! » Lucret. L. V, v. 1232.