De la morale naturelle/Avertissement

chez Volland, Gattey, Bailly (p. Avertissement-viii).


AVERTISSEMENT.



Lecteur, ce titre n’annonce ni beaucoup d’amusement, ni beaucoup d’intérêt ; mais c’est en cela qu’il me convient mieux. Mon intention n’est pas de séduire.

Je ne me flatte point d’avoir embrassé toute l’étendue de mon sujet. Il n’en est même, je le sens, aucune partie que j’aie assez developpée. Lorsque j’ai commencé ce léger travail, je n’avais point l’orgueilleuse pensée de faire un livre. En suivant la route où m’avaient engagé mes premières réflexions, j’ai craint souvent de redire ce qui avait été dit tant de fois ; j’ai craint bien davantage encore de redire ce que je n’avais su ni penser ni sentir.

Le seul mérite auquel j’aie osé prétendre, est d’écrire de bonne foi ; quelque rare que soit aujourd’hui ce mérite, je doute qu’on veuille me le disputer.