De la monarchie selon la Charte/Chapitre I-29

Garnier frères (Œuvres complètes, tome 7p. 184-185).

CHAPITRE XXIX.
QUEL HOMME NE PEUT JAMAIS ÊTRE MINISTRE SOUS LA MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE.

Partout où il y a une tribune publique, quiconque peut être exposé à des reproches d’une certaine nature ne peut être placé à la tête du gouvernement. Il y a tel discours, tel mot, qui obligeroit un pareil ministre à donner sa démission en sortant de la chambre. C’est cette impossibilité résultant du principe libre des gouvernements représentatifs que l’on ne sentit pas lorsque toutes les illusions se réunirent, comme je le dirai bientôt, pour porter un homme fameux au ministère, malgré la répugnance trop fondée de la couronne. L’élévation de cet homme devoit produire l’une de ces deux choses : ou l’abolition de la Charte, ou la chute du ministère à l’ouverture de la session. Se représente-t-on le ministre dont je veux parler écoutant à la chambre des députés la discussion sur les catégories, sur le 21 janvier, pouvant être apostrophé à chaque instant par quelque député de Lyon, et toujours menacé du terrible tu es ille vir ! Les hommes de cette sorte ne peuvent être employés ostensiblement qu’avec les muets du sérail de Bajazet ou les muets du corps législatif de Buonaparte.