De la Tyrannie/De la noblesse

Traduction par Merget.
Molini (p. 102-118).

CHAPITRE ONZIÈME.

De la Noblesse.


Il y a une certaine classe de gens qui fait preuve et se vante avec orgueil d’être illustre depuis plusieurs générations, quoique depuis ce temps, elle reste dans une oisive inutilité. Elle s’appelle la Noblesse ; on doit la regarder, ainsi que le sacerdoce, comme un des plus grands obstacles à la liberté, et un des soutiens les plus permanens et les plus féroces de la tyrannie.

Et quoique quelques républiques très-libres, Rome par exemple, eussent dans leur sein cette caste privilégiée, il faut observer qu’elles l’avaient déjà quand elles s’élevèrent de la tyrannie à la liberté ; que cette caste était toujours la plus dévouée aux Tarquins expulsés, et que les Romains ensuite n’accordèrent la noblesse qu’à la seule vertu ; qu’il fallut toute la constance et toutes les vertus civiques de ce peuple, pour empêcher, pendant plusieurs années, les patriciens de relever la tyrannie ; et qu’ensuite, après une longue et vaine résistance, le peuple, croyant lui porter le dernier coup, finit par être subjugué par elle. Les Césars, enfin, étaient des patriciens qui, sous le masque des Marius, feignirent de venger le peuple contre les nobles, et les asservirent l’un et l’autre.

Je dis donc que les nobles existans dans les républiques, lorsqu’elles se constituent tôt ou tard, finiront par les détruire et les plonger dans l’esclavage, quoique d’abord ils ne paraissent pas plus puissans que le peuple. Mais dans une république où il n’y a pas de nobles, un peuple libre ne doit jamais créer dans son sein un si fatal instrument de servitude ; il ne doit jamais détacher de la cause commune aucun individu, et encore moins en séparer à perpétuité aucune classe de citoyens d’un autre côté. Cependant, un certain nombre d’hommes, supérieurs aux autres par leurs connaissances et par leurs vertus, pouvant être très-utile pour exciter l’émulation et pour discuter les affaires publiques, un peuple libre pourrait l’établir et le nommer lui-même pour un temps ou à vie, mais jamais héréditaire ; ce corps pourrait alors opérer dans la république le bien que la noblesse, en supposant qu’elle en fasse, ne peut y faire sans y ajouter les maux qu’elle y produit tous les jours.

Plus l’homme possède et plus il désire lorsqu’il est à même d’obtenir ; c’est une des propriétés de sa nature. Les nobles héréditaires ayant la suprématie et les richesses, il ne leur manque autre chose qu’une plus grande autorité, et dès-lors ils ne pensent qu’à l’usurper. Ils ne le peuvent pas par la force, parce qu’ils se trouvent en trop petit nombre relativement au peuple ; c’est donc par la ruse, par la corruption et par la fraude, qu’ils tâchent de l’envahir, mais soit qu’ils s’accordent entre eux, et que par envie l’un de l’autre, l’autorité usurpée reste dans les mains de tous, et voilà alors la tyrannie aristocratique créée ; ou bien que parmi ces nobles il s’en trouve un plus adroit, plus vaillant et plus criminel que les autres, qui, trompant les uns, persécute ou détruit les autres, et feignant de prendre le parti ou la défense du peuple, devient le maître absolu de tous ; voilà l’origine de la tyrannie d’un seul, et comment cette tyrannie prend toujours sa source dans la suprématie héréditaire d’un petit nombre.

La tyrannie portant avec elle-même nécessairement la lésion et le préjudice de la majorité, elle ne peut jamais être créée ou être exercée par tous, qui certainement ne voudront jamais la lésion et le préjudice d’eux-mêmes.

Je conclus donc, quant à la noblesse héréditaire, que les républiques dans lesquelles elle est déjà établie, ne peuvent se maintenir libres d’une véritable liberté politique, et que cette véritable liberté ne pourra jamais s’établir à la place de la tyrannie, ou s’y maintenir après son établissement, tant qu’il y aura des nobles héréditaires ; et les peuples esclaves dans leurs révolutions, ne feront que changer de tyran, toutes les fois qu’ils ne détruiront pas avec lui cette noblesse.

C’est ainsi qu’à Rome, après la chute des Tarquins et l’éloignement des dangers communs, les patriciens restant plus puissans que le peuple, elle ne fut vraiment libre et grande qu’à la création des tribuns du peuple. Cette magistrature populaire combattant à forces égales la puissance patricienne, et se trouvant assez forte pour l’arrêter sans la détruire tout-à-fait, elle forçait les nobles à rivaliser de vertu avec le peuple. Il en résulta pendant longtemps le bien universel : mais le germe destructeur restait toujours dans le sein de la république ; et après l’accroissement général de la puissance et de la richesse, l’orgueil et la corruption des nobles se développèrent avec plus de force, et ces hommes dépravés détruisirent en peu de temps la république.

Machiavel observa le premier, avec la profondeur et la sagacité qui lui sont communes, ce que Montesquieu a développé après, avec un peu plus d’ordre, que cette rivalité entre la noblesse et le peuple avait été pendant plusieurs siècles le nerf, la cause de la grandeur et de la vie de Rome. Mais la vérité sacrée commandait aussi à ces deux grands hommes, de dire, que ses dissentions mêmes avaient été la cause de sa ruine. Ils devaient rechercher avec soin comment et pourquoi cette ruine avait été amenée. Je suis persuadé que si ces deux grands penseurs avaient voulu ou osé pousser un peu plus loin leurs raisonnemens profonds, ils auraient assigné indubitablement à la noblesse héréditaire les premières causes de la ruine entière de la république, parce que si les dissentions, ou pour mieux dire, la disparité des opinions, sont nécessaires dans une république pour y maintenir la vie et la liberté ; il faut convenir que la disparité d’intérêts devient très-funeste, et, par nécessité, mortelle toutes les fois que l’un des deux intérêts parvient à l’emporter sur l’autre.

Or, il me paraît incontestable que toute suprématie héréditaire d’un petit nombre doit faire naître par force, dans ce petit nombre, un intérêt de conservation et d’envahissement tout-à-fait différent et opposé à l’intérêt de tous. Et voici le vice radical par lequel toutes les fois que dans un état il y aura une classe de nobles et de prêtres tout-à-fait séparée du peuple, ces deux classes causeront le scandale, la corruption, et la ruine de tous ; et les nobles étant héréditaires, seront encore plus funestes que les prêtres, qui ne sont qu’électifs. Mais, pour dire la vérité, les prêtres avec leurs maximes impolitiques et héréditaires, que chaque individu semble recevoir avec la robe et l’encensoir, savent bien égaler les nobles dans le mal qu’ils causent à la république. Ajoutez à cela, que pour perfectionner les moyens de nuire avec plus de succès, les premières dignités sacerdotales sont remises exclusivement dans les mains des nobles, d’où il résulte que les prêtres sont doublement les ennemis du bien public.

Et quoiqu’en Angleterre il y ait encore maintenant et des nobles et la liberté, je ne changerai rien cependant à mon premier sentiment. Que l’on observe d’abord qu’en Angleterre, les anciens nobles ont presque tous été détruits dans les révolutions sanglantes et réitérées de ce pays, et que les nouveaux, sortis depuis peu de la classe du peuple, par la faveur du roi, ne peuvent dans un pays libre, après une ou deux générations, se revêtir d’orgueil et de mépris pour le peuple, dans le sein duquel ils ont encore leurs parens et leurs amis ; de cet orgueil qu’ils suçaient avec le lait, ces nobles anciens, entièrement détachés du peuple, dont ils ont été longtemps les oppresseurs et les tyrans. Que l’on remarque, en outre, que les nobles en Angleterre, pris séparément, sont moins puissans que le peuple, et que réunis avec le peuple, ils sont plus que le roi. Mais que, quoique unis avec le roi, ils ne sont cependant jamais plus que le peuple. Il faut observer de plus, que si la république anglaise paraît en quelque chose plus solidement constituée que la république romaine, c’est dans la dissention permanente et vivifiante, allumée, non entre les nobles et le peuple, comme à Rome, mais entre le peuple et le peuple, c’est-à-dire, entre le ministère et le parti de l’opposition. Cette opposition n’étant pas produite par une disparité d’intérêts héréditaires, mais seulement par une différence passagère d’opinions, elle sert beaucoup plus qu’elle ne nuit, puisque personne n’est tellement enchaîné à un parti, qu’il ne puisse facilement passer dans le parti contraire ; aucun des deux partis n’ayant des intérêts constamment opposés et incompatibles avec le véritable bien de tous. Une noblesse donc, aussi adroitement tempérée que celle d’Angleterre, est beaucoup moins nuisible que toute autre ; mais pour la rendre vraiment utile à la société, il faudrait qu’elle ne soit pas héréditaire. Une classe d’hommes choisis parmi les plus vertueux, et par les suffrages libres de tous, pour être membres inammovibles du gouvernement, deviendrait honorable et justement honorée ; une généreuse émulation de vertu s’allumerait parmi les concurrens qui se présenteraient pour en faire partie. Mais si malheureusement une telle classe, quoique établie par des suffrages libres et bien dirigés, finissait par devenir héréditaire, il arriverait toujours que tout individu anglais qui serait créé noble héréditaire, entraînerait avec lui, par ce moyen, une race toute entière détachée de l’intérêt commun, ennemie du bien de tous, et privée de toute émulation pour les grandes choses. Il arrive de là que les nobles en Angleterre, quoique un peu moins nuisibles que sous la tyrannie, pouvant être multipliés par le roi, à sa volonté et sans bornes, venant à se croire supérieurs au peuple, étant plus riches, plus paresseux et beaucoup plus corrompus que le peuple, il arrive de là, dis-je, que les nobles en Angleterre seront, dans tous les temps, beaucoup plus inclinés à l’autorité du roi, qui les a créés, et ne peut les supprimer qu’à l’autorité du peuple qui ne les a pas créés, et qui pourrait bien les détruire. C’est pourquoi en Angleterre comme partout ailleurs, les nobles seraient ou sont déjà les destructeurs de la liberté, à moins qu’ils ne soient auparavant comprimés par le peuple. Mais la république n’étant pas mon sujet, j’ai peut-être parlé trop longuement de la noblesse dans les républiques, Je dois donc maintenant m’étendre davantage sur les effets de la noblesse dans les tyrannies modernes.

Après la destruction de l’empire Romain, les provinces se trouvèrent divisées entre divers peuples ; une infinité de petits états se formèrent des débris de cet empire immense, et une nouvelle forme de gouvernement, jusqu’alors inconnue, prit naissance. Plusieurs petits tyrans rendaient hommage à un seul, supérieur à tous, et tenaient sous le titre de fondataires, leurs différens peuples dans l’oppression et la servitude. Quelques-uns de ces petits tyrans fondataires devinrent si puissans, que, levant l’étendard de la rebellion contre leurs souverains, ils se formèrent des états séparés et distincts ; c’est de la race de ces petits seigneurs que descend la majeure partie des tyrans actuels de l’Europe ; et par un mouvement contraire, plusieurs des tyrans souverains, devinrent assez puissans, avec le temps, pour détruire ou chasser tout-à-fait ces tyrans secondaires, et rester eux-mêmes les seuls souverains. Quoi qu’il en soit, le passage de l’autorité des petits tyrans à celle du grand ne diminua pas le poids des chaînes du peuple. Il est vraisemblable, au contraire, qu’après avoir aggrandi et assuré leurs états, les grands tyrans ayant moins de mesures à garder pour conserver une puissance plus illimitée, et moins d’ennemis à craindre, ils devinrent avec plus d’assurance et d’impunité les oppresseurs de leur misérable troupeau d’esclaves.

Autant ces nobles fondataires avaient été à craindre pour le tyran, tant qu’ils avaient conservé de la force et de l’autorité, autant ils avaient été un obstacle et un frein à la tyrannie complette d’un seul ; autant ensuite ils en devinrent la base et le soutien lorsqu’ils furent dépouillés de la force et de l’autorité. Les grands tyrans se servirent d’abord du peuple lui-même pour abaisser les petits seigneurs ; et le peuple qui avait tant d’injures à venger, servait volontiers l’animosité de ce seul tyran contre le grand nombre de tyrans inférieurs. Alors tel de ces tyrans subalternes se rendit au tyran par capitulation, et tel autre tourna ses armes contre lui ; mais, soit qu’ils aient capitulé, soit qu’ils aient été vaincus, tous ou au moins la plus grande partie furent subjugués avec le temps. Le mal qui résultait de cette tyrannie féodale et secondaire ne cessa pas : la servitude du peuple ne fut point diminuée ; la seule force du tyran s’accrut avec son autorité. Les tyrans alors sentirent la nécessité de conserver, entre eux et le peuple, une classe qui parut un peu plus puissante que le peuple, et beaucoup moins puissante qu’eux. Ils s’aperçurent très-bien qu’en distribuant à ces tyrans dépouillés tous les honneurs et toutes les charges, ils deviendraient, avec le temps, les soutiens les plus sûrs et les plus féroces de leur tyrannie.

Les tyrans ne se trompèrent pas dans leur espérance. Les nobles dépouillés de toute leur force et de leur autorité, sans l’être entièrement de leurs richesses et de leur orgueil, s’aperçurent clairement que sous la tyrannie ils ne pouvaient continuer à être supérieurs au peuple, s’ils ne faisaient rejaillir sur eux les rayons de la puissance. L’impossibilité de reconquérir leur antique puissance les força de plier leur ambition aux temps et à la nécessité. Que pouvaient espérer les nobles pour changer leur situation, d’un peuple qui n’avait pas oublié leurs anciennes oppressions, d’un peuple qui les abhorrait, parce qu’il les croyait encore trop puissans pour lui ; d’un peuple, enfin, trop avili pour les secourir, quand même il le voudrait ? Que firent alors les nobles ? Ils se jetèrent entièrement dans les bras du tyran, qui ne pouvant les craindre désormais, et voyant combien ils pouvaient être utiles au développement de la tyrannie, les choisit pour en être les soutiens et en même-temps les dépositaires.

Et voilà cette noblesse que l’on voit tous les jours dans les gouvernemens tyranniques de l’Europe, si insolente avec le peuple et si vile ensuite aux pieds du tyran. Cette classe est toujours la plus corrompue ; c’est pourquoi elle est le principal ornement des cours ; mais elle est aussi l’apôtre de la servitude et l’objet du juste mépris des hommes qui pensent. Si les nobles ont dégénéré de la fierté de leurs ancêtres ; s’ils sont les premiers inventeurs de toute flatterie, et de la plus vile prostitution à tous les caprices du tyran, ils n’ont rien perdu de leur orgueil et de leur cruauté envers le peuple. On dirait que plus irrités par la puissance effective qu’ils ont perdue, ils cherchent à le frapper par tous les moyens qu’ils peuvent inventer, avec les verges même du tyran ; et lors même que ce tyran veut l’empêcher (ce qui arrivait rarement avant qu’il y eût des armées permanentes), ils ne manquent jamais de faire sentir au peuple, en particulier, tout le poids de leur despotisme.

Depuis l’établissement des armées perpétuelles en Europe, les tyrans se voyant armés et puissans par eux-mêmes, ont commencé à faire beaucoup moins de cas de la noblesse, et à la soumettre non moins que le peuple à la justice, quand il leur plaisait, ou quand il leur était utile de le faire. Les vues politiques du tyran, en voulant se montrer impartial envers les nobles, ont été de regagner l’affection du peuple, et de rejeter sur les nobles l’aversion qu’il avait pour les gouvernemens précédens, et je suis incliné à croire que si le tyran pouvait aimer une classe quelconque de ses sujets, supposé que les nobles et le peuple soient également vils et obéissans, il serait disposé d’aimer le peuple, quoiqu’il sentît toujours néanmoins que, pour le tenir en respect, il a toujours besoin de la digue naturelle de la noblesse, c’est-à-dire, des plus riches et des plus puissans ; je donnerais volontiers pour cause de ce demi-amour, ou de cette haine modifiée du tyran pour le peuple, la raison suivante.

Quelles que soient l’ignorance et la mauvaise éducation de la noblesse, elle a cependant, comme moins opprimée et plus à son aise que le peuple, plus de moyens et de temps pour réfléchir plus que lui. Elle approche le tyran de plus près, elle peut en étudier et en connaître, beaucoup plus que le peuple, le caractère, les vices et la nullité. Si l’on ajoute à cette raison le besoin que le tyran croit avoir quelques fois des nobles, on verra facilement quel est le motif de la haine naturelle qu’il conserve contre eux dans son cœur ; car le tyran ne doit pas vouloir que l’on pense, et doit voir avec peine quiconque peut l’observer et le connaître. C’est dans cette haine intérieure que prend sa source, cet étalage de popularité, dont les tyrans modernes se font un mérite ; c’est de là aussi que viennent les mortifications qu’ils font éprouver aux nobles. Le peuple, satisfait de voir ses petits tyrans abaissés, supporte plus volontiers le commun oppresseur et l’oppression, qui se trouve alors partagée. Les nobles rongent leur chaîne, mais ils sont trop corrompus, trop efféminés et trop lâches, pour la rompre. Le tyran ne penche pas plus du côté des nobles que du côté du peuple, et il fait sentir tour-à-tour à tous deux, à travers quelques fausses caresses, les verges flétrissantes du pouvoir. C’est ainsi qu’il assure et qu’il éternise sa tyrannie ; il ne cherche pas à détruire la noblesse, mais, seulement et insensiblement, les plus anciens d’entre les nobles, pour en recréer de nouveaux, non moins orgueilleux envers le peuple, mais qui soient plus souples et plus esclaves de ses volontés ; mais il ne les détruit pas, parce qu’il sait bien qu’ils doivent être, et qu’ils sont en effet la partie la plus essentielle de la tyrannie ; il ne les craint pas, parce qu’il est armé ; il ne les estime pas, parce qu’il les connaît, et il ne les aime pas, parce qu’il sait qu’ils le connaissent. Le peuple ne murmure pas des charges accablantes que les armées font peser sur lui, parce qu’il ne raisonne pas et parce que les armées le font trembler ; mais il voit avec beaucoup de plaisir que, par le moyen de ces mêmes armées, les nobles ne sont pas moins soumis et moins tremblans que lui.

La noblesse héréditaire est donc une partie intégrante de la tyrannie, parce que la véritable liberté ne peut pas même prendre racine sous un gouvernement où il y a une classe privilégiée, qui ne l’est pas par le choix du peuple ni par ses vertus. Mais les armées permanentes étant devenues désormais une partie plus intégrante encore de la tyrannie que la noblesse, elles ont enlevé aux nobles la possibilité de résister au tyran, et ont en même-temps diminué le pouvoir qu’ils avaient d’opprimer le peuple.