Ernest Flammarion (Volume IIIp. 51-55).


JALOUSE


La mienne a drôles de cheveux,
Drôle de nez, drôles de z’yeux…
Gueule rouge qui vous attire,
Perles blanches dans un sourire,
Petit pied cambré, fine main
Au service du genre humain…
Alle est bâti’ pour fair’ la noce,
                    Ma gosse.

À quatorze ans alle était la
Femme d’ son frèr’… C’est lui qui l’a
Mise au courant de la musique
Et, pour fair’ chanter la pratique,
All’ fut vite au diapason.
Puis alle entra dans eun’ maison
Où qu’alle a gagné son diplôme,
                    Ma môme.


Aujourd’aujord’hui faut la voir
Flirter au salon chaque soir,
Allumant l’un, caressant l’autre,
Faisant du châsse au vieil apôtre
Qui n’en peut plus mais veut encor…
Ah ! c’en est eun’ qui gagne d’l’or !
Alle était né’ pour le commerce,
                    Ma gerce.


Et j’ s’rais heureux comme un poisson
Si j’étais pas si paillasson.
Oui, mais voilà, c’est comm’ des pommes,
A comprend qu’ j’aille avec des hommes
Et qu’ j’ay’ des amis tant que j’veux.
Mais les femm’ a leur saute aux ch’veux ;
Alle est jalous’ comme eun’ tigresse,
                    Ma fesse.