Paul Ollendorff (Tome 3p. 111).
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La défaite reforge les élites ; elle fait le tri dans la nation ; elle met de côté tout ce qu’il y a de pur et de fort ; elle le rend plus pur et plus fort. Mais elle précipite la chute des autres, ou elle brise leur élan. Par là, elle sépare le gros du peuple, qui s’endort ou qui tombe, de l’élite qui continue sa marche. L’élite le sait, et elle en souffre ; même chez les plus vaillants, il y a une mélancolie secrète, le sentiment de leur impuissance et de leur isolement. Et le pire, — séparés du corps de leur peuple, ils sont aussi séparés entre eux. Chacun lutte, pour son compte. Ceux qui sont forts ne pensent qu’à se sauver soi-même. Ô homme, aide-toi toi-même !… Ils ne songent pas que la virile maxime veut dire : Ô hommes, aidez-vous ! À tous il manque la confiance, l’expansion de sympathie et le besoin d’action commune que donne la victoire d’une race, le sentiment de la plénitude, du passage au zénith.

Christophe et Olivier eu savaient quelque chose. Dans ce Paris, rempli d’âmes faites pour les comprendre, dans cette maison peuplée d’amis inconnus, ils étaient aussi seuls que dans un désert d’Asie.