Découverte du tombeau de Champlain/Chapitre IV

IV


Maintenant, en quel endroit de la basse ville cette première chapelle fut-elle placée ?

D’abord, elle ne pouvait être dans l’enclos de l’habitation ; car il suffit d’examiner les dimensions que Champlain lui-même nous donne de cette habitation, pour se convaincre qu’il n’y restait pas d’espace suffisant pour y bâtir même la plus petite chapelle. En effet, la cour de l’habitation ne devait avoir, dans sa plus grande profondeur, que trente-six pieds, et quinze ou seize entre les corps de logis. Il est donc absurde de supposer qu’on ait bouché la cour pour y mettre une chapelle destinée aux offices publics ; à moins qu’on ne prétende que cette chapelle n’eût été qu’un appartement particulier où l’on aurait dressé un autel.

Cette supposition est inadmissible : car, d’abord, les logements étaient beaucoup trop petits pour se prêter à cet usage ; les trois corps de logis ne mesuraient que dix-huit pieds sur quinze, et le magasin, qui n’avait qu’un étage et une cave[1], avait juste trente-six pieds de long sur dix-huit de large. C’était à peine suffisant pour y loger les vingt à vingt-cinq mille livres de castor que la traite y entassait tous les ans, sans compter les provisions.

D’ailleurs, le texte de Champlain prouve assez que c’était une construction à part. « J’étois demeuré, dit-il, audit Quebec pour donner ordre à ce qui dépendoit de l’habitation, tant pour le logement des Peres Religieux, qu’ornements d’Eglise, & construction d’une Chapelle, pour y dire & chanter la Messe… » (Voyages de Champlain, éd. 1619, fol. 10).

Il faut donc conclure, de toute nécessité, que cette chapelle fut construite en dehors de l’habitation. Aussi, lorsque Champlain, en 1624, fit réparer cette habitation, il fit tout démolir, « abbattant, dit-il lui-même, tout le « vieux, fors le magazin, » et il ne dit pas un mot de la chapelle.[2]


  1. Voyages de Champlain, édit. 1613, p. 184 et 187.
  2. Voyages de Champlain, édit. 1632, 2e partie, p. 63.