Déclaration de sentiments (Cady Stanton)

, Susan B. Anthony, et Matilda Joslyn Gage.
Déclaration de sentiments
Traduction par des contributeurs de Wikisource.
Charles Mann (Volume 1p. 70-71).


déclaration des sentiments.

Lorsque, dans le cours des événements humains, il devient nécessaire pour une partie de la famille humaine de prendre, parmi les peuples de la Terre, une position différente de celle qu’elle a jusqu’alors occupée, mais à laquelle les lois de la nature et de la nature de Dieu lui donnent droit, le respect dû à l’opinion de l’humanité oblige à déclarer les causes qui la déterminent à un tel cours.

Nous tenons comme vérités allant de soi que tous les hommes et les femmes sont créés égaux ; qu’ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; que, parmi ceux-ci, sont la vie, la liberté et la poursuite du bonheur ; que, pour garantir ces droits, des gouvernements sont institués, dont les pouvoirs sont tirés du consentement des gouvernés. Chaque fois qu’une forme de gouvernement devient destructive de ces droits, il est du droit de ceux qui souffrent de lui refuser leur allégeance et d’exiger l’établissement d’un nouveau gouvernement, en l’organisant de la manière qui leur paraîtra la plus à même de leur assurer sûreté et bonheur.

La prudence, en effet, veut que les gouvernements établis depuis longtemps ne doivent pas être changés pour des causes passagères et légères ; et l’expérience de tous les temps a montré que les hommes sont plus disposés à tolérer des maux supportables qu’à se faire justice en abolissant les règles auxquelles ils sont habitués, mais lorsqu’une longue suite d’abus et d’usurpations, tendant invariablement au même but, marque un dessein de les soumettre au despotisme absolu, il est de leur devoir de rejeter un tel gouvernement et de fournir de nouvelles garanties à leur sécurité future. Telle a été la patience des femmes sous ce gouvernement, et telle est aujourd’hui la nécessité qui les contraint à demander l’égalité à laquelle elles ont le droit.

L’histoire de l’humanité est une histoire de blessures et d’usurpations répétées de la part de l’homme à l’endroit de la femme, qui avaient pour but direct l’établissement d’une tyrannie absolue sur elle. Pour le prouver, soumettons les faits à un monde impartial.

Il [l’homme] ne l’a [la femme] jamais autorisée à exercer son droit inaliénable au vote électoral.

Il l’a obligée à se soumettre aux lois, dont la création se faisait sans qu’elle n’y ait sa voix.

Il lui a été refusé des droits qui sont donnés aux hommes les plus ignorants et misérables – tant autochtones qu’étrangers.

L’ayant privée de ce premier droit citoyen, le droit de vote, la laissant ainsi sans représentation dans les chambres législatives, il l’a opprimée de toute part.

Il a fait d’elle, si elle est mariée, une citoyenne morte aux yeux de la loi.

Il l’a privée de tous ses droits à la propriété, même au salaire qu’elle gagne.

Il a fait d’elle un être irresponsable moralement, elle peut ainsi commettre de nombreux crimes en toute impunité, à condition qu’ils soient effectués en présence de son mari. Dans l’alliance de mariage, elle est obligée de promettre obéissance à son mari, il devient, à toutes fins utiles, son maître – la loi lui donnant le pouvoir de la priver de sa liberté et de lui administrer des châtiments. Il a donc encadré les lois de divorce, quant à ce qui doit être les causes propres de divorce, en cas de séparation, à qui la garde des enfants doit être donnée ; ce tout à fait indépendamment du bonheur des femmes – le droit, dans tous les cas, se base sur une la supposition erronée de la suprématie de l’homme, dans les mains duquel il place tous les pouvoirs.

Après l’avoir privée de tous les droits en tant que femme mariée, si elle est célibataire et propriétaire d’elle-même, il lui a imposé de soutenir un gouvernement qui la reconnaît uniquement lorsque sa propriété peut être mise à profit.

Il a monopolisé presque tous les emplois rentables, et de ceux qu’elle est autorisée à occuper, elle reçoit une rémunération, mais maigre.

Il lui ferme toutes les avenues vers la richesse et la distinction, qui lui paraissent les plus honorables pour lui. Elle n’est pas connue comme professeur de théologie, de médecine ou de droit.

Il lui a refusé les équipements nécessaires à l’obtention d’une éducation complète – toutes les universités lui étant fermées.

Il l’autorise au sein de l’Église comme au sein de l’État, mais dans une position subordonnée, invoquant l’autorité apostolique pour son exclusion du ministère et, à quelques exceptions près, de toute participation publique dans les affaires de l’Église.

Il a créé un sentiment public faux en donnant au monde un code de morale différent pour les hommes et les femmes, duquel découle que les « délits moraux » qui excluent les femmes de la société ne sont pas seulement tolérés mais considérés comme peu de chose par l’homme.

Il a usurpé la prérogative de Jéhovah lui-même, revendiquant son droit à décider de la sphère d’action de la femme, quand ce droit appartient à la conscience de la femme et à son Dieu.

Il a cherché, par tous les moyens, à détruire sa confiance en ses propres pouvoirs, afin de diminuer son estime de soi et qu’elle mène docilement une vie dépendante et abjecte.

Conclusion

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Aujourd’hui, compte tenu de cette totale privation des droits civiques de la moitié de la population de ce pays, de leur dégradation sociale et religieuse – au regard des lois injustes mentionnées ci-dessus et parce que les femmes se sentent lésées, opprimées et privées frauduleusement de leurs droits les plus sacrés, nous insistons pour qu’elles aient accès sur le champ à tous les droits et privilèges qui leur appartiennent en tant que citoyennes des États-Unis.

En entamant ce grand travail dont nous nous sommes saisis, nous ne nous attendons pas à ce que soient petits les malentendus, présentations inexactes de nos idées et moqueries, mais nous allons utiliser tous les instruments en notre pouvoir pour réaliser notre objectif. Nous allons employer des agents, faire circuler des tracts, des pétitions aux législatures étatiques et nationale et nous efforcer d’enrôler le pupitre [l’éducation, NdT] et la presse en notre faveur. Nous espérons que cette convention sera suivie par une série de conventions embrassant toutes les régions du pays.