Cymbalum mundi/Édition Garnier
Le minime, et très-minime, juge ainsi de tout. C’était le colporteur de Descartes ; il n’était pas ens per se, mais ens per aliud.
Ce Cymbalum, intitulé joyeux et facétieux, n’est ni l’un ni l’autre. C’est une froide imitation de Rabelais : c’est l’une qui veut donner la patte comme le petit chien. Les juges qui entendirent finesse à cette ineptie n’étaient pas les petits chiens. Cet ouvrage n’a eu de la réputation que parce qu’il a été condamné. Rabelais ne le fut point ; c’est une nouvelle preuve qu’il n’y a qu’heur et malheur dans ce monde. Lira qui pourra le Cymbalum Mundi, autrefois si célèbre chez un peuple grossier, et commenté dans ce siècle-ci par des sots.
On a cru que (Juno) c’était la sœur de François Ier, Marguerite de Navarre, favorable aux nouvelles opinions.
Il y avait alors beaucoup de débordement dans les couvents de religieuses, et on les accusait de défaire leurs enfants.
Les druides étaient les docteurs de Sorbonne, dont Rabelais et Marot parlent tant : on leur reprochait beaucoup de vices et beaucoup d’ignorance.
On a pensé que le livre de Jupiter était les Décrétales, et que celui qui ne vaut de guères mieux est un livre de Calvin.
On a cru que ce Rhétulus était Luther.
La pierre philosophale est l’argent que Rome extorquait de toutes les provinces catholiques, à ce qu’on prétendait.
Le dormir avec les femmes est une allusion au célibat ordonné aux prêtres dans l’Église romaine.
Allusion visible au mystère qu’on jouait alors sur le théâtre.
Cela indique manifestement les premiers moines défroqués protestants, qui épousaient des religieuses. Il paraît par là que Bonaventure Despériers se moquait principalement de la religion protestante ; et c’est peut-être pour avoir excité la colère des deux partis qu’il se tua de désespoir. Mais ce qui est encore plus vrai, c’est que ce livre ennuie aujourd’hui les deux partis.
C’est probablement Diane de Poitiers.
On prétendit que ce morceau désignait plusieurs personnes connues ; et que ce fut la vraie origine de la persécution.
Les chevaux d’Achille, le bélier de Phrixus, l’âne de Balaam, ont parlé.
Serait-ce la traduction des Septante, présentée à un Ptolomée ?
Cela signifierait-il les faux miracles ?
Les antipodes inférieurs ne sont-ils pas les protestants ; et les supérieurs, les catholiques ?
- ↑ Dans le tome III des Choses utiles et agréables (recueil que l’on doit à Voltaire ; voyez la note, tome VII, page 35) est réimprimé le Cymbalum Mundi de Bonaventure Despériers, avec des notes intéressantes. Ces notes, qui sont de Voltaire, portent non-seulement sur les quatre dialogues composant le Cymbalum Mundi, et sur la lettre de Thomas du Clévier à son ami Pierre Tryocans, qui se trouve dans l’édition originale de 1537 du Cymbalum Mundi, mais encore sur l’Avertissement mis, par Prosper Marchand, en tête de l’édition qu’il donna, en 1732, de cet ouvrage.
Pour l’intelligence des notes, il m’a fallu rapporter les textes qu’elles concernent : j’ai eu soin d’indiquer à quelles parties ces textes appartiennent.
Le troisième volume des Choses utiles et agréables, qui est beaucoup plus rare que les deux autres, porte la date de 1770. C’est donc à cette année que je devais placer les Notes sur le Cymbalum Mundi. (B.)