Cruelle, il suffisoit de m’avoir pouldroyé
Cruelle, il suffisoit de m’avoir pouldroyé
XX
Cruelle, il suffisoit de m’avoir pouldroyé,
Outragé, terrassé, sans m’oster l’esperance.
Tousjours du malheureux l’espoir est l’asseurance :
L’amant sans esperance est du tout fouldroyé.
L’espoir va soulageant l’homme demy-noyé :
L’espoir au prisonnier annonce delivrance :
Le pauvre par l’espoir allege sa souffrance :
Rien meilleur que l’espoir du Ciel n’est envoyé.
Ny d’yeux, ny de semblant vous ne m’estes cruelle :
Mais par l’art cauteleux d’une voix qui me gelle,
Vous m’ostez l’esperance, et desrobez mon jour.
O belle cruauté, des beautez la premiere,
Qu’est-ce parler d’Amour, sans point faire l’amour,
Sinon voir le Soleil sans aimer sa lumiere ?