Gangloff (p. 32-33).

À quoi pense Lisbeth ?

Si vous posiez cette question à vingt, à trente, à cinquante littérateurs de Paris, ils vous répondraient tous par quelque plaisanterie de mauvais goût, par quelque gauloiserie plus ou moins délicate, par quelque pointe plus ou moins fine.

Eh bien ! pauvres boulevardiers que vous êtes, vos soupçons sont peut-être ingénieux, mais je vous jure qu’ils sont faux.

Lisbeth, qui vient de se marier, pense « tout bêtement » à son mari qui est à son travail, et ce petit bouquet que vous voyez sur sa table, ce bouquet qui sent si bon, lui a été donné par ce mari auquel vous n’avez pas pensé. C’est votre spécialité hélas ! de ne jamais penser au mari.

Vous remarquerez avec moi que le logis de Lisbeth est charmant, propret, joyeux, et qu’il ne ressemble en rien à ces bouges infects où Zola a nous traîne. On y est bien, on y devient meilleur, et l’on a presque envie d’y faire sa prière.

Mais surtout vous observerez l’aimable visage de Lisbeth ; ce visage calme honnête, souriant et où la vertu respire.

Jeunes et vieux qui m’écoutez, méfiez-vous de tous ceux qui disent du mal des femmes

Sur dix femmes, il y en a au moins neuf qui sont bonnes… et la dixième n’est que « douteuse. »