Gangloff (p. 76-78).

Un Sauveteur.

C’est lui, c’est cet enfant qui vient, très crânement, de risquer sa vie pour sauver celle de sa sœur. Un héros de sept ans !

De tels héroïsmes ne sont pas rares parmi les enfants du peuple. Je n’entends pas incriminer les autres ; mais il faut bien reconnaître que les pauvres, fort heureusement, n’ont pas le loisir de gâter leurs enfants. Ils ne les élèvent pas, ils ne sauraient les élever « dans du coton », et les livrent de bonne heure aux risques et aux combats de la vie.

Combien de fois n’avons-nous pas rencontré, dans la rue, de petites filles de cinq ans, hâves et maigres, portant dans leurs bras quelque baby de dix mois, auquel elles servent vaillamment de mère ? Le fardeau paraîtrait lourd à nos bras ; mais la petiote ne s’en soucie guères et va son train.

Il y a là une grande leçon et dont nous ne savons pas profiter. Nous avons imagine pour nos enfants une éducation physique et morale qui n’est pas faite pour les rendre virils. Nous craignons pour eux le chaud, le froid, le vent. « Pas de courants d’air » : tel est le résumé et le programme de cet étrange système d’éducation à la moderne. Si vous croyez en faire des héros, vous vous trompez étrangement, pauvres mères, et vous n’obtiendrez de la sorte que de petits crevés et des « mijaurées ».

Nos pères ne l’entendaient pas ainsi. Leur éducation était de fer mais ils fabriquaient des hommes.

Faisons comme les pauvres, faisons comme nos pères.

Un peu plus de pain sec ; un peu moins de confitures !