Critique de la raison pure (trad. Barri)/Tome I/Dédicace Zedlitz

Traduction par Jules Barni.
Édition Germer-Baillière (1p. 4).
À son Excellence le Ministre d’État
BARON DE ZEDLITZ


Monseigneur,

Contribuer pour sa part à l’accroissement des sciences, c’est du même coup travailler dans l’intérêt de Votre Excellence, car ces deux choses sont étroitement unies, non seulement par le poste élevé du protecteur, mais encore par les sympathies de l’amateur et du connaisseur éclairé. Aussi ai-je recours au seul moyen qui soit en quelque sorte en mon pouvoir de témoigner à Votre Excellence toute ma gratitude pour la bienveillante confiance dont Elle m’honore en me jugeant capable de concourir à ce but.

Celui qui aime la vie spéculative n’a pas de plus grand désir que de trouver dans l’approbation d’un juge éclairé et compétent un puissant encouragement à des efforts qui sont loin d’être sans utilité, quoique cette utilité soit éloignée, et que, pour cette raison, elle soit tout à fait méconnue du vulgaire[ndt 1].

Tel est le juge auquel je dédie aujourd’hui cet ouvrage ; je le recommande à sa bienveillante attention[ndt 2], je place sous sa protection tous les autres intérêts de ma carrière littéraire, et suis avec le plus profond respect,

De Votre Excellence,
Le très-humble et très-obéissant serviteur
Immanuel Kant
Kœnigsberg, le 29 Mars 1781.

Notes modifier

  1. Cet alinéa fut supprimé dans la seconde édition.
  2. Kant rédigea ainsi dans sa seconde édition le commencement de cet alinéa : « Je recommande cette seconde édition de mon ouvrage à la bienveillante attention dont Votre Excellence a daigné honorer la première ainsi que les autres, etc… »