Crimes de Louis XVI



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Crimes de Louis XVI
1791

La vérité (dit Saint-Jérôme), est contente du petit nombre de ceux qui l’aiment ; elle ne craint point la multitude de ceux qui l’outragent et la calomnient.


Article 1

Ce jeune Roi, en montant sur le trône, a rendu à la nation ses magistrats dispensés, exilés et dépouillés.

II

Sa probité a garanti seule une dette de quatre ou cinq milliards qu’il trouva contractée en arrivant au trône de ses pères.

III

A cette époque, la banqueroute, sans lui, était inévitable ; sans lui, les Parisiens, une multitude de citoyens des provinces, les Genevois (*) et autres étrangers voisins de la France, étaient ruinés sans ressource.

IV

Il a affranchi les serfs qui restaient dans l’enceinte de sa domination.

V

Il a donné à la nation les assemblées provinciales.

VI

Il a aboli les corvées.

VII

Il a anéanti la terrible question que les accusés subissaient ci-devant.

VIII

Il a fait des lois douces et humaines contre la désertion des soldats, avant lui condamnés à mort.

IX

Il a banni la fraude, et la violence dans l’enrôlement de ces soldats

X

Il a accordé l’état civil aux protestants.

XI

Il a protégé les arts et les sciences.

XII

Il a desséché des marais malsains.

XIII

Il a ouvert et rendu plus salubres plusieurs quartiers de la Capitale.

XIV

Il a rendu formidable la marine de la nation française.

XV

Il a protégé le commerce de cette nation qui oublie ses bienfaits.

XVI

Il a fait un traité avantageux pour elle avec la Russie.

XVII

Il a étouffé des germes de guerres sanglantes, dans le Nord, dans le levant, à Vienne et en Hollande.

XVIII

Il a réuni Tabago à nos Antilles.

XIX

Il a assuré à Terre-Neuve la pêche et la morue, et en a augmenté l’étendue.

XX

Il a acquis plusieurs aldées dans l’Inde.

XXI

Il a fait en 1782 une paix honorable pour la nation et pour ses alliés.

XXII

Il a fait des travaux utiles et glorieux dans les ports de Dunkerque, du Havre, de la Rochelle, de Toulon, de Cherbourg et de Vendres.

XXIII

Il a entrepris et commencé des canaux en Bourgogne, en Berry, en Bretagne et en Picardie.

XXIV

Il a perfectionné le canal du Languedoc, au grand avantage du commerce international.

XXV

Il n’a jamais eu de maîtresses ; il jouait au trictrac aux petits écus.

XXVI

De nombreux traits de sensibilité et d’humanité ont fait connaître son caractère et ont édifié les peuples de l’Europe.

XXVII

Il a appelé et rassemblé les députés de la nation française pour leur confier la réforme des abus qui pesaient sur elle.

XXVIII

Il a donné au peuple la double représentation à l’assemblée des états généraux.

XXIX

Il est venu avec loyauté et magnanimité en 1789 apporter des paroles de paix à la ville de Paris, au milieu de deux ou trois cent mille hommes et de ses gardes-françaises armés en insurrection contre lui.

XXX

En octobre même année, il a défendu à ses gardes du corps de tirer sur son peuple de Versailles et de Paris qui venait les massacrer sous le balcon de ses fenêtres. Il leur a ordonné de se laisser égorger, plutôt que de tuer un seul homme.

XXXI

Le même jour, il a consenti à se laisser amener à Paris comme un criminel, à venir y établir son domicile, au milieu des poignards, dans une immense cité égarée par des calomnies atroces contre sa personne sacrée.

XXXII

Il a supporté avec patience pendant dix-huit mois le joug de l’esclavage, des peines, des alarmes, des inquiétudes, des privations, des outrages et des sacrifices dans sa capitale.

XXXIII

Il tombe malade… Dans sa convalescence, il désire, à l’entrée de la belle saison d’aller respirer l’air de sa campagne : une foule révoltée s’y oppose les armes à la main, les injures à la bouche. Il obéit sans murmurer et rentre chez lui sans y trouver son dîner préparé, qu’on avait porté à Saint-Cloud.

XXXIV

Se voyant enfin réduit à s’éloigner d’un pareil lieu, sans cependant vouloir sortir du royaume, on l’arrête, toujours comme criminel, on lui crie que s’il ne rentre pas (vivant) à Paris, il n’y rentrera que (mort), &c. &c. &c. On l’y ramène escorté comme un coupable, on le remet dans sa prison. &c. &c. &c.

Voilà ses crimes.
Voilà sa punition.

P. S. Les ennemis du roi et de la royauté n’oublient pas de faire un crime à Sa Majesté de l’établissement de la cour plénière et du siège du palais. Mais les amis de la vérité n’attribuent cette crise et ces suites qu’au feu garde des sceaux de Lamoignon et à l’archevêque de Brienne.
J’ai tiré une grande partie de ces trente-quatre articles du Mercure de France, du 23 juillet 1791, n° 30, page 292 et suivantes, afin de les réunir en un cahier que (malgré ma détresse) j’ai fait imprimer, pour les distribuer aux habitants trompés de quatre paroisses de campagne dans lesquelles je jouissais ci-devant des droits de la féodalité ; et au travers desquelles le roi a passé en revenant de Varennes, par Meaux et par Bondy.
Je désire que mon exemple soit suivi et que les propriétaires de terre fassent faire dans leurs possessions cette distribution qui n’est pas bien dispendieuse, et qui peut contribuer à calmer la haine qu’on inspire aux habitants des campagnes, contre le plus clément et le plus malheureux des rois.

Fait au château de P***, en Normandie, le 25 de juillet mil sept cent quatre-vingt onze.
Signé le comte de Sanois, ancien aide-major de la garde française de Sa Majesté.

(*) On dit (non sans fondement) que plusieurs Genevois, actuellement réfugiés à Paris, contribuent à persécuter Louis XVI.