Court Traité/Première partie/Chapitre V

Traduction par Paul Janet.
Germer Baillière (p. 34-35).
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CHAPITRE V


DE LA PROVIDENCE DE DIEU.


Le second attribut de Dieu, parmi ceux que nous appelons propres, est la providence, qui pour nous n’est autre chose que cet effort, par lequel toute la nature et toutes les choses particulières tendent à la conservation de l’être. Car il est évident que nulle chose ne tend par sa nature à sa propre destruction ; mais au contraire toutes choses ont en elles une tendance à se conserver et même à tendre vers le mieux. Conformément à cette définition, nous pouvons distinguer une providence générale et une providence particulière. La providence générale est celle par laquelle chaque chose est produite et conservée comme partie du tout, et la providence particulière est cet effort de chaque chose à se conserver elle-même, non comme partie du tout, mais en tant qu’elle peut être considérée elle-même comme un tout. Ce qui s’éclaircira par l’exemple suivant : l’acte par lequel il est pourvu à l’intérêt de tous les membres du corps humain dans son ensemble, est une sorte de providence générale ; l’effort, au contraire, par lequel chaque membre en particulier, considéré comme tout et non plus comme partie du corps, tend à se conserver et à se maintenir en bon état, est la providence particulière.