Cours d’agriculture (Rozier)/VERVEINE
VERVEINE. (Pl. Iere.) M. Tournefort la nomme, d’après Bauhin, verbena cortimunis flore cœruleo. On la trouve dans la troisième section de la quatrième classe de son système, parmi les herbes à fleur monopétale, labiée, dont la fleur supérieure est retroussée. Von-Linné l’a nommée verbena officinalis ; il l’a placée dans la diandrie monogynie.
Fleur ; monopétale imitant les labiées ; le tube cylindrique courbé B ; le limbe étendu à cinq segmens arrondis, presque égaux C ; la corole très-petite et bleuâtre ; quatre étamines.
Fruit ; deux ou quatre semences oblongues G, renfermées dans un calice tubulé D, anguleux E : le péricarpe à peine visible F.
Feuilles, allongées, découpées en plusieurs parties, et comme laciniées profondément.
Racine, rameuse, peu fibreuse, oblongue A.
Port. La tige s’élève depuis un pied jusqu’à deux : rameuse, foible, carrée, un peu velue ; les fleurs en épis longs et grêles. Il faut observer que la tige est quelquefois lisse ; que les feuilles sont opposées, souvent divisées en trois, et dentelées. Celles du sommet quelquefois lancéolées, oblongues entières.
Lieu. Les bords des grands chemins. Annuelle.
Propriétés. La racine est amère, ainsi que les feuilles dont le goût est désagréable. Cette plante est vulnéraire, détersive, fébrifuge, résolutive ; telles sont du moins les qualités qu’on lui accordoit il y a un demi-siècle. On en fait aujourd’hui très-peu d’usage en médecine. Dans l’antiquité elle a été plus célébrée encore que dans les temps modernes. Les Druides surtout lui portoient une vénération singulière : avant de la cueillir, ils faisoient à la terre un sacrifice ; on l’arrachoit à la pointe du jour ; lorsque la canicule se levoit, on faisoit des aspersions d’eau lustrale pour chasser les esprits malins : et on se servoit de la plante pour nettoyer les autels de Jupiter. On lui attribuoit un grand nombre de propriétés, celles entre autres de réconcilier les cœurs aliénés. Ils l’appeloient hierobotane, herbe sacrée. Ils l’employoient à tresser les couronnes dont on ceignoit la tête des hérauts d’armes quand ils recevoient la mission d’aller annoncer ou la paix ou la guerre.