Cours d’agriculture (Rozier)/TONDRE. TONDEUR

Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 418-419).


TONDRE. TONDEUR. Tondre est couper ou arrêter les bourgeons d’un arbre, afin qu’il prenne la forme qu’on désire. La charmille est tondue perpendiculairement, relativement à sa hauteur, & on l’oblige ainsi à présenter un mur de verdure. On tondoit jadis les ifs en palissades, en pyramides rondes, quarrées, plus ou moins découpées ; & même à force de les tondre, on les faisoit ressembler à des hommes, à des animaux. Si on veut voir l’excès du ridicule en ce genre, on peut aller à Bruges, dans une jardin de moines, où l’on a grand soin de conduire les étrangers. Près d’Amsterdam, quelques jardiniers font commerce de ces bizarreries, qu’ils vendent fort cher aux amateurs.

Si les palissades à tondre sont peu étendues, on se sert de ciseaux ; mais là où le travail est considérable, on emploie le croissant. Le jardinier est appelé tondeur, & même, par quelques-uns d’eux, c’est une profession en titre. Petit à petit, ce mauvais goût de tondre diminue en France, où on commence à reconnoître que c’est une opération forsée & contre nature, puisqu’il faut sans cesse y revenir. J’aime à croire que peu à peu l’idée du vrai & du beau naturel deviendra la règle unique dans les plantations des jardins.