Cours d’agriculture (Rozier)/SAULE

Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 122-128).
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1. SAULE BLANC. Tournefort le place dans la sixième section de la dix-neuvième classe des arbres à fleurs à chatons, dont les fleurs mâles sont séparées des femelles sur le même pied, & dont les fruits sont secs. Il l’appelle salix vulgaris alba arborescens. Von-Linné le nomme salix alba, & le classe dans la dioécie digynie.

Fleurs à chatons, mâles ou femelles, sur des pieds diffèrent. Les fleurs mâles sont composées de deux étamine ; les étamines sont insérées sur un nectaire en forme de glande cylindrique, & tronquées ; chaque fleur est disposée le long d’un chaton écailleux, sous une écaille oblongue, plane & ouverte ; les fleurs femelles sont rassemblées sous un chaton semblable, & composées d’un pistil dont le stigmate est divisé en deux.

Fruit ; capsule ovale, terminée en pointe, à une seule loge, à deux valvules, s’ouvrant par le haut & se recourbant des deux côtes, renfermant plusieurs petites semences ovales, couronnées d’une aigrette simple & hérissée, qu’on appelle quelquefois le coton du saule.

Feuilles, en forme de fer de lance, aiguës, couvertes des deux côtés d’un duvet blanchâtre, dentées par les bords en manière de scie, avec des glandes sur les dernières dentelures.

Racine, rameuse, ligneuse.

Port. Cet arbre s’élève aussi haut que les plus grands peupliers, si on ne lui coupe pas la tête en le plantant. Son écorce est inégale, rabotteuse ; celle des jeunes branches lisse, verdâtre ; son bois est blanc & les couches peu serrées ; les chatons sont cylindriques, soutenu par des pédicules ; les fruits paroissent revêtus d’un coton blanc ; les feuilles sont alternativement placées sur les branches. C’est une erreur de croire que le même pied porte une année des fleurs mâles, & l’année d’après des fleurs femelles.

Lieux. Toute l’Europe, les terrains humides, les bords des rivières. On nomme saussaie les lieux qui sont plantes de saules.

Le nombre des saules est très-multiplié. Von-Linné en compte près de 30 espèces. Il convient qu’il est très-difficile d’assigner à chacun de vrais caractères spécifiques. Les auteurs qui admettent les variétés au rang des espèces, en comptent un bien plus grand nombre, auxquelles ils alignent des noms comme à des espèces vraies, ce qui augmente la confusion des noms & la difficulté dans leur étude. Il seroït à désirer qu’une académie proposât pour sujet de classifier la famille des saules, Je vais suivre l’ordre établi par M. Duhamel, comme le plus connu des amateurs des collections des arbres.

2. Saule à feuilles d’amandier, qui porte des stipules & qui quitte son écorce. Salix amygdalino folio, utrinque aurito, corticem abjiciens. C. B. P.

3. Saule à feuilles d’amandier, vertes dessus & dessous, & qui porte des stipules. Salix folio amygdalino, utrinque virente, aurito. C. B. P, Salix amygdalino. Lin.

4. Saule à feuilles très-longues, étroites, & d’un verd argenté. Salix folio longissimo, utrinque albido. C. B. P.

5. Petit sauleSAULE, à feuille étroites ; salix humius, angusti folia. C. B. P. Salix roris marini folia. Lin.

6. Saule à feuille ; oblongue, pointues & d’un verd argenté ; salix oblongo, incano, acuto folio. C. B. P. Salix viminalis. Lin.

7. Saule fragile, dont les branches rompent au lieu de ployer ; salix fragilis. C. B. P. Salix fragilis. Lin.

8. Petit Saule a tête cailleuse ; salix humilis, capitulo-squammofo. C. B. P.

9. Petit Saule Saule à feuilles lisses ; salix pumila folio, utrinque glabro. J. B. Salix fusca. Lin.

10. Petit Saule à feuilles blanchâtres & velues ; salix pumila, foliis utrinque cendicantibus & lanuginosis. C. B. P. Salix arenaria. Lin.

11. Petit Saule à feuilles courtes & velues ; salix pumila, brevi angustoque folio incano. C. B. P.

11. Petit Saule à feuilles de Un & velues ; salix pumila, lini folia incana. C. B. P.

13. Saule des Alpes ; salix alpina, pyrenaica. C. B. P. Salix glauca. Lin.

14. Saule des Alpes à feuilles de serpolet & luisantes ; salix alpina, serpilli folio lucido. BOCC.

15. Saule blanc des Alpes, à feuilles étroites & lisses ; salix alpina, angusti folia, repens, non incana. C. B. P. Salix retusa. Lin.

16. Saule odorant, à feuillet longues, vertes dessus & dessous ; salix folio longo, utrinque virente, odorato. M. C.

17. Saule rouge ordinaire, ou Osier des vignes ; salix vulgaris, rubens. C. B. P.

18. Saule jaube cultivé, dont les feuilles sont dentelées, ou Osier des jaune de vignes ; salix sativa lutea folio crenato. C. B. P. Salix vstellina. Lin.

19. Saule des marais ; salix platyphyllos leucophlœus. Lugd.

20. Saule du levant, ou saule pleureur, saule de Babylone, dont les branches sont menues & pendantes ; salix orientalis fUgelïis, dorsùm pulcjrè pendentibus. Tourn. Salix Babylonica. Lin.

21. Grand Saule de montagne, à feuilles de laurier ; salix montana major, foliis laurinis. Tourn.

22. Saule à feuilles rondes, argentées, ou Marceau, à feuilles rondes ; salix subrotundo argenteoque folio. C. B. P. Salix caprea. Lin.

23. Petit Saule à feuilles larges, ou Marceau, à feuilles rondes ; salix fubrotundo, argenteo folio. C. B. P.

24. Saule rampant, à feuilles larges., Marceau nain, à feuilles larges ; salix latifolia, repens. C. B. P.

25. Petit Saule rampant des Alpes, à feuilles rondes, d’un verd nuancé par-dessous, ou Marceau rampant ; salix alpina pumila, rotundifolia, repens infernè subcinerea. C. B. P. Salix repens. Lin.

26. Petit Saule a feuilles rondes ; salix pumila folio rotundo. C. C. B. Salix reticulata. Lin.

27. Saule des Alpes, rampant, à feuilles d’aune ; salix alpina, ulmi rotundi folio, repens. BOCC.

28. Saule à feuilles rondes & larges ; salix latifolia rotunda. C. B. P.

20. Saule ou Marceau, à feuilles rondes, qui se terminent en pointe ; salix folio, ex rotunditatis aluminato. C. B. P.

30. Saule de Portugal, à feuilles de sauge avec stipules ; salix lusitanica, salviœ foliis auritis. Tournef.

31. Saule à feuilles rondes, larges & panachées ; salix latifolia, rotunda variegata.

32. Petit Saule à feuilles opposées ; salix humilis, foliis angustis, subcœruleis, ex adverso binis. Raii. Salix helix. Lin.

Parmi ce grand nombre d’espèces qu’on vient d’indiquer, nous ne parlerons que de celles des numéros 1, 2, 3, 17, 18, 20 & 22, les autres sont peu utiles.


Culture du Saule blanc, N° 1.

Cet arbre est bien précieux dans tous les pays de vignobles où l’on se sert d’échalas. Ces échalas durent moins, à la vérité, que ceux de châtaignier & de chêne ; mais leur prix plus modéré compense le mérite des autres en bois plus dur.

Ce saule se plaît dans les terrains humides & il aime que ses racines avoisinent l’eau ; mais il souffre quand cette eau séjourne, pendant le printemps ou pendant l’été, sur le collet de ses racines. Il réussit dans tous les terrains sablonneux, graveleux ou tenaces, pourvu que les racines soient abreuvées en dessous. Son succès est bien plus marqué lorsque le sol est bon & qu’il a du fond. Les expériences de Boyle prouvent que le saule tire peu de nourriture de la terre, puisqu’un morceau de saule planté dans un vase dont on avoit complettement desséché & pesé la terre avant de l’en remplir, pesa, après quelques années, 163 livres, & la terre n’avoit perdu que deux onces de son poids. L’air fixe qui s’élève des marais, des eaux stagnantes, forme la principale nourriture de cet arbre, dont le bois acquiert une prompte croissance & reste un des plus légers que l’on connoisse. Si les circonstances sont égales, il y a une grande différence dans la végétation d’un saule planté sur les bords d’un ruisseau dont l’eau est pure ou courante, ou d’un semblable saule planté sur le bord d’un ruisseau à eau dormante, & qui y croupit, parce que cette dernière eau contient plus d’air fixe & d’air inflammable (consultez l’article Air) qui pénètre par les racines de l’arbre & parce qu’elle en laisse échapper une grande partie qui est absorbée par les feuilles & augmente celle de la séve ; enfin l’arbre prend, par sa transpiration, le surplus de ces airs inutiles à la formation de sa charpente. Ces différentes espèces d’air constituent plus de la moitié de son poids, après qu’on a donné le temps à l’arbre coupé de se dessécher. Venons à sa culture.

Elle est bien simple. Après avoir fixé l’emplacement que les jeunes plants doivent occuper, on attend que les feuilles des saules soient tombées non par accident, par exemple par une gelée blanche trop hâtive, mais naturellement. On peut même commencer à planter à la Toussaint, & l’arbre planté avant l’hiver & de bonne heure, réussit beaucoup mieux que celui qui est mis en terre en mars ou avril, suivant le climat. Quoique cette assertion soit vraie, elle peut cependant souffrir quelque modification relativement au climat. Chacun doit étudier le sien & se régler en conséquence.

On choisit sur les saules les mieux venans, le nombre des sujets dont on a besoin, & ces sujets ne sont autre chose que les branches. Après les avoir émondés de leurs rameaux, on les réduit à la longueur de dix pieds. On appointe la partie inférieure en manière de trois-quarts, mais le plus large côté doit être recouvert de son écorce jusqu’à la plus fine pointe des trois-quarts. Pendant qu’un ouvrier prépare les sujets, un autre, armé d’une pince de fer, dont l’extrémité inférieure est pointue dans son bout, & renflée en forme de fer de lance un peu plus haut, ouvre les trous destinés à recevoir le plantard ; il les élargit autant par le bas que par le haut, & leur donne au moins deux pieds de profondeur. C’est dans ces trous que l’on plante la branche ou plantard, & qu’on l’y enfonce jusqu’à ce qu’on touche le fond ; alors avec de la terre fine on remplit les trous, ensuite avec la pince on serre la terre tout autour, en observant scrupuleusement de ne point endommager l’écorce. Si ces plantards ne reprennent pas, c’est que la partie d’écorce enterrée a été meurtrie pendant l’opération. Les bons cultivateurs font lever tout autour des plantards une ou deux pellées de terre qui sert à en butter le pied & forme naturellement un petit fossé. Cette arbre n’exige plus aucun soin jusqu’à la première coupe de ses branches qui aura lieu trois ou quatre ans après sa plantation. Il prend alors le nom de têtard, parce que c’est de sa tête que poussent les nouvelles branches. On peut, si on ne plante pas sur-le-champ les plantards, les lier paquet par paquets, & les placer le pied dans l’eau. Cette méthode est moins avantageuse que la précédente.

Un gros scarabée à écailles d’un verd doré & luisant, & les mouches menuisiers font beaucoup de mal aux nouvelles plantations : avec leurs tanières elles ouvrent l’écorce de l’arbre, y déposent par dessous leurs œufs, ces œufs éclosent & donnent des vers qui se nourrissent de la substance de l’aubier. Leur travail interrompt le mouvement de la séve, l’arbre languit ou périt. On n’a trouvé encore d’autre remède à cet inconvénient que de couvrir l’écorce des jeunes arbres avec une couche épaisse de lait de chaux froid, ou avec une seconde, si la première n’est pas assez forte. Cette opération a lieu à la fin de l’hiver ; elle seroit superflue auparavant, puisque ces insectes sont engourdis pendant l’hiver & ne font aucun mal.

La première coupe des branches est d’un petit rapport, & ces branches sont ordinairement employées à faire des fagots pour le four, ou des rames pour les pois. Si, entre l’intervalle de leur plantation & celui de la première coupe, on voyoit que le jeune arbre n’eût qu’une branche, il faudroit ne la pas laisser aller en avant & s’élancer en hauteur ; elle demande à être ravallée à la fin de l’automne près du tronc, afin de le réduire en têtard.

On observera, après les poussées de la première année de la coupe, de ne laisser sur le têtard que le nombre de branches qui se présentent bien, & de supprimer toutes les branches chiffonnes. Il est aisé de sentir combien cette soustraction doit être avantageuse aux branches restantes.

Lorsque l’on a fait la tonte de toute la saussaie, on transporte tous les bois sous des hangars ou dans la cour de la métairie, en séparant les bonnes branches à échalas du menu bois qui sert pour le four. Pendant les mauvais jours d’hiver, ou à la veillée, on refend les branches trop fortes afin de multiplier les échalas. Le propriétaire qui les achette & les destine à ses vignes, préférera ceux qui n’auront pas été refendus, parce qu’ils se conservent davantage, & aura grand soin de les faire peler avant de les mettre en place. L’écorce sert à loger une multitude d’insectes qui rongent l’aubier, retient entre le bois & elle une humidité qui accélère sa pourriture.

Si on peut faire sa provision une année d’avance, il y aura une grande économie de faire aussitôt écorcer les échalas, de les lier en fagots & de ne les planter que lorsque la dessiccation aura enlevé leur humidité intérieure ; il faut les tenir à couvert des pluies, du soleil, & ils dureront beaucoup plus.

Les brindilles que l’on supprime à la fin de la première année, servent à attacher le sep contre l’échalas ; mais elles ne valent pas l’osier.

Les saules auxquels on ne coupe pas la tête, sont susceptibles, comme je l’ai déja dit, d’égaler en hauteur les peupliers les plus élevés. De pareils arbres figurent très-bien dans les endroits bas & humides d’un parc. Le verd pâle des feuilles contraste joliment avec celui des aunes qui se plaisent dans le même terrain. Les saules têtards ont toujours leurs troncs caverneux & pourris, parce que les chicots laissés au sommet, lors des coupes, n’ont pas permis a l’écorce de recouvrir les plaies. Bientôt le bois s’est pourri, & de proche en proche le mal a gagne jusqu’aux racines. Il n’en sera pas ainsi du grand seule. On a la facilité d’émonder proprement sa tige & de ne laisser aucun chicot. Les grands arbres fournissent des planches saines, mais moins bonnes que celles des peupliers & sur-tout du peuplier ypreau.

La distance entre chaque pied d’une faussaie est de dix à douze pieds.


Culture des Osiers.

Dans plusieurs cantons on préfère l’osier à écorce jaune, & dans d’autres, celui à écorce rouge est le plus recherché. Cette différence tiendroit-elle au préjugé, ou à l’influence du climat ou du sol ? Quoi qu’il en soit, j’ai constamment observé que le jaune étoit plus pliant, plus doux, & qu’il duroit plus long-temps.

On plante ces deux osiers comme le saule, mais ils ont sur lui le précieux avantage de venir par-tout où la vigne croît ; il faut cependant excepter de cette loi les vignes de nos provinces trop méridionales. Le proverbe dit, un osier en valeur rend plus que deux ceps, & le proverbe est vrai. Dans tous les pays où l’on cultive la vigne, soit en hautains, soit avec des échalas de six à sept pieds, soit en treilles, (consultez l’article Vigne) les osiers sont toujours chers & d’un excellent débit. Il s’en fait une consommation prodigieuse pour relier les tonneaux.

Les osiers réussissent beaucoup mieux dans un terrain fort & bon, que dans tout autre. Ceux venus dans un terrain sec sont plus courts, moins pourris que les autres ; mais ils sont plus forts, durent beaucoup & se moisissent & pourrissent moins vîte.

Communément on plante les osiers par rangées à six pieds les uns des autres. Si on veut par plusieurs rangs former une oseraie, on observe la même distance, mais ces arbrisseaux ne réussissent jamais mieux que lorsqu’ils sont isolés. Lorsque dans la rangée ou dans l’oseraie il survient une place vide, on fait un provin ou couchée, & elle est bïentôt regarnie. Chaque année, après la chûte des feuilles ou après la première gelée, on fait la coupe générale, & on ne laisse sur pied que le nombre de rameaux destinés à être couchés ou à regarnir comme têtards les places que l’on veut regarnir, ou pour de nouvelles plantations.

Pendant l’hiver on sépare toutes les brindilles survenues sur les pousses de l’année, ainsi que les trop petites pousses. Les unes & les autres servent à attacher la vigne, à palissader dans les jardins. On refend en deux, trois ou quatre parties, les pousses fortes, on en fait des tresses que l’on vend aux tonneliers.

Des Saules, N° 2, 3, 5, 6, vulgairement connus sous le nom d’Amarine.

Ils croissent spontanément dans les isles, au bord des rivières &t sur les terrains humides, abandonnés. On ne les cultive pas ; ce sont les vents, les eaux qui charient leurs semences. Je crois cependant, mais je ne l’ai pas éprouvé, qu’on réussiroit en les plantant avec les mêmes soins que ceux dont on a parlé. C’est avec ces espèces de saules que les vaniers font les ouvrages de leur ressort. Les vrais osiers, jaunes ou rouges, leur reviendroient trop cher. Ils les emploient avec leur écorce pour les ouvrages communs, & ils les écorcent quand il s’agît d’une vanerie trop recherchée.


Du Saule Marceau.

Aucun saule ne fournit d’aussi bons échalas que le marceau. Une fois écorcés & séchés pendant une année, leur qualité égale presque celle des échalas de châtaignier, sur-tout si le marceau n’a pas végété dans un terrain trop humide & un peu élevé. Sa culture est comme celle du saule ordinaire.


Du Saule de Babylone.

C’est le roi des saules par l’agrément de sa forme. Lorsqu’il est planté dans un bon terrain & naturellement frais, il végète avec force, pousse de longues branches d’où partent des rameaux longs de dix a douze pieds, guères plus gros que le canon des plumes d’un Paon, & très-chargés de feuilles. Ces rameaux pendans produisent un très-joli effet.

Rien n’est plus aisé de former avec ces branches & ces rameaux un joli cabinet de verdure, & très-pittoresque au coup-d’œil. On choisit une branche longue & forte que l’on fiche en terre à la manière du saule blanc, & on l’assujettit aussitôt contre un fort tuteur de 15 à 18 pieds de haut. Si on a un jeune pied enraciné, la végétation sera plus rapide, & on gagnera au moins une année. Pendant la première année on laisse à l’arbre la liberté de pousser tous ses rameaux, mais on choisit un ou deux des plus vigoureux que l’on lie doucement contre le tuteur. Ce sont la les deux branches qui dans la suite formeront la pyramide ou couronnement du cabinet. Après la première année, ou après la seconde, si la végétation a été foible pendant la première, on trace la circonférence que doit occuper le cabinet. Le pied de l’arbre forme le centre, & le rayon du cercle jusqu’à ce centre peut être de 12, 15 & 18 pieds ; de distance en distance on place à la circonférence des supports de six à huit pieds. À ces supports on en attache fortement d’autres qui viennent correspondre au fort tuteur du centre, contre lequel on les assujettit tous. Enfin, entre chacune de ces traverses on en établit de nouvelles & plus fortes, dont le nombre est multiplié suivant les besoins. C’est sur ces traverse ; que l’on attache & que l’on fixe doucement les rameaux inférieurs. Après avoir laissé au tronc une hauteur de 8 à 10 pieds, petit-à-petit les rameaux couvrent toute la superficie du cabinet, ils s’allongent & retombent le long des piquets de la circonférence. Les rameaux se multiplient au point qu’il ne reste plus de vide. Lorsque leur extrémité touche à terre, & qu’elle est alongée de 18 à 20 pouces, on en fait une couchée en terre où elle reprend racine. Les rameaux qui partent de l’extrémité de la couchée sont relevés contre les piquets de la circonférence, & garnissent de nouveau les côtés du cabinet. Le grand avantage de ces couchées est de servir de point d’appui contre les coups de vent. On peut voir à la pépinière royale de Lyon, un cabinet dans ce genre ; il fait l’admiration des amateurs.