Cours d’agriculture (Rozier)/PAPILLON

Hôtel Serpente (Tome septièmep. 424-425).


PAPILLON. Insecte à quatre aîles ; qui diffèrent de celles des mouches & de tous les autres insectes ailés, en ce qu’elles sont couvertes d’une poussière, vraies petites plumes qui s’attachent aux doigts.

On divise les papillons en papillons de jour & en papillons de nuit ou phalènes. Ces derniers forment une classe très-nombreuse.

On les distingue par leurs antennes ou petites cornes placées sur le devant de la tête.

Les papillons de jour ont des antennes de trois formes différentes, ou à bouton, ou en masse, ou en corne de belier.

Les phalènes ont leurs antennes ou prismatiques, ou à filets coniques ou grainés, ou à barbes de plume ou en plumes.

Les papillons de jour, en état de repos, ont les ailes étendues ou collées l’une contre l’autre, perpendiculairement à la position de leur corps qui sert de base.

Les phalènes, au contraire, dans l’état de repos, ont leurs ailes couchées & alongées sur leur corps, & ressemblent à peu près à la forme d’un triangle dont l’angle supérieur est formé par la tête de l’insecte.

Si on désire de plus grands détails sur la manière de vivre, de se reproduire, & sur les différentes métamorphoses par lesquelles passe l’insecte avant de devenir papillon, ou insecte parfait, on peut consulter les ouvrages du P. Bon-Ami, de Swamerdam, de Malpighi, de Réaumur, de Bonnet de Genève, l’histoire naturelle de Valmont de Bomare, &c. De plus grands détails seroient étrangers ici : le lecteur trouvera au mot Ver à soie, une description assez détaillée pour avoir une idée de la manière de vivre de la chenille & de sa métamorphose en papillon. Ce qu’il importe de savoir au cultivateur, est que toute espèce de chenille doit son existence à un papillon ; qu’une seule femelle de papillon produit un nombre prodigieux d’œufs d’où éclosent les chenilles. Il doit donc s’attacher à détruire le papillon, parce que dans ce moment il a peu d’ennemis à combattre, tandis que sa progéniture ressemblera à une armée entière dont il n’appercevra la présence que par ses dégâts. Cependant l’Être suprême qui a tout disposé avec une sagesse infinie, a mis des bornes à la trop grande reproduction de ces insectes ; les oiseaux en sont leur nourriture ordinaire, & c’est par cette raison que le nombre des papillons n’est jamais proportionné à celui des chenilles : sans eux, toutes les plantes, toutes les feuilles des arbres seroient à la fin dévorées. L’espèce d’insecte ou d’animal qui doit servir de nourriture à un plus grand nombre d’individus, est toujours la plus multipliée : la mouche en fournit la preuve. Malgré ces destructions réciproques d’un animal par un autre, & ainsi successivement depuis le ciron jusqu’au plus gros quadrupède, je dirois au cultivateur, aide-toi, le Ciel t’aidera ; travaille toujours à détruire les papillons autant qu’il sera en ton pouvoir. Avec de pareilles précautions la phalène n’attaqueroit pas nos blés, (Voyez le mot Froment) & ne détruiroit pas nos récoltes ; le ver blanc larve ou hanneton, (voyez ce mot) ne feroit pas périr nos arbres fruitiers en rongeant leurs racines, &c. &c. C’est le cas de dire principiis obsta.