Cours d’agriculture (Rozier)/OXYCRAT

Hôtel Serpente (Tome septièmep. 350-351).
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OXYCRAT. Mélange de vinaigre d’eau. Il n’est pas possible de fixer la quantité de vinaigre à ajouter à l’eau ; elle dépend de la force du vinaigre ; mais on a une règle sûre, c’est lorsque la boisson est d’une agréable acidité. Si on ajoute du sucre, la liqueur sera plus flatteuse au goût, mais non pas plus utile pour la santé.

On doit préférer l’oxycrat simple à l’oxycrat édulcoré & au sirop de vinaigre. Il est étonnant que dans les provinces du midi où l’on a si fort à redouter les maladies inflammatoires & putrides, on ne fasse pas un plus grand usage de l’oxycrat. On attend que la maladie soit survenue ; il auroit bien mieux valu en boire un verre ou deux en se levant & avant de se coucher lorsque la digestion est faite. Jamais je n’ai pu faire entendre à mes moissonneurs & à mes batteurs combien il seroit plus avantageux pour eux de préférer l’oxycrat à la quantité de vin dont ils s’inondent pendant le travail : on a cependant remarqué dans ces provinces du midi, que lorsque le vin pique, c’est-à-dire que les chaleurs lui ont fait contracter une petite acidité, il y a beaucoup moins de maladies inflammatoires & putrides pendant l’été. Cette observation connue & avouée de tout le monde, ne peut cependant pas faire abandonner une coutume meurtrière. L’expérience a prouvé que l’oxycrat calme la soif, tempère la chaleur de tout le corps, diminue la sueur, rend le cours des urines facile, & qu’il est enfin un des meilleurs antiputrides & antigangréneux connus.