Cours d’agriculture (Rozier)/MORFONDU

Hôtel Serpente (Tome sixièmep. 580-581).


MORFONDU. Terme consacré par M. Roger de Schabol, à l’occasion de la sève du printemps & des greffes enterrées. « Quand, au printemps, il survient certains coups de soleil vifs qui, d’abord, mettent tout en mouvement & font monter précipitamment la sève, & ensuite à ces coups de soleil si pénétrans succèdent tout-à-coup des vents de galerne, dont le froid saisit & refroidit ces arbres où couloit rapidement la sève, on se sert alors du terme de morfondre, pour exprimer ce qui se passe dans les plantes ; il leur arrive ce que nous éprouvons nous mêmes, quand passant subitement d’un excès de chaleur à un froid saisissant, nous sommes frappés de flexion de poitrine ; il se fait alors un mélange, un bouleversement d’humeurs par la répercussion de la matière de la transpiration. La même chose arrive dans les plantes, & c’est delà que vient cette maladie fatale aux pêchers[1], que l’on appelle la cloque ou brouissure. »

« On dit encore sève morfondue en parlant des greffes enterrées : ainsi quand par l’impéritie & la mal-adrese du jardinier, dont il n’est presqu’aucun qui sache planter, la greffe est enterrée, la sève qui passe par ces greffes, abreuvée par l’humidité de la terre, ne peut être que morfondue. Les greffes des arbres sont faites pour recevoir les impressions de l’air, comme les racines sont faites pour recevoir l’humidité de la terre, & non pour l’air ; ainsi les racines sont faites pour l’humide & périront à l’air, de même les greffes se trouvent fort mal d’être enterrées & morfondues dans la terre. On ne peut trop insister sur ce sujet à raison de son importance, & parce que le mal est presque universel.


  1. Note de l’Éditeur. Je ne suis pas d’accord avec M. Roger de Schabol sur la cause de cette maladie. Voyez les motifs de cette différence, rapportés au mot CLOQUE.