Cours d’agriculture (Rozier)/MARUM (le)

Hôtel Serpente (Tome sixièmep. 444-445).

MARUM (le). (Planche XI, page 444.)[1] Tournefort le place dans la quatrième section de la quatrième classe des herbes à fleurs d’une seule pièce, en gueule & à deux lèvres y & il l’appelle marum Cortusi, Von Linné le nomme teucrium marum, & le classe dans la didanymie gymnospermie

Fleur. B représentée de profil ; en C on la voit de face, & on apperçoit la manière dont les étamines sont attachées. Le tube de la fleur est cylindre & recourbé ; la lèvre supérieure relevée, arrondie & échancrée ; l’inférieure divisée en trois parties, dont les deux latérales sont en aile, & celle du milieu, arrondie & creusée en cuiller. D fait voir le calice ouvert.

Fruit. E embrion formé par les quatre ovaires réunis ; F quatre graines ovoïdes de couleur jaunâtre.

Feuilles. Entières, oblongues.

Racine. Ligneuse, fibreuse.

Port. Tiges velues, & sortent deux à deux opposées & feuillées. Les fleurs naissent au sommet des tiges, disposées en épis ; les feuilles florales sont alternes, & chacune accompagne le pédicule de la fleur.

Lieu. Originaire d’Espagne & de nos provinces méridionales. C’est un très-petit arbuste ; il fleurie pendant tout l’été.

Propriétés. Feuilles d’une odeur aromatique, forte & piquante, d’une saveur âcre &c piquante. Elles échauffent puissamment, & réveillent les forces vitales & musculaires ; elles produisent souvent de bons effets dans les maladies de foiblesse par humeurs séreuses, dans l’asthme humide, la suppression du flux menstruel, par l’impression des corps froids, les pâles couleurs, le rachitis, les maladies soporeuses par humeurs séreuses : pulvérisées & inspirées par le nez, elles sont sternutatoires.

Usage. Feuilles sèches & pulvérisées depuis dix grains jusqu’à une drachme, incorporées avec un syrop, ou délayées dans cinq onces d’eau : feuilles sèches, depuis un grain jusqu’à demi-once, en macération, au bain-marie, dans cinq onces d’eau ou de vin, suivant l’indication.

Culture. Lorsque l’on veut cultiver cet arbuste à odeur agréable & si pénétrante, on est forcé de le couvrir d’un grillage de fer, afin d’en éloigner les chats. Ils aiment tellement à se vautrer dessus, qu’ils parviennent à le détruire en peu de jours.

Dans les provinces du nord cet arbuste demande à être semé sur couche, & renfermé dans l’orangerie pendant l’hiver ; dans celles du midi, les semis exigent seulement un bon abri. Cet arbuste aime les fréquens arrosemens.


  1. On a mal-à-propos placé ici la gravure de l’herbe aux chats pour celle du marum, c’est une transposition ; celle du marum se trouve à l’article herbe aux chats. (Wikisource : Les deux gravures ont été inversées de façon à afficher la bonne sur cette article, il ne faut pas tenir compte du nom sur la gravure.)