Cours d’agriculture (Rozier)/LÊONURUS ou QUEUE DE LION

Hôtel Serpente (Tome sixièmep. 249-250).


LÊONURUS ou QUEUE DE LION. Tournefort le nomme leonurus perennis Africanus, sideritis folio, flore phæniceo majore, & le place dans la seconde section de la quatrième classe des herbes à fleur d’une seule pièce irrégulière, dont la lèvre supérieure est creusée en cuiller. Von Linné l’appelle phlomis leonurus, & le classe dans la dydinamie gymnospermie.

Fleur. Labiée & d’une seule pièce, la supérieure beaucoup plus longue que l’inférieure, divisée en trois ; quatre étamines, dont deux plus grandes & deux plus courtes, un seul pistil ; le calice à découpures, alternativement plus longues & plus courtes, & au nombre de dix.

Fruit. Quatre semences oblongues a trois côtés, renfermées dans le calice.

Feuilles. Entières, en forme de lance, dentées en manière de scie.

Racines. Très-fibreuses.

Port. Arbrisseau de deux à trois pieds de hauteur, à tiges quarrées, branchues ; les fleurs rangées autour des tiges comme celles de l’ortie blanche ou lamier, rassemblées ; ces touffes diminuent de grandeur, à mesure que la tige s’élève ; ses fleurs sont de la couleur du tabac d’Espagne, mais un peu plus rougeâtres, plus veloutées.

Lieu. L’Afrique, le Cap de Bonne-Espérance. L’arbuste fleurit deux fois l’année, au printemps & en automne, & reste en fleurs pendant long-temps.

Propriétés. D’aucun usage en médecine, mais cet arbuste est des plus pittoresques, & pare singulièrement un jardin. L’orangerie lui suffit dans les provinces du midi, & même il passe bien l’hiver dans une chambre, pourvu qu’il ne gèle point ; il craint singulièrement l’humidité dans cette saison.

Culture. Chaque année l’arbuste doit être changé de pot, parce que ses racines en occupent bientôt toute la capacité ; il demande une terre substantielle, forte, & mêlée au terreau : si on ne lui donne que du terreau, il faut l’arroser trop souvent. Chaque rameau détaché du tronc & mis en terre à l’ombre, arrosé au besoin, pousse promptement des racines ; de manière qu’un rameau mis en bouture à la sortie de l’orangerie, est, dans les provinces du midi, en état d’être levé de terre en juin ou juillet, & de fleurir dans la même année si on l’a planté un peu fort. Ses graines mûrissent difficilement, même dans nos provinces du midi ; on l’a appellé queue de lion à cause de sa couleur & à cause de la disposition de ses fleurs.