Cours d’agriculture (Rozier)/FILIPENDULE

Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 638-639).


FILIPENDULE. M. Tournefort la classe dans la septième section de la sixième classe, qui comprend les herbes à fleur de plusieurs pièces régulières, disposées en rose, & dont le pistil devient un fruit composé de plusieurs semences rangées en manière de tête : il l’appelle filipendula vulgaris. M. von Linné la nomme spiræa filipendula, & la classe dans l’icosandrie pentagynie.

Fleur, composée de cinq à six pétales égaux, ovales, B en représente un, C représente les étamines, leur situation & leur cinq pistils, dont on voit la forme en D ; le calice E qui renferme cette fleur, est d’une seule pièce & varie dans ses divisions.

Fruit F, formé de plusieurs capsules, dont le nombre varie de sept à douze ; chaque capsule renferme une seule semence G, rude & aplatie.

Feuilles ailées, découpées profondément, dentelées uniformément & d’un vert foncé.

Racine A, fibreuse, tubéreuse, composée de petits grains ronds, charnus, qui paroissent disposés sur un filet, comme les grains d’un chapelet.

Port. La tige s’élève ordinairement de douze à dix-huit pouces, cannelée, branchue, feuillée, presque ligneuse ; les fleurs blanches naissent au sommet, disposées en une espèce d’ombelle ; les feuilles sont alternativement placées sur les tiges.

Lieu ; les prés secs ; la plante est vivace, fleurit en mai, juin & juillet.

Propriétés. Les feuilles inodores, d’une saveur austère ; racine aromatique, d’une saveur un peu austère, un peu amère ; la racine de cette plante a été fort recommandée pour suspendre les diarrhées avec relâchement ; la dyssenterie bénigne, les fleurs blanches, dans l’asthme humide, pour la résolution des tumeurs scrophuleuses. Ces propriétés sont-elles bien décidées ? M. Hall assure que des personnes qui avoient mangé de ces racines, soit crues, soit bouillies, étoient mortes après des convulsions horribles. Il se peut très-bien que leur eau de végétation soit aussi dangereuse que celle de la bryone, du manioc, ou cassave d’Amérique ; mais il résulte des belles expériences de M. Parmentier, que cette racine contient de l’amidon, & que lorsqu’on l’a extrait, cet amidon peut faire de la bouillie & du pain, l’un & l’autre très-sains.

Usage. On donne la racine sèche depuis demi-once jusqu’à une once, en macération au bain-marie dans six onces d’eau, les feuilles récentes depuis demi-once jusqu’à deux onces en infusion dans cinq onces.