Cours d’agriculture (Rozier)/EXPECTORANT

Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 420-421).


EXPECTORANT. On nomme ainsi les remèdes ordonnés dans la vue d’aider, ou de procurer l’expulsion des matières qui invisquent la poitrine.

On les divise en incisifs & incrassans. Les premiers, en atténuant les matières, font qu’elles offrent moins de résistance à l’action de l’air, qui dès-lors devient propre & suffisant pour les détacher, & les amener avec lui.

Les autres, en enveloppant les matières âcres & tenues d’une espèce de mucilage, émoussent & arrêtent d’une part, leur action contre les parois des vésicules, & des bronches qui sont pareillement enduites du même mucilage, capable de les défendre contre l’acrimonie des matières ; & de l’autre, ils donnent du corps aux crachats trop tenus, en-sorte qu’ils offrent assez de surface à l’action de l’air, & peuvent recevoir ses impressions, & être chassés par l’expectoration.

En général, les expectorans incisifs & incrassans sont indiqués dans toutes les maladies qui attaquent le poumon, & les autres organes de la respiration, telles que la péripneumonie, la pleurésie, le catarre, l’asthme sec & humide, l’hémophtysie & la phtysie.

En faisant attention aux cas où ils sont indiqués, on comprend aisément ceux où ils sont contre-indiqués. Les expectorans incisifs sont tirés des trois règnes de la nature.

Le règne végétal nous fournit la camphrée de Montpellier, le lierre terrestre, le benjoin, le capillaire, la bourrache, le vélar ou tortelle, &c.

Le règne animal nous donne le blanc de baleine, le miel.

Le règne minéral nous offre le soufre, & ses différentes préparations, le kermès minéral.

Les expestorans incrassans sont plus nombreux, ils sont presque tous pris du règne végétal. Dans le nombre, nous compterons les racines de réglisse, de guimauve, de tussilage, de rave, de navet ; les fleurs de mauve, de guimauve, de bouillon blanc, de violettes ; la gomme arabique, la gomme adragant ; les semences mucilagineuses ; le sucre candi, le sucre d’orge, les tablettes, de guimauve, l’huile d’amande douce, celle de lin ; les différens sirops, tels que ceux de violette, d’érésimum, de bourrache, de tussilage, &c.

Le règne animal quoique peu fertile, nous donne la tortue, les grenouilles, les limaçons, les œufs, le lait d’ânesse, celui de jument.

Nous ne devons pas oublier le riz, le gruau, l’orge, l’avoine, dont les préparations sont si recommandées & si utiles dans le traitement des maladies de la poitrine ; nous les devons au règne végétal. M. AM.