Cours d’agriculture (Rozier)/ENVELOPPE

Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 237-239).


ENVELOPPE, Botanique. Ce mot désigne, en botanique, non-seulement les organes des plantes qui défendent & recouvrent le pistil & les étamines, mais encore ceux que l’on remarque autour du bouton, du fruit & des semences. La nature, toujours sage dans ses vues n’a pas voulu exposer d’abord les parties les plus délicates & les plus essentielles de la plante, celles de la reproduction. Mille accidens divers, l’intempérie des saisons, le passage subit du froid au chaud, devoient nécessairement les faire périr, si la nature n’y avoit pourvu essentiellement en les garnissant, pour ainsi-dire, d’un habillement propre à chaque partie. Aussi voyons-nous que l’enveloppe de la fleur, celle du bouton & celle de la semence ne sont pas les mêmes. En les examinant de près, en les analysant, nous remarquerons facilement cette différence, & nous ne pourrons nous empêcher d’admirer la sagesse & l’intelligence qui ont préside à leur tissu.

L’enveloppe de la fleur est cette partie la plus intérieure, celle qui enferme immédiatement le pistil & les étamines ; c’est la corolle proprement dite. La fonction de protéger ces organes, de veiller sur leur développement, & de les mettre à l’abri des corps extérieurs qui pourroient ou les blesser ou les altérer, la distingue essentiellement du calice qui à son tour enveloppe la corolle, (Voyez les mots Calice & Corolle) La corolle doit présider à l’hyménée de la plante, c’est le lit nuptial où doit se consommer le grand acte de la reproduction végétale. Tout rappelle une si glorieuse destination ; tout ce que la nature a de plus brillant & de plus riche en couleur, elle l’a prodigué à cette partie. Sa beauté & son éclat annoncent une fête. Tant que le pistil & les étamines sont dans l’enfance, la corolle n’est pas encore enrichie de tous ses atours ; le jour indiqué n’est pas arrivé, mais, à mesure qu’ils se fortifient & que l’instant approche, la corolle se revêt plus richement ; le vert tendre ou le blanc jaunâtre qu’elle avoit auparavant, se colore de plus en plus, & prend des couleurs décidées, ou des nuances les plus variées & les plus agréables. Enfin, la corolle s’entrouvre au moment où le pistil & les étamines ont acquis la force & la vigueur nécessaires pour consommer la reproduction. Tout est fini pour elle, les vues de la nature sont remplies, ses soins sont superflus ; aussi périt-elle bientôt après. On peut consulter le mot Corolle, sur les avantages divers que la plante en retire en général.

L’enveloppe du bouton n’est pas moins admirable ; le bouton, comme on peut le voir à ce mot, est toute la plante entière en miniature ; tiges, feuilles, fleurs, le microscope y retrouve tout : cet enfant précieux est le germe qui doit reproduire un jour une infinité de plantes semblables. Mais l’état de foiblesse & de délicatesse où il est, mérite tous les soins de la nature ; aussi l’a-t-elle enveloppé de plusieurs écailles, qui le recouvrent d’un duvet qui le tient chaudement, & d’un suc visqueux qui réunit toutes les parties les unes avec les autres, & empêche l’eau des météores de pénétrer jusqu’au centre. (Voyez les mots Bouton & Écailles)

Le fruit renferme le précieux dépôt de la semence, la graine ; mais la graine est ordinairement un corps dur & sec ; il ne demande pas autant de précaution pour être conservé, & ne court de vrais dangers qu’avant sa maturité, par les accidens qui pourroient détacher la graine du cordon ombilical, & l’empêcher, par conséquent, de mûrir. Le péricarpe (Voyez ce mot) remplit ce double objet : composé lui-même de plusieurs membranes, dans lesquelles se perfectionnent les sucs nourriciers, il transmet à la graine les principes nécessaires à la formation & à son accroissement, en même temps que, par son épaisseur, sa dureté ou sa rigidité, il la défend du vent, des pluies, des insectes & des oiseaux qui la dévoreroient.

Une observation ou la considération des enveloppes peut conduire, c’est de remarquer, en général, que tout ce que la nature produit a une fin particulière ; que dès que cette fin est remplie, l’instrument qu’elle a employé périt bientôt après. La fécondation faite, la corolle se fane & tombe, le bouton développé, les écailles se détachent ; la graine mûre, le péricarpe se dessèche & s’entrouvre. C’est ainsi que, par une marche, une succession continuelle, tout renaît, se développe & périt dans le règne végétal, & chaque instant de sa vie est marqué par l’utilité. Heureux l’homme qui en mourant peut dire : chaque instant de ma vie a été utile, mes jours sont pleins, je puis mourir, puisque j’ai rempli toute la tâche dont j’ai été chargé ! M M.