Cours d’agriculture (Rozier)/DISTRIBUTION DES BRANCHES

Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 37).


DISTRIBUTION DES BRANCHES. Du moment que l’homme a eu la manière de réduire la végétation des arbres à la captivité, de donner à leurs branches une forme symétrique & agréable à la vue, il a été forcé à l’étude des loix de la végétation. L’expérience, après un grand nombre de siècles, a enfin démontré, que toute branche perpendiculaire s’emporte, que la sève y monte avec impétuosité, que le cours de cette sève s’établissant avec rapidité dans un seul endroit, absorbe celle des branches voisines, peu à peu elle les appauvrit, & finit par leur dérober toute leur subsistance ; enfin, que si on fait incliner cette même branche gourmande sur l’angle de quarante-cinq à cinquante degrés, elle cessera de nuire aux autres, & finira par devenir branche à fruit.

On a encore reconnu que les branches d’un arbre disposé en espalier, devoient conserver une espèce d’équilibre entr’elles, & que, sans cette précaution, si un des côtés de l’arbre se fournit d’un plus grand nombre de mères branches que l’autre, ce dernier périra. De l’équilibre des branches dépend celui des racines : elles sont toujours maigres & chétives du côté maigre en branches. On ne craint pas d’avancer que tout l’art de la taille dépend en général de ces deux principes fondamentaux, qui seront discutés plus au long dans la suite de cet ouvrage.