Cours d’agriculture (Rozier)/CORALINE ou HELMINTHOCHORTON

Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 485).


CORALINE ou HELMINTHOCHORTON. C’est le meilleur vermifuge connu ; il résulte de l’excellent Mémoire de M. de la Tourrette, imprimé dans le Journal de Physique, sept. 1782, que cet individu n’appartient point au règne animal, & par conséquent que ce n’est point une coraline, mais une véritable plante, qui croît sur les rochers de Corse, baignés par la mer : elle y adhère, comme une mousse distribuée en buisson, par petites touffes de la hauteur d’un pouce, environ ; sa couleur dominante est fauve, passant quelquefois au gris, avec une teinte rougeâtre. Lorsque l’helminthochorton est desséché, tel qu’on le trouve dans le commerce, il est cassant, répand une forte odeur de marée ; mais par la combustion, il ne donne aucun principe volatil, il exhale une simple odeur végétale, semblable à celle d’un fragment d’herbe ou de bois, qui, après avoir long-temps trempé dans l’eau de la mer, auroit été desséché & brûleroit : si on le met dans l’eau, bientôt il se dilate en tout sens, toutes ses parties se développent, & l’on reconnoît facilement que c’est une plante du genre des fucus, & doit être appelée fucus helminthochorton. On l’emploie, avec le plus grand succès, contre les vers lombricaux ; mais les deux espèces de tænia, c’est-à-dire, le ver solitaire & le ver cucurbitain lui résistent, & il ne paroît avoir aucune action contre les vers ascarides. On le prescrit en poudre ou en décoction. On vend dans les boutiques, une espèce nommée coraline, qui appartient réellement au règne animal, & qui, quoique vermifuge, est très-inférieure, par ses effets, à la plante dont nous parlons.