Cours d’agriculture (Rozier)/CLOU ou FURONCLE

Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 410-411).


CLOU ou FURONCLE. Le clou ou furoncle est une tumeur ronde, qui s’engendre sous la peau ou dans la graisse ; elle est accompagnée de chaleur & de douleurs très-vives ; sa grosseur n’excède pas ordinairement le volume d’un œuf de poule.

Le clou croît indistinctemment sur toutes les parties du corps.

Le clou commence par une petite marque rouge, qui s’élève un peu, & qui croît à la grosseur que nous venons d’indiquer. La partie rouge du milieu s’élève en pointe, perce & répand de la sanie, du sang & du pus. Jamais la totalité du clou ne suppure ; le reste de la tumeur se termine par résolution : la pointe seule suppure, quand elle s’ouvre ; il en découle une portion gélatineuse, qu’on nomme noyau ou bourbillon, qui sort avec difficulté, & qui est encore suivie de sang & de pus.

Le clou est une crise de la nature, qui tend à se débarrasser des matières putrides qui lui nuisent ; & le sang dépose ces matières aux extrémités du corps, comme les fleuves qui, en roulant leurs eaux, déposent les immondices sur le rivage.

Le traitement du clou est des plus simples. Dans le temps de la chaleur, il faut appliquer dessus des cataplasmes émolliens, & un oignon cru, coupé par morceaux. Lors de la suppuration, il faut aider la sortie du bourbillon, en faisant une ouverture ; bassiner la plaie avec de l’eau tiède, purger le malade, de peur qu’il ne reparoisse d’autres clous, & éviter surtout les emplâtres & les onguens, qui ne font qu’irriter le mal, le rendre plus long, & le font quelquefois dégénérer en ulcère de mauvais genre. M. B.

Clou ou Furoncle, Médecine vétérinaire. C’est une tumeur dure, circonscrite, de la grosseur d’une noix, accompagnée de chaleur & de douleur, qui paroît sur les tégumens des bêtes à laine, & qui grossit jusqu’au temps où la suppuration commence à se former.

Il est très-possible, au commencement de la maladie, de la prendre pour le charbon, si l’on ne fait attention à l’intensité des symptômes qui accompagnent ce dernier, & à ses accidens. (Voyez Charbon des Moutons)

Le clou n’est point dangereux, surtout s’il est traité de la manière suivante.

Traitement. Dès qu’il commence à paroître, il faut s’attacher à le conduire à suppuration. Pour cet effet, on doit couper la laine à l’endroit où siége la tumeur, & appliquer, sur la partie la plus élevée, un plumaceau chargé d’onguent basilicum, & continuer cette application jusqu’à ce que la suppuration soit établie. À cette époque, on plonge le bout d’un canif dans l’abscès, en ayant soin de presser doucement les parois de l’ulcère, pour en faire sortir le bourbillon. L’ulcère étant bien évacué, il faut le panser seulement avec des plumaceaux d’étoupes cardées, jusqu’à parfaite cicatrisation, en observant de laver la plaie, à chaque pansement, avec du vin chaud contenant du sel marin ou du sel ammoniac.

On ne sauroit trop s’élever contre les maréchaux qui font usage, dès l’apparition de quelques gros boutons ou clous sur le corps d’un cheval ou d’un mulet, des astringens les plus forts & les plus énergiques, tels que le vitriol, les acides végétaux & minéraux, &c. Une expérience malheureuse ne devroit-elle pas leur apprendre que l’emploi de ces substances est presque toujours dangereux entre leurs mains ? M. T.