Cours d’agriculture (Rozier)/CERCEAU, CERCLE

Hôtel Serpente (Tome secondp. 632-633).


CERCEAU, CERCLE. Ce dernier mot, emprunté de la géométrie, & pris pour le premier, n’est pas admissible dans la langue ; mais l’usage journalier a prévalu de manière qu’en agriculture & dans le commerce, tous les deux sont employés pour exprimer cette partie de bois dont on se sert pour relier les cuves, les tonneaux & les barriques ; & les meilleurs cerceaux sont ceux faits en bois de châtaignier ; après eux les cerceaux de frêne, de saule-marceau, de tremble, de noisetier, de peuplier, & enfin de saule. La rareté des bois a forcé de recourir à ces expédiens. Les cerceaux périssent toujours par l’écorce & par l’aubier. Ils sont piqués des insectes, qui y déposent leurs œufs, d’où il sort de petits vers. Jusqu’à ce que ces vers se métamorphosent en insectes ailés, il faut qu’ils vivent, & c’est aux dépens de l’aubier qu’ils environnent ; l’écorce reste intacte ou presque intacte. Lorsque la cave ou le cellier sont humides, cette sciure de bois s’imprègne d’eau & le cerceau pourrit, enfin il éclate. Les propriétaires assez heureux pour avoir du bois propre à la fabrication des cerceaux, & qui en ont besoin pour leurs vaisseaux vinaires, feront très-bien de choisir pour leur usage ceux tirés du cœur du bois, ou du moins de les faire écorcer, & avec la plane, d’enlever l’aubier. De pareils cerceaux en châtaignier dureront dix fois autant que les autres.

Il est prudent, & très-prudent, de faire cette observation pour les cerceaux destinés aux cuves. La plus petite réparation à y faire entraîne ensuite dans de grandes dépenses. Au mot Cuve, nous entrerons dans de plus grands détails.

L’usage des cerceaux est indispensable pour les arbres que l’on se propose de tailler en buisson. (Voyez Buissonnier) C’est le moyen le plus aisé de faire prendre aux branches de l’arbre la forme de gobelet, telle qu’on la desire : mais prenez garde que le bois du cerceau ne presse trop fortement contre la branche tendre de l’arbre ; son écorce seroit bientôt meurtrie, & une pression un peu vive prive la sève des moyens de circuler avec aisance. Il en est de même quand la ligature qui assujettit la branche la serre trop fortement. La branche grossira, & si le lien ne prête pas, il pénétrera dans l’écorce ; la sève ne pouvant descendre des branches aux racines, & monter facilement des racines aux branches, formera un bourrelet en dessus & en dessous du lien, & même le cachera & le recouvrira entièrement, &c.