Cours d’agriculture (Rozier)/CASSER, CASSEMENT

Hôtel Serpente (Tome secondp. 591-592).


CASSER, CASSEMENT. Mots, pour ainsi dire, introduits dans la pratique du jardinage par M. l’abbé Roger Schabol. Il s’explique ainsi : Casser, c’est rompre & éclater à dessein, un rameau de la pousse, ou une branche de la pousse précédente, en appuyant avec le pouce sur le tranchant de la serpette. Ce cassement doit être fait environ à un demi-pouce de l’endroit où le rameau qu’on casse a pris naissance, directement au-dessus de ce qu’on appelle les sous-yeux. En cassant de la sorte à la fin de Mai jusqu’à la mi-Juin, & par-delà encore, on est assuré que des sous-yeux il poussera infailliblement ou une lambourde, ou une brindille, ou des boutons à fruit (voyez ces mots) pour les années suivantes, & quelquefois toutes ces trois choses à la fois à un même arbre ; mais ce cassement n’a lieu communément que pour les arbres à pepins.

Si l’on coupe au lieu de casser, la sève recouvre la plaie, & il repousse une nouvelle branche ou de nouveaux bourgeons, qui forment ce qu’on appelle des têtes de saule, ou des toupillons de petites branches qui défigurent & épuisent l’arbre. Mais quand on casse, ainsi qu’il vient d’être dit, alors les coquilles ou les fragmens qui restent, empêchent la sève de recouvrir, & les sous-yeux s’ouvrent pour donner ou une lambourde, ou une brindille, ou des boutons à fruit.

Casser, c’est encore l’action de supprimer le bout d’une lambourde.

Le cassement a lieu quelquefois à l’égard de certains bourgeons, & des gourmands en bien des occasions ; mais il faut être très-réservé pour l’employer à propos, non-seulement dans ces occasions, mais dans celles dont on vient de parler. Quelqu’un qui casseroit trop, seroit sûr d’avoir une prodigieuse quantité de fruits ; aussi ses arbres seroient bientôt épuisés.