Cours d’agriculture (Rozier)/CASCADE

Hôtel Serpente (Tome secondp. 590-591).


CASCADE. Chûte d’eau, soit naturelle, soit artificielle, par nappe ou par grandes ou par petites masses. Heureux le cultivateur qui peut en avoir une dans ses possessions ! Elle suppose une certaine hauteur, & par-conséquent, une distribution facile & abondante des eaux pour l’irrigation de ses prairies, de ses jardins, & même de ses champs, s’il habite nos provinces méridionales. Qu’elle soit en même-tems un objet de décoration, rien n’est plus naturel ; mais que l’eau n’ait pas l’air captive & gênée dans sa marche ; si l’art concourt à diriger sa course, qu’il soit si bien caché qu’on le prenne pour l’effet de la nature. Il ne faut ni rampes en marbre blanc, noir ou varié, ni ornemens de glaçons, de rocailles tirées au cordeau, ni coquillages factices, ni vases, ni figures, ni tous ces colifichets dont on les surcharge dans les parcs des grands Seigneurs. Celui qui les y considère pour la première fois, admire la difficulté vaincue ; peu à peu son admiration baisse, s’évanouit, & il finit par regarder avec indifférence l’ouvrage de la main de l’homme. Au contraire, combien de fois reviendra-t-il avec un plaisir toujours nouveau, penser, réfléchir, rentrer en lui-même auprès d’une eau, qui, sans gêne, sans entraves, se précipite d’un rocher sur un autre ; la fraîcheur du lieu, la verdure qui l’accompagne, le bruit non interrompu de cette eau ; tout, en un mot, lui inspire des idées si douces, si variées, qu’il s’en éloigne à regret.